Ce mercredi,10 août 2022, à Ouagadougou, l’Association pour la Sauvegarde de la Biodiversité (ASABIO) en collaboration avec le Mouvement des Jeunes engagés pour la Protection de l’Environnement et la Promotion du Développement durable (MJEPE-PDD) ont animé une conférence de presse relative à la deuxième édition de la journée de la sauvegarde de la biodiversité. Sous le thème « L’hyptis soaveolens, la face cachée d’une herbacée », le comité d’organisation a évoqué les effets néfastes de cette herbacée et déroulé le programme de leur activité.
A travers cette conférence, l’ASABIO et le MJEPE-PDD tirent la sonnette d’alarme sur les effets non négligeables de l’herbacée dans l’espoir que d’une part, on leur prêtera oreille attentive et que de l’autre, des réactions et des actions ne manqueront pas pour limiter les dégâts.
Une herbacée à surveiller de près
Le chan, hyptis suaveolens (Soalevens) de son nom scientifique a des fleurs pourpres ou blanches. Ses feuilles sont ovales, échancrées et pointues. De la famille des Lamiacées, elle est très résistante et s’adapte à tout. A ce jour, aucun nom local n’a pu lui être attribué.
En 2008, une équipe de l’INERA/CNRST avait déjà donné l’alerte par rapport au caractère invasif et destructeur de l’hyptis et ce, à travers une étude qui a porté sur la « Dynamique de l’évolution et impact d’une plante envahissante au Burkina Faso : hyptis soaveolens ».
L’hyptis constitue une sérieuse menace pour la biodiversité, pour l’agriculture, l’élevage et pour la faune sauvage, ainsi estime Jean Ilboudo, environnementaliste, président de l’ASABIO. « Cependant, tout semble laisser croire qu’on l’ignore royalement en dehors des chercheurs et des scientifiques », a-t-il ajouté.
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Décideurs politiques et acteurs au développement sont invités à poser un regard nouveau sur cette herbacée car elle se répand à une grande vitesse. Ses graines se propagent avec le vent et l’eau de ruissellement. « Au Burkina Faso, nous ne savons pas d’où elle vient exactement. Mais, elle est vraiment envahissante et n’est pas comestible. Là où elle pousse, aucune autre herbe ne peut pousser » a-t-il clarifié.
Cela pourrait expliquer pourquoi il est de plus en plus difficile de trouver la paille pour les toits, les greniers, les concessions… L’hyptis réduit les surfaces de pâturage, envahit les villages, le long des routes.
Selon le président, la menace est forte. De nombreux villages sont envahis. Certaines zones de la brousse le sont également. Elle affecte aussi l’agriculture en appauvrissant les sols. En outre, la faune sauvage verra disparaître sa ration en herbe tout comme les animaux domestiques.
Pour Ezéchiel Lankoandé, militant de ce mouvement, l’herbacée cause beaucoup de dégâts. Elle tue les autres espèces, réduit l’espace de pâturage. Il est donc urgent de trouver des solutions. « Telle que la situation se présente, il faut vraiment s’en inquiéter« , a-t-il expliqué.
Faut-il éradiquer l’Hyptis Soalevens?
L’inspecteur des eaux et forêts Dramane Guissé reconnaît le caractère invasif et répulsif de cette herbacée. Mais, recommande tout de même, de la prudence quant au respect de la biodiversité. « Chaque espèce dans notre écosystème à sa place et doit être sauvegardée. Maintenant, ce sont les scientifiques qui vont prouver en quoi elle peut être nuisible et amenée à être anéantie » a-t-il suggéré.
Depuis 1995, l’ASABIO plante des arbres sur un site de 27 ha. En 2014, on a dénombré plus de 14 000 plantes. Lors de la première édition en 2021, 300 arbres ont été plantés avec un taux de réussite de 65%. Lancée sous le patronage de Naaba Kango, Chef du village de Koakin dans la commune rurale de Pabré, la deuxième édition aura lieu le dimanche 14 août 2022 à partir de 9h30. Animation musicale, invités de marques et plantation d’arbres, visites d’espèces rares, etc. sont au programme.
Françoise Tougry
Abdoulaye Ouédraogo et Adama Hébié (Stagiaires)