Être une femme sans mari est mal perçue dans certaines sociétés africaines. A cause de la pression sociale, des femmes célibataires se marient par contrainte juste pour avoir la sécurité et le respect social. Dans cette chronique, la journaliste Mariam Vanessa Touré analyse le mariage imposé aux femmes célibataires. Lisez-plutôt !
Hummm, Mariée, oui…mais, pas à tout prix !
Le mariage en Afrique est vu comme l’aboutissement d’une vie pour la jeune fille.
Dès le cap de l’adolescence franchi, le regard des parents, de la famille et de la société change envers elle. Les études occupent certes de plus en plus une bonne place dans ce cheminement, mais celles-ci une fois achevées se font rattraper par le mariage. Parfois au détriment du travail, qui lui, peut-être, relégué au second plan s’il se fait trop longtemps attendre : on dira à la jeune fille que le temps presse, sinon elle risque de finir « vieille fille ».
Hummm… La boutade, selon laquelle « ton premier mari, c’est ton travail » semble ne plus être d’actualité. La priorité aujourd’hui semble être…mariée, à tout prix ! Et restée mariée …quel qu’en soit le prix. Plusieurs raisons poussent la fille à se marier de nos jours : pour faire plaisir à sa famille, pour se conformer à la « norme » de la société, pour porter le nom de son futur époux, pour porter une belle robe de mariée, pour se rassurer, par conviction ou par religion.
Le titre « Madame » sous-entend la présence de quelqu’un à ses côtés, voire son cœur est pris, et suggère une respectabilité que celui de « Mademoiselle » exclut.
Hummm… C’est pourquoi, il n’est pas rare de voir des filles, à peine mariées, afficher fièrement leur nouveau statut : Touré/épouse Ouédraogo, Kaboré/épouse Diallo. Une fierté légitime certes, mais qui répond plus au regard de la société comme pour clamer à la face de celle-ci qu’elle n’est plus une demoiselle.
En effet, il existe déjà une discrimination vis-à-vis de la femme, car l’homme quel que soit son statut reste toujours « Monsieur ». Contrairement à la fille dont le statut est déjà exposé par cette distinction entre Madame et Mademoiselle. Des femmes mariées qui ont choisi, pour des raisons diverses, de garder leur nom de famille en savent quelque chose. Elles en prennent souvent pour leur grade. Alors, il est important pour cette société si classificatrice, d’afficher le « bon statut ».
Hummm… Dans une société où le mariage est presqu’un devoir voire une obligation pour certains et certaines, les femmes célibataires se voient bousculées, dénigrées parce que simplement elles n’ont pas été mariées. Ces femmes, même si elles ont une situation professionnelle et financière des plus enviables, font l’objet d’une pression sociale et ne restent que des célibataires…moins qu’une femme mariée aux yeux de la société.
Gare à elles si jamais elles osent dire que « mieux vaut être seule que mal accompagnée » ou « le mariage n’est pas une fin en soi ». On criera à l’aigreur et à la jalousie.
Entre moqueries de certaines femmes mariées pour qui, elles représentent un danger ou une menace, même celles qui pleurent toutes les nuits ou dorment seules bien que mariées, et des hommes sans vergogne qui pensent leur faire du chantage car convaincus qu’ils sont la dernière chance.
Hummm… Le célibat devient alors un lourd fardeau, pas forcément du fait de ne pas vivre en couple lorsqu’on est en âge d’être mariée, mais plutôt parce que la société pense que la femme célibataire est en manque…d’homme et ne mérite pas des égards. Rentrent alors en jeu, des prédateurs, des profiteurs, des matérialistes et des calculateurs. Attirés par l’argent ou le sexe ou les deux.
Hummm, Être sans mari ne veut pas dire être isolée, ni vivre seule. Encore moins malheureuse ni envieuse. Être sans mari, on vous juge sans vous connaître, on vous condamne sans connaître votre vécu ni votre ressenti. Et pourtant, il suffit juste d’une dose d’empathie pour éviter certains préjugés et la stigmatisation.
Il est temps que la société soit moins critique ou moins violente avec les femmes vivant seules (célibataires, divorcées ou veuves…). Car ce regard conditionne la vie de beaucoup de femmes, tiraillées entre un mariage à tout prix et rester dans un mariage quel qu’en soit le prix. Parfois au péril de leur vie.
Se marier ou vivre avec la personne qu’on aime est le rêve de toute fille. Mais la vie n’offre pas tout ce qu’on veut. Une fille célibataire est loin d’être celle qui a une mauvaise vie ou qui a raté sa vie.
Toutes les filles ne sont pas faites pour le mariage ou n’ont pas cette « chance ». Sinon Dieu lui-même allait créer le monde dans une parfaite équité homme/femme.
Hummm… La preuve, certaines filles font 2,3,4 mariages pendant que d’autres attendent un hypothétique premier mariage.
Le mariage est divin, Dieu l’accorde à celui ou celle qu’il veut. Ce n’est donc ni une question de beauté encore moins de diplôme. Il faut savoir alors raison gardée car tout statut peut changer…à tout moment.
Le mariage oui, mais pas à tout prix. Pas au prix du manque de respect, de la perte de sa dignité et de l’amour à sens unique… juste pour rompre le célibat.