Stigmatisées, marginalisées et persécutées parfois, les personnes atteintes de l’albinisme sont confrontées à de nombreuses difficultés dans leur vie quotidienne. A la faveur de la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme qui a lieu chaque année le 13 juin, votre journal Queen Mafa a décidé de rendre hommage à une journaliste exceptionnelle : Judith Traoré. Malgré son handicap (elle est albinos), cette jeune dame affiche une combativité hors-pair, bravant le soleil ardent de Ouagdougou au nom d’une passion, à savoir, le journalisme.
Journaliste-reporter et présentatrice à Radio liberté, Judith Traoré est très remarquable parmi ses paires à cause de son teint et de son style vestimentaire. Sous le chaud soleil de Ouagadougou, Judith est toujours présente sur le terrain de reportage. De jour comme de nuit, elle marque sa présence dans les différents évènements. Nonobstant les nombreuses contraintes étalées sur son chemin, la jeune journaliste affiche un certain air de fierté. « Je suis albinos et je suis fière de l’être. Quel que soit le regard que les gens ont sur moi, cela ne m’empêche pas d’avancer. En dépit des marginalisations dont je suis victime, je vis ma vie et je la vis de la plus belle des manières », ainsi s’exprime-t-elle.
Quand on est albinos, il faut être fier de l’être et montrer aux gens qu’on peut travailler au même titre que les personnes ayant la peau noire.
Selon la jeune dame, l’amour qu’elle a pour son métier justifie tous ces efforts fournis. « Quand on aime quelque chose, on arrive toujours à surmonter les difficultés qu’on rencontre en cours de chemin », laisse-t-elle entendre. Et d’ajouter : « Ma chance c’est que je connais la plupart des confrères qui sont sur le terrain. Ces derniers connaissent mes difficultés également, alors ils n’hésitent pas me donner un coup de main au passage ». Pour Judith, même quand on est albinos, il faut être fier de l’être et montrer aux gens qu’on peut travailler au même titre que les personnes ayant la peau noire.
Cependant, si Judith Traoré avoue être très fière en dépit de son albinisme, elle reconnaît qu’il est difficile de vivre en tant qu’albinos dans une société où le dédain, le mépris, la marginalisation de l’autre est un mode de vie. Ainsi, elle explique que dans la vie de tous les jours, elle doit faire face à de nombreuses difficultés. « Nous sommes sensibles au soleil. Je suis obligé de me couvrir tout le temps si je ne veux pas rougir ou avoir des tâches noires sur tout le corps. Aussi, nous avons une difficulté oculaire. Nous avons en général une vision très basse. Nous ne voyons que de très près. Et même avec cela si l’écriture est petite, nous avons des difficultés à lire », confie la journaliste.
L’intégration dans le milieu socio-professionnelle et économique est le véritable obstacle auquel sont confrontés les albinos vivants au Burkina Faso.
En plus des difficultés liées au temps, Judith fait savoir que l’intégration dans le milieu socio-professionnelle et économique est le véritable obstacle auquel sont confrontés les albinos vivants au Burkina Faso. « Nous avons les mêmes aptitudes que les personnes à la peau noire. Souvent, on peut faire mieux qu’elles mais nous sommes mis dans la plupart du temps à la touche », regrette-t-elle.
Pour renforcer ses propos, la jeune albinos a pris l’exemple du concours de la magistrature auquel aucun albinos, même avec ses diplômes, ne peut pas y prendre part à cause de la faible vision. Pour elle, c’est une injustice que les autorités doivent songer à réparer.
De par son métier, Judith entend interpeller les uns et les autres, particulièrement les premières autorités à se pencher sur les conditions de vie des personnes vivant avec un handicap précisément les albinos.
Cependant, elle se réjouit de la situation des albinos vivant au « Pays des hommes intègres » comparativement à celle que vivent certains sous d’autres cieux. « Dans les pays comme le Nigeria, la Tanzanie les albinos sont confrontés à des phénomènes de rapt, enlèvement pour des ambitions obscurs », raconte la présentatrice radio.
Le rêve de Judith Traoré est de créer une fondation pour venir en aide aux enfants albinos et à leurs parents. Pourquoi à leurs géniteurs ? Judith fait savoir que prendre soin des enfants albinos est difficile car cela demande beaucoup de moyens financiers.
Issa Karambiri