Larba Alimata Sawadogo, jeune femme handicapée physique s’est lancée dans l’élevage suite à une formation en entrepreneuriat initiée par la chambre de commerce de Ouagadougou. Une fois, au pied du mur, la réalité est toute autre. Pour gagner son indépendance financière, la jeune dame est confrontée à de nombreux obstacles et difficultés, mais refuse de baisser les bras.
Larba Alimata Sawadogo a fait ses études secondaires au lycée technique Charles Lavigerie de Ouagadougou. Son baccalauréat G1 en secrétariat entre les mains, en 2005, Larba Alimata poursuit ses études en transport et logistique où elle obtient son Brevet de Technicien supérieur (BTS).
Les difficultés pour décrocher un emploi se succèdent. Loin d’abandonner, elle continue d’enchaîner les stages. Le dernier en date est celui du guichet unique de la chambre du commerce de Ouagadougou, en 2015. Le stage fini, elle maintient les relations en passant de temps en temps, saluer les employés de ce service. Et c’est là que la chance va lui sourire.
« Un jour, je suis passée, j’ai vu des affiches au tableau. On recherchait des jeunes pour former en entrepreneuriat et je me suis inscrite. On nous a appelés pour le tirage au sort. C’est ainsi que j’ai été retenue pour la formation. Puis, j’ai opté pour l’élevage« , a-t-elle indiqué.
A l’issue de la formation en 2016, la chambre de commerce recommande les participants à certaines institutions financières de la place. Cependant, ces structures exigent des garanties en contrepartie du prêt. « Il était impossible pour nous, de commencer notre entreprise. On ne pouvait pas se permettre ce luxe. », précise-t-elle.
Aux dires de Larba Alimata, après un bon moment de silence, la chambre du commerce fait le constat selon lequel, sur 100 personnes formées, environ deux personnes réussissent à mettre en place leurs projets à cause des garanties.
Pour résoudre ce problème, la chambre de commerce organise une compétition de plan d’affaires. Seuls les diplômés bénéficient d’un financement équivalent à 2 550 000 francs. Or, ceux qui n’ont pas un niveau d’études élevé ont un plafond de financement à hauteur de 750 000 francs.
Un deuxième coup de chance pour Alimata. « Par la grâce de Dieu, j’ai été parmi les lauréats et j’ai eu le financement pour réaliser mon projet. Ma maman m’a donnée son terrain et je me suis lancée », explique-t-elle.
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Rappelons qu’à Ouaga, elle avait déjà des poulets dont elle prenait soin sans toutefois penser à en faire du commerce. Passionnée de l’élevage, elle saisit en 2020, l’opportunité qui lui est offerte pour faire le premier pas. Le 21 avril 2021, lendemain de la date marquant son anniversaire, elle s’installe définitivement à Saponé pour la réalisation de son projet.
Un choix difficile
Dès le début de son activité, la mère de Larba Alimata manifeste son inquiétude quant à l’aboutissement de ce projet, dans un village. En effet, les premières années ne sont pas faciles. Larba est traumatisée par les reptiles venimeux. Elle fait plus de pertes que de bénéfices.
Elle réalise alors, que son projet est plus difficile qu’elle ne l’imaginait. Le coût de production ne fait qu’augmenter. « Il y a trois ans, le sac d’aliments pour volailles coûtait 11 000 à 12 000 francs CFA. Actuellement, le sac d’aliments est passé à 17 500 francs. Ensuite, il faut régulièrement vacciner les poules », souligne-t-elle.
L’accès à l’eau potable est un autre problème. Sa ferme n’est pas équipée en forage et les points d’eau sont éloignés. « Pourtant, je suis une handicapée. Je boîte du pied droit. Donc, c’est compliqué pour moi, d’aller chercher l’eau. Je suis obligée de payer le bidon d’eau à 50 francs. Quand c’était les poussins, ce n’était pas un problème car ils boivent peu. Mais, quand ils grandissent, ils boivent beaucoup. Sans oublier les abreuvoirs et les mangeoires qu’il faut laver tout le temps. », clarifie-elle avec soupir.
A cela s’ajoute, la distance d’une trentaine de kilomètres entre Ouaga et Saponé qui constitue un frein à l’écoulement de sa marchandise et l’accès à une large clientèle. « Par exemple, quand tu approches les grilleurs à Ouaga, ils disent que Saponé est loin. Lorsque tu proposes d’envoyer par le car, ils disent qu’ils ont des fournisseurs », se désole-t-elle. Jusque-là, elle tient bon. Mais, pour combien de temps encore ?
Pour la jeune entrepreneure, l’activité ne nourrit plus son homme comme avant car tout le monde s’est lancé dans ce domaine y compris les fonctionnaires qui ont un salaire. « Si eux, ils font l’élevage et vendent avec leurs collègues, qui va payer pour nous qui vivons de cela ? Nous n’avons plus donc, notre place », confie-t-elle, d’une voix brisée.
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Afin de joindre les deux bouts, chaque matin, après les travaux de sa ferme, elle met à profit son temps pour gérer le petit cafétéria qu’elle a mis en place.
Souvent, dans le cadre des cérémonies, elle est sollicitée pour des mets locaux et africains, des plats européens, la commande de volaille et de bétail. Les livraisons se font à l’interne dans le village de Saponé et environnants ainsi qu’à Ouaga.
Bien que déterminée à réussir ce pari, sa bonne volonté à elle seule, suffira-t-elle ?
Françoise Tougry
Fabrice Sandwidi stagiaire