Lors du Havre Féministe sur la santé mentale des femmes, organisé par Sœurs Pour Sœurs / Tond Laa Taaba (SPS/TLT) ce 13 mars 2025, l’un des moments forts a été le panel consacré au poids du patriarcat sur la santé mentale des femmes et des filles. Expert-e-s, militant-e-s féministes et participant-e-s ont débattu des pressions sociales, des violences psychologiques et des normes oppressives qui affectent le bien-être mental des femmes.
À l’entame du panel, le psychologue clinicien et panéliste, Clément Lankoandé, a mis en lumière une réalité troublante, celle de la difficulté de quantifier précisément l’impact du patriarcat sur la santé mentale des femmes.
En effet, selon lui, les statistiques sont insuffisantes. “Les statistiques ne permettent pas de donner un chiffre parce qu’il faut s’entendre sur des normes et pouvoir donc les quantifier, les renseigner et les valoriser”, a-t-il expliqué.
Par la même occasion, une définition du terme a été donnée. Ainsi, le patriarcat est défini comme un système de domination qui façonne les normes sociales et restreint l’autonomie des femmes. Aussi, a-t-il été mentionné, les injonctions patriarcales ne sont pas toujours visibles. Mais, elles pèsent lourdement sur le quotidien des femmes et influencent profondément leur santé mentale.

Pour le panéliste, les femmes représentent plus de la moitié de la population au Burkina Faso. Par conséquent, si le pays veut réellement progresser, il est important de prendre en compte leur bien-être mental et de garantir un cadre d’épanouissement car, les violences vécues par les femmes sont énormes.
Dans l’exercice de ses fonctions de psychologue, Clément Lankoandé a eu, à recevoir des patientes qui ont des vécus de souffrances générés par des entourages toxiques. Il faut comprendre par vécu de souffrances, la dépression, les situations d’attaques paniques, les situations de troubles post-traumatiques.
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Un autre aspect particulièrement dramatique abordé est l’impact des violences sexuelles sur la santé mentale des survivantes. Clément Lankoandé a souligné que de nombreuses femmes qu’il accompagne sont souvent, victimes de viol et d’agression sexuelle. Et pour lui, le viol est l’atteinte du corps de l’autre, la destruction du corps de l’autre.
Grosso modo, le panel a permis de mettre à nu, une problématique majeure, souvent invisible et pourtant, centrale pour une émancipation et autonomisation de la femme.
Au terme de la rencontre, le psychologue Clément Lankoandé, a signifié que le panel a eu pour but de permettre aux participants d’accéder à des notions qui pourront leur permettre désormais, de voir comment la thématique agit et nuit sur l’épanouissement des femmes. De ce fait, la connaissance du sujet permet de mieux les défendre.
Fabrice Sandwidi