Au Burkina Faso, de nombreuses personnes sont réticentes à donner leur sang à cause des préjugés. Mais ce qu’elles ignorent, le don de sang a beaucoup de bienfaits pour l’organisme humain. Madame Aminata Kouldiaty Sana, agent de santé au Centre national de Transfusion sanguine (CNTS), nous aide à démêler le vrai du faux.
Qui peut donner le sang ?
Pour donner son sang, il faut réunir trois conditions générales. D’abord, il faut avoir 18 ans, ensuite peser au moins 50 kg et enfin être en bonne santé apparente. C’est-à-dire être en forme et non maladive. Après 60 ans, on ne peut plus donner son sang car l’âge est compris entre 18 et 60 ans.
Quelles sont les différentes étapes du don de sang ?
La première étape est l’accueil du donneur, l’enregistrement avec la pièce d’identité (passeport, permis de conduire, CNIB, carte scolaire) sur les fiches, la prise du poids et la tension. Puis, la deuxième concerne l’entretien pré-don avec un agent sur un questionnaire pour confirmer l’aptitude de la personne. Ensuite, nous avons le prélèvement du sang et de surveillance, le maintien de la forme pour rétablir la baisse de glycémie chez certains donneurs.
Quelle quantité de sang prélève-t-on ?
Lors du don, nous prélevons maximum 8 ml par kg sans dépasser 450 ml. Les femmes donnent chaque quatre mois et les hommes chaque trois mois, soit respectivement trois dons par an pour les femmes et quatre pour les hommes.
» Le plus grand impact est la satisfaction d’avoir sauvé une vie même si on ne connaît pas ce dernier «
Quels sont les avantages du don de sang ?
Le don de sang est bénévole, anonymat et volontariat. Le plus grand impact est la satisfaction d’avoir sauvé une vie même si on ne connaît pas ce dernier. Un rendez-vous est donné donné au donneur pour les résultats.
Y a-t-il des effets secondaires après avoir donné son sang ?
En général, il n’y a pas d’effets secondaires. D’un donneur à un autre, il peut y avoir des petits malaises. C’est pourquoi nous faisons un suivi après le don.
« La vente de sang est punie par la loi »
Certaines personnes pensent que le sang se vend. Est-ce vrai ?
Non. Le sang est donné gratuitement et nous le transfusons gratuitement aux malades. Le sang est gratuit. La vente de sang est punie par la loi. Que celui qui achète du sang exige un reçu! Les examens de sang réalisés avant la transfusion sont facturés dans les hôpitaux et pas la poche de sang qui est vendue.
Où peut-on donner son sang ?
On peut le faire au niveau des Centres régionaux de Transfusion sanguine (CRTS) à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et Fada et les dépôts préleveurs-distributeurs de produits sanguins (DPD-PS) à Ouahigouya, Kaya, Dédougou, Gaoua et Dori.
Le CRTS de Ouagadougou a deux sites de prélèvements dont un situé à Paspanga, non loin de l’hôpital Yalgado et un deuxième situé dans la commune de Komsilga, non loin de l’hospital de Tengandogo.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
L’une des difficultés est la mauvaise opinion des gens sur le sang. Malgré les sensibilisations que les agents de santé font sur le terrain, la population n’a toujours pas compris pourquoi donner le sang. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, même si 1% de chaque population donnait son sang, nous n’aurions pas un manque de sang.
Nous n’arrivons pas souvent à satisfaire la demande en sang. Nos plus grands donneurs sont les élèves, les étudiants et les forces de défense et de sécurité. Pendant les vacances qui sont les périodes difficiles, nous sollicitons la contribution du monde communautaire et l’appui des associations donneurs de sang.
« Par jour, nous enregistrons 40 à 50 dons »
La carte de donneur, qu’est-ce que c’est ?
La carte de donneur est attribuée à un donneur ayant fait au moins trois dons. Cette carte enregistre les informations personnelles et permet de venir en aide à une personne en manque de sang ou aider la personne elle-même en cas de besoin. Par jour, nous enregistrons 40 à 50 dons. Il y a des donneurs qui reçoivent des encouragements au titre de leur bravoure.
Quelles sont les attentes du CNTS ?
Chacun à sa manière peut participer en sensibilisant les autres à donner leur sang si on est soi-même dans une incapacité de donner. Comme les associations et collectifs, SOS est en partenariat avec le CNTS et aide beaucoup dans la sensibilisation et l’organisation des collectes.
Donner son sang, c’est sauver une vie. Mais, c’est plus qu’une vie parce qu’il y a des malades qui ont besoin de plasma, de plaquettes et de globules rouges. La seule poche contient ses éléments et une poche de sang peut sauver trois vies.
L’Etat met tout en œuvre pour que nous ayons les matériels. Nous lançons donc un appel à une prise de conscience surtout lors des attaques terroristes qui surviennent et pendant la saison hivernale.
Entretien réalisé par Fatim Korogo, stagiaire