Dans un décret du 02 juin 2023 portant promotion du port du Faso Dan Fani, du Koko dunda et autres tissus traditionnels, le gouvernement encourage la population à valoriser ces pagnes. Différentes structures et catégories professionnelles sont concernées. Il s’agit entre autres, des élèves du préscolaire, du primaire, du post primaire et du secondaire, les étudiants des universités et instituts d’enseignement supérieur du public et du privé. A quelques jours de la rentrée scolaire, nous avons approché certains commerçants au grand marché de Ouagadougou afin de voir si ces mesures sont appliquées.
Dans la matinée de ce mercredi 25 septembre 2024 , nous nous sommes rendus à la boutique de Youssouf Sodré, vendeur de pagnes tissés. Ce sont des piles de pagnes aux couleurs attrayantes, rangées sur des étagères qui attirent le regard des clients qui passent. Depuis 10 ans, il évolue dans le domaine. Après nous avoir accueillis, il prend le soin de déballer les pagnes pour nous faire apprécier le design et la qualité.
« Auparavant, personne n’avait imaginé qu’un jour, le pagne tissé deviendrait un uniforme d’école. Avec la décision du gouvernement de mettre à contribution, les enfants dans la promotion des pagnes tissés, l’initiative est louable », salue-t-il.
Selon Youssouf Sodré, chaque jour, les parents d’élèves défilent dans sa boutique. Mais, le problème, ce n’est pas le même motif qu’ils demandent puisque cela dépend des établissements. Si le motif qu’ils veulent a manqué ici, il en prend dans leurs magasins.
A défaut, il lance une commande auprès de leurs partenaires tisserands et associations féminines. Certains responsables d’établissement aussi viennent demander conseils parce qu’ils ont l’embarras du choix, il a la possibilité de leur proposer des motifs.
« Avant, on vendait un pagne et demi. Mais, maintenant, on vend soit un pagne, soit deux pagnes. Les élèves prennent deux pagnes pour en faire des robes chez les filles et pantalon-chemises pour les garçons souvent, combinées avec du tissu couleur unique. C’est durable et ça ne se déteint pas », explique-t-il.
Lire aussi
Burkina Faso : L’importation du fil de tissage et de pagne tissé, interdite jusqu’à nouvel ordre
Le jeune commerçant indique que les clients tiennent compte de la qualité du pagne. Pour le pagne tissé avec le fil local en gros, les deux pagnes sont vendus à 7500 fcfa. Le pagne tissé avec le design de ceux du Ghana coûte 8000 francs les deux pagnes au prix d’en gros. Le pagne tissé venu du Ghana, les deux pagnes s’achètent à 15000fcfa. Le koko donda se paie à 4000 fcfa, les deux pagnes. Cette dernière vague est surtout utilisée pour les écoles maternelles qui en font des « Lacoste », mixés à du tissu.
Youssouf dit être reconnaissant envers les parents qui leur font confiance en achetant leurs marchandises, permettant ainsi, à ce qu’ils gagnent leur pain.
« Les parents n’ont qu’à continuer à prendre les pagnes tissés pour leurs enfants, ça encourage le pays. Je connais des écoles qui utilisaient déjà les pagnes comme tenues scolaires », souligne-t-il.
« On n’a rien vendu pour la rentrée.«
Youssouf est optimiste quant à une rentrée scolaire fructueuse. Cependant, un peu plus loin, dans un autre hangar, ce commerçant se lamente.
« On n’a rien vendu pour la rentrée. On arrive à vendre pour les écoles uniquement, lors des journées traditionnelles. Depuis, l’année passée, ils ont parlé de pagne tissé pour les tenues d’écoles. Mais, nous, on ne sait pas s’il y a un fournisseur principal qui a tout le marché. On a attendu depuis, que l’État montre un modèle. Mais, rien », déplore Ferdinand Compaoré qui a l’air perdu.
Visiblement, il n’est pas au courant que des modèles de motifs ont été rendus, publics. Il garde espoir que les choses pourront changer d’ici-là, en leur faveur.
Après avoir arpenté plusieurs couloirs, nous sommes tombés sur une maman qui est fatiguée de se promener pour satisfaire les besoins de son enfant.
Élisabeth qui, depuis quelques heures fait le tour du marché est épuisée de chercher, la chaussure préférée de sa fille âgée d’à peine, 7 ans et la tenue ordinaire de son école. Elle n’a trouvé ni l’un ni l’autre.
« Je vais continuer à fouiller. Si je ne gagne pas la tenue ordinaire d’ici quelques jours, je serais obligée de lui payer des robes prêt-à-porter pour qu’elle porte en attendant. Pour la chaussure, vraiment, je ne sais pas encore. Mais, je finirais par trouver une solution », se résout-elle .
« Le traditionnel peut attendre du moment où, il ne se porte pas tous les jours.« , ajoute-t-elle.
Françoise Tougry
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.