Le tai chi traditionnel est un art martial. Quelques femmes s’y mettent aussi. Parmi elles, Sita Kafando, la maîtresse du temple. Queen Mafa est allée à la rencontre de cette passionnée de tai chi. C’est une dame forte, courageuse, très dynamique et peu bavarde que nous vous invitons à découvrir…
C’est habillée en champao (kimono) noir blanc, un foulard noir noué sur sa tête et toute souriante, que Sita Kafando nous accueille au temple. Du haut de ses 1, 56 m , elle salue, les mains croisées sur la poitrine, les doigts pointés vers le ciel. C’est un signe de respect.
Sita Kafando aime bien le tai chi. Le tai-chi-chuan ou tai chi ou encore taiji quan est un art martial chinois qui a pour objet, le travail de l’énergie appelée chi. Il vise à réaliser un ensemble de mouvements continus et circulaires exécutés avec lenteur ou rapidité mais, avec précision. Chaque mouvement, chaque geste a un sens et un rôle bien précis. Il comporte aussi une dimension spirituelle.
« C’est vraiment un art martial fantastique. Même si tu as un mauvais tempérament, le tai chi apaise et change ta personnalité», s’exclame-t-elle. Rien ne se fait au hasard. La chorégraphie qu’elle exécute en dit long sur son talent. « L’apprentissage doit être permanente et régulière pour plus de performance », précise Sita Kafando.
Native de Dédougou, d’un père militaire et d’une mère ménagère, Sita a eu une enfance normale. Elle fait le primaire à l’école du camp primaire de Dédougou et à l’école de Dori C. Puis, elle fréquente le lycée provincial de Dori et de Kaya. A cette époque, Sita Kafando ne pratiquait pas encore le tai chi. « On regardait juste à la télé et on imitait les pas, les cascades, les positions », dit-elle.
C’est lors d’un casting de films que Sita découvre le temple. Au départ, elle venait pour déposer sa petite sœur pour un casting de film. Arrivée sur les lieux, Sita kafando tombe sous le charme de cet espace un peu particulier : décor artistique, planches de bambou, les tabourets de pneus, images et dessins de dragons et de panthères, le tatami, le fauteuil du maître, etc. Intriguée, elle se renseigne sur la structure. Sa petite sœur lui fait savoir que c’est un temple destiné aux arts martiaux.
Ainsi est née sa motivation pour le tai chi. Aujourd’hui, âgée de 42 ans, Sita Kafando, mère de sept enfants, passe toute sa journée au temple.
« Ils m’ont surnommée la maîtresse du temple »
Elle décide aussi de faire le même casting et par la suite, obtient une formation en cascades cinéma. Depuis ce jour, elle y travaille tout le temps, du lundi au dimanche, de 8h30 à 21h. Elle s’occupe de tout ce qui se trouve dans le temple, la propreté, les renseignements, les encadrements. « C’est pourquoi, ils m’ont surnommée la maîtresse du temple », explique-t-elle.
C’est toujours avec le sourire que Sita accueille les visiteurs et leur explique ce qu’est l’art martial. Séduites par son comportement, certains s’inscrivent immédiatement. D’autres reviennent pour eux-mêmes ou pour leurs femmes. « Je ne me précipite pas trop quand quelqu’un parle, se fâche ou veut quelque chose. Je me calme et je montre à la personne ce qu’il y a et on se comprend. J’aime les gens. Ils viennent s’asseoir et on cause de la vie », raconte-t-elle.
Cela fait trois années que Sita pratique le tai chi. Présentement titulaire d’une ceinture rouge, la maîtresse du temple ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle nourrit encore de grandes ambitions. « Je voudrais atteindre le niveau de maître », a-t-elle déclaré.
Sita Kafando a choisi de perpétuer la tradition du tai chi. En effet, Bénédicte Olivia Koné, sa fille a emboîté ses pas. Elle fait le kung fu shaolin dans ce temple.
Brillante élève, elle a joué la petite Yennenga avec Iron Biby au cours de la cérémonie d’ouverture du Fespaco 2021, sur invitation du chorégraphe Serges Aimé Coulibaly. Voir sa fille faire un tao avant qu’Iron Biby n’entre en scène était pour elle, une grande fierté. La relève est donc assurée.
Françoise Tougry Ouédraogo