Elle n’écrit pas pour le simple plaisir des mots, ni un simple passe-temps, mais pour une nécessité, un cri du cœur. Pour Désirée Aimée Ki-Zerbo, écrire revient à questionner, dénoncer et célébrer la société. Elle fait de l’écriture, une arme et un refuge. L’écrivaine burkinabè dont la plume fouille les mémoires, passe au peigne fin, l’identité de l’être humain et éclaire les combats de son époque.
Originaire de Toma, dans la province du Nayala au Burkina Faso, Désirée Aimée Ki-Zerbo est une écrivaine burkinabè aux multiples casquettes. Elle a suivi un parcours académique riche et varié, oscillant entre la comptabilité, l’anglais, le marketing et le management, avant de décrocher un Global Executive MBA.
Aujourd’hui, elle est gérante associée à DEBUCENT et secrétaire exécutive du Comité Directeur Local de FIAD_Ouagadougou. Mais au-delà de ces titres, elle est avant tout une femme de lettres, animée par une passion ardente pour l’écriture.
Dès son adolescence, Désirée Aimée Ki-Zerbo trouve refuge dans les mots. Remplissant des cahiers de poèmes et de réflexions, elle perçoit très tôt l’écriture comme un espace de liberté et d’introspection. Cette passion, loin de s’estomper, s’est transformée en un engagement littéraire marqué par des thèmes forts tels que l’identité, la condition féminine, la justice sociale et la mémoire collective.

Dénoncer par la plume
« J’écris parce que j’ai mal », affirme-t-elle, reprenant ainsi la célèbre citation de Paul Morand. Cette phrase résonne comme une devise, rappelant que son engagement littéraire est guidé par la volonté de questionner la société, de dénoncer ses travers et d’explorer ses richesses.
Désirée Aimée Ki-Zerbo puise son inspiration chez des auteurs engagés tels qu’Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Mariama Bâ, Sony Labou Tansi et Bernadette Dao. « Leurs plumes m’ont inspirée par leur engagement, leur poésie et leur profondeur », souligne-t-elle.

Ses œuvres abordent des thèmes universels tels que l’identité, la mémoire, la condition féminine, la justice sociale et la résilience, issues de ses propres expériences et questionnements sur le monde.
La publication de son premier roman, Coupable sortie en 2019 marque un tournant décisif dans sa carrière. Ce passage de l’écriture intime à l’écriture publique lui fait prendre conscience de l’impact des mots et de leur pouvoir de transformation.
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Depuis, elle n’a cessé d’enrichir le paysage littéraire burkinabè avec Des Profondeurs du Cœur (recueil de poèmes, 2021), Les Fleurs du Sahel (recueil de poèmes, 2023) et La Sacrifiée de Zamanan (roman, 2025). Elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et travaille actuellement, sur un recueil de poésies ainsi qu’une pièce de théâtre.
Une écrivaine face à ses défis
Selon Désirée Aimée Ki-Zerbo, être écrivaine en Afrique n’est pas sans embûches. Personnellement, elle doit jongler entre ses responsabilités professionnelles et sa passion, tout en affrontant les difficultés.
« Les défis sont multiples. Trouver du temps pour écrire malgré mes engagements, la difficulté d’accès à l’édition en Afrique, la diffusion des œuvres et la valorisation de la littérature burkinabè sur la scène internationale », explique-t-elle avec désolation.

L’autre défi majeur est le syndrome de la page blanche. Face à cet obstacle, elle a appris, à apprivoiser le silence. Prendre du recul, lire, écouter de la musique ou se reconnecter à la nature sont autant de stratégies qui lui permettent de retrouver son inspiration.
Comme signifié plus haut, Désirée Aimée Ki-Zerbo ne se contente pas d’écrire. Elle reste convaincue que la littérature burkinabè a sa place sur la scène internationale. Elle s’investit alors, activement dans des initiatives telles que la Semaine de la Littérature, des Arts et de la Culture du Pays San (SLAC-PAS) et l’Académie des Lettres et des Arts en Pays San.
« L’écriture est un exercice de patience et de sincérité »
Désirée Aimée KI-Zerbo trace ainsi son chemin. Entre témoignages et engagement, elle offre à travers ses œuvres un regard critique et inspirant sur le monde, tout en ouvrant la voie à une nouvelle génération d’auteurs africains.

Justement, à tous ceux qui souhaitent embrasser l’écriture, elle recommande de lire beaucoup, d’écrire régulièrement et de ne pas craindre de partager leurs textes. Aussi, ajoute-t-elle, « L’écriture est un exercice de patience et de sincérité. Trouver sa voie prend du temps. Mais, chaque mot posé est un pas vers l’affirmation de son style ».
Avec sa plume engagée, Désirée Aimée KI-ZERBO continue d’inscrire son nom parmi les voix littéraires qui comptent, portant haut les couleurs de la littérature burkinabè et africaine.
Fabrice Sandwidi