Le mercredi 10 juillet dernier, le conseil des ministres a adopté un décret portant avant-projet du Code des Personnes et de la famille (CPF). Dans ce nouveau code, l’âge de mariage est passé de 20 ans à 18 ans. Eulalie Yerbanga Ouédraogo, membre de la Coalition nationale contre le Mariage d’Enfants au Burkina (CONAMEB) et l’ONG voix des femmes s’est prononcée sur ce sujet.
Le mariage d’enfants a toujours été pour Eulalie, un combat et un autre combat vient de s’ajouter à la liste. Il s’agit du projet de loi sur le mariage d’enfants à 18 ans.
Depuis 2018, Eulalie Yerbanga Ouédraogo et la CONAMEB, ont entamé le processus en faisant un plaidoyer au ministère de la justice pour relever l’âge du mariage d’enfants.
Dans le code de personne et de la famille utilisé jusqu’à maintenant dit-elle, il est dit à l’article 238 que le garçon se marie à 20 ans et la fille à 17 ans. “ Il y a déjà une discordance, une discrimination basée sur le genre. C’était déjà un problème. La fille se marie à 17 ans alors que, quand on voit la définition de l’enfant, c’est une personne âgée de 0 à 18 ans. Donc, si la fille se marie avant 18 ans, ça veut dire qu’on l’autorise à se marier enfant” a-t-elle dénoncé.
En tant qu’acteur de la lutte contre le mariage d’enfants, elle a entamé le procès de plaidoyer afin qu’on puisse l’harmoniser à 18 ans, aussi bien pour les garçons que pour les filles afin d’éliminer la discrimination basée sur le genre. “Nous sommes heureux de cette décision. Pour cela, on remercie vivement ce gouvernement qui a, à cœur, la protection de l’enfant. C’est ce que je peux dire par rapport à ça” s’est-elle réjouie.
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Alors que le mariage pourrait se faire à 16 ans avec l’accord du juge Eulalie Yerbanga Ouédraogo, championne nationale de lutte contre le mariage d’enfants, souhaite qu’on enlève cette dérogation.
Selon elle, si l’âge légal du mariage est à 18 ans, il n’y a plus de raison de faire une dérogation. « Mais, les techniciens ont fait comprendre qu’il y a des situations où il faut prendre des décisions pour que le mariage ait lieu », a-t-elle expliqué et d’ajouter “L’exemple qu’on nous a donné, c’est celui d’un homme qui travaille dans des institutions internationales, qui a sa fiancée n’ayant pas encore l’âge du mariage, mais qui est malade qu’on peut soigner par le soutien de l’institution où travaille le monsieur s’il est légalement marié à la fille”.
Déterminée, elle ne valide pas la dérogation à l’âge de 16 ans. “La dérogation , il faut qu’on puisse la mettre à 17 ans. A cet âge, on se dit que, le temps que le juge finisse de chercher toutes les informations et accepte, la fille aura peut-être ses 18 ans”, a-t-elle recommandé.
Néanmoins, elle reconnaît le professionnalisme du gouvernement à ce sujet. “ Je pense que le fait qu’il ait mis 16 ans , comme il est dit dans le réforme de l’éducation, c’est dit qu’un enfant doit obligatoirement aller à l’école jusqu’à 16 ans. Certainement que le gouvernement s’est basé sur cet âge. Je ne suis pas à leur place et c’est un avis personnel que je donne. Nous allons poursuivre le plaidoyer au niveau de l’Assemblée législative de la Transition (ALT) , pour qu’on le ramène à 17 ans si possible. Avec les 18 déjà, c’est la dérogation qui est compliquée à mon avis parce que là, c’est autoriser le mariage d’enfants”, nous a-t-elle laissé entendre.
A en croire Eulalie Yerbanga Ouédraogo, les causes du mariage d’enfants sont souvent liées aux grossesses des filles en milieu scolaire, qui parfois est dû au manque de responsabilité des parents. “Je pense que tomber enceinte, il y a deux cas. Soit les parents ont abandonné leur éducation, soit les enfants n’ont pas les informations en terme de santé sexuelle et reproductive », a-t-elle dit.
Pour changer les choses, elle recommande de prendre tous ses aspects en compte. De l’ analyse qu’elle fait de ces données dans un futur lointain, elle pense qu’il y aura un changement à la longue, sur la définition de l’enfant qui est actuellement universelle. “Pour nous, le mariage à 18 ans, c’est vraiment la bonne solution. Le mariage d’enfants a beaucoup de conséquences que les gens ne voient pas”, a raisonné Eulalie Yerbanga Ouédraogo.
Le mariage d’enfants n’est pas sans conséquence et Eulalie Yerbanga Ouédraogo ne manque pas de les citer.
Sur le plan de l’éducation, si on marie un enfant à 18 ans affirme-t-elle, ça veut dire qu’on a arrêté sa scolarité.
“ Sur le plan de la santé, on voit la personne bien en forme physiquement et on pense qu’elle « est arrivée. Mais, est-ce que c’est bien développé, à l’intérieur ?”, s’est interrogée Eulalie Yerbanga Ouédraogo.
A l’entendre, les fistules obstétricales dont les femmes souffrent sont dues aux grossesses précoces. Mais, après 18 ans, la fille est prête à faire des enfants sans problème et elle a certainement, une éducation pour pouvoir prendre soin de sa famille.
Abdoulaye Ouédraogo
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