Le 16 juin 2020 marque la commémoration conjointe de la 30e édition de la journée de l’enfant africain et du 30e anniversaire de la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant africain. A cette occasion, la Ministre de la famille, Marie Laurence Ilboudo/Marchal a adressé un message aux acteurs du domaine de l’enfance. Voici le contenu de son message.
Depuis 1991, l’Union Africaine commémore, chaque année, la Journée de l’Enfant Africain en mémoire du massacre, le 16 juin 1976, des étudiants de Soweto, en Afrique du Sud. Il s’agit pour les nations africaines, à cette occasion, de se remémorer ce douloureux évènement, de faire l’état des lieux de la mise en œuvre des droits de l’enfant sur le continent et de réfléchir sur les perspectives y relatives.
Cette année, la commémoration est placée sous le thème : « Assurer l’accès à un système judiciaire mieux adapté aux enfants en Afrique ».
Pour l’Union Africaine, un système de justice adaptée à l’enfant est un système de justice accessible, adapté à l’âge de l’enfant, rapide, diligent et axé sur les besoins et les droits de l’enfant notamment le droit à une procédure régulière, le droit de participer à la procédure et de la comprendre, le respect de la vie privée et familiale ainsi que le droit à l’intégrité et à la dignité. Ce type de système judiciaire requiert que les enfants qui entrent en conflit avec la loi soient traités d’une manière respectueuse de leur condition d’enfant. Dans ce cadre, la détention d’un enfant doit toujours être utilisée comme une mesure de dernier recours pour une durée qui soit la plus courte possible. Pour ce faire, des alternatives à la détention ainsi que des services de réadaptation et de réinsertion pour les enfants doivent être utilisées.
Au Burkina Faso, la célébration de l’édition 2020 de la Journée de l’Enfant Africain se fait conjointement avec celle du trentième anniversaire de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant. L’événement est placé sous le parrainage de Monsieur Bessolè René BAGORO, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et a pour thème : « assurer l’accès à une justice adaptée aux enfants dans un contexte de crise sécuritaire au Burkina Faso ».
La problématique de l’accès à la justice, et singulièrement de l’accès des enfants à une justice adaptée, se pose avec acuité dans notre pays. En effet les données des services de sécurité font le constat de la hausse des actes de violation de la loi impliquant des enfants ces dernières années dans notre pays (consommation de stupéfiants, braquage, cambriolage, coups et blessures, recels…). Aussi de nombreux enfants sont victimes de violences diverses (traite, exploitation par le travail, exploitation sexuelle, mariage d’enfant, excision, maltraitance…) nécessitant une réparation des préjudices subis.
De plus, l’insécurité liée aux attaques de groupes armés favorise le recrutement d’enfants par ces groupes les exposant à des poursuites judiciaires au regard des actes criminels qu’ils sont amenés à perpétrer.
La prise en compte de la spécificité de l’enfant dans le système judiciaire a toujours été une préoccupation majeure pour les plus hautes autorités du Burkina Faso. A ce niveau, la volonté politique s’est très vite manifestée aux lendemains de l’accession à l’indépendance de notre pays avec la mise en place d’une justice pour mineurs à travers l’adoption, le 09 mai 1961, d’une loi relative à l’enfance délinquante ou en danger. En 2019, et pour mieux adresser la problématique de l’accès à une justice adaptée aux enfants, le Burkina Faso a adopté, à la suite d’autres lois, celle du 02 mai 2019 portant organisation judiciaire afin d’améliorer l’efficacité de cette justice pour mineurs.
Au plan international et régional, l’engagement du Burkina Faso s’est manifesté par la ratification de plusieurs instruments juridiques relatifs aux droits de l’enfant dont notamment la Convention relative aux Droits de l’Enfant et la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant.
Malgré les efforts d’amélioration de notre cadre législatif relatif à la protection de l’enfant, le défi majeur qui demeure est celui de l’effectivité de la mise œuvre de ses droits surtout dans un contexte de crise sécuritaire.
C’est pourquoi, par le choix du thème de la présente édition, le Gouvernement du Burkina Faso, à travers le Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire, invite l’ensemble des acteurs de la protection de l’enfance à la réflexion mais surtout à l’action en vue d’une meilleure effectivité de ces droits.
Saisissant l’occasion de cette double célébration, mon département tient à saluer, une fois de plus, l’action de tous les partenaires techniques et financiers ainsi que celle de tous les acteurs qui, en dépit de la situation difficile que traverse notre pays, œuvrent inlassablement aux côtés du Gouvernement à l’amélioration de la condition des enfants.
Ensemble, œuvrons pour la protection de l’enfant en lui assurant un accès à une justice adaptée.