Le Burkina a opté pour la gratuité des offres de service liés aux méthodes contraceptives et à la césarienne, en vue d’améliorer la santé des femmes. Mais, les obstacles socioculturels, les difficultés financières et l’accès à ces offres posent problème. Selon certaines rumeurs, les contraceptifs sont seulement à la portée d’une certaine minorité et en plus, ils détruisent la santé de la femme. Pr Charlemagne Ouédraogo, président de la Société des Gynécologues Obstétriciens du Burkina (SOGOB) explique et rassure.
Le 31 juillet 2024, à Ziniaré, le Pr Charlemagne Ouédraogo, a procédé à la clôture de l’atelier sur les Droits à la Santé sexuelle et reproductive (DSSR). Au cours de la rencontre, il est revenu sur l’utilisation des méthodes contraceptives modernes et la césarienne ainsi que les défis à relever.
« Les contraceptifs ne rendent pas stériles »
Aucune méthode contraceptive en vigueur au Burkina ne rend stérile mais, elles perdent leur efficacité dès qu’on arrête de les prendre. Les mois qui suivent, la femme retrouve sa fertilité.
Il est conseillé d’utiliser les méthodes contraceptives pour espacer les naissances quand on veut mener une sexualité épanouie, pleine et responsable, sans crainte d’une grossesse.
Les méthodes dites naturelles ont une efficacité très limitée. « Si vous utilisez ces méthodes, dès que votre cycle est perturbée, ça ne marche plus et vous risquez une grossesse non désirée », a-t-il prévenu.
Les méthodes contraceptives modernes sont les méthodes sûres dont l’efficacité est contrôlée. « Si vous les prenez régulièrement, le risque de grossesse est extrêmement faible et vous pourrez mener une sexualité responsable sans crainte d’une grossesse non désirée », a-t-il encouragé.
« 30 milliards de francs FCFA par an »
Le président de la SOGOB Pr Charlemagne Ouédraogo a indiqué que la contraception est sans contrainte. C’est-à-dire, libre et volontaire mentionnant que le Burkina est l’un des pays qui a fait des progrès énormes en matière d’offres de services en lien avec les méthodes contraceptives dites modernes. « La contraception depuis quelques années est gratuite. Cela fait partie du paquet de soins gratuits pour lesquels, l’Etat dépense 30 milliards de francs FCFA par an pour la population. Malgré la situation difficile que le Burkina traverse, l’Etat arrive toujours à respecter ses engagements », a-t-il détaillé.
Même si les efforts consentis sont insuffisants, a-t-il reconnu, cette politique de gratuité permet d’améliorer la qualité de l’accès aux droits en santé sexuelle et reproductive. C’est très Important, le droit à la santé.
Zéro francs pour la césarienne
La cérémonie a été le lieu pour Pr Charlemagne Ouédraogo d’aborder la question de la césarienne. Il a souligné le fait qu’aucune femme, dans les hôpitaux, ne doit payer pour avoir la césarienne. « Quand il y a un endroit où l’on paie, c’est que les agents de santé ne sont pas bien organisés. A l’hôpital de Bogodogo, c’est zéro francs. Nous faisons près de 600 césariennes par an. La facture, c’est l’État qui règle », a-t-il martelé.
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En trois décennies, le gynécologue obstétricien a vu de nombreuses femmes perdre la vie alors que la situation aurait pu avoir un dénouement heureux. « Depuis 30 ans, je fais ce métier. Beaucoup de femmes sont décédées parce que leurs parents n’avaient même pas 1 franc pour payer une paire de gants. Quand ils ont pu réunir l’argent, ils sont allés trouver que la femme est morte », a-t-il déploré.
C’est fort de tous ces constats qui constituent un frein aux droits en santé que l’Etat a pris depuis 2016, la décision pour que les soins soient gratuits.
A l’écouter, la gratuité des soins ne peut être efficace et évidente que « Si les gens se comportent correctement, qu’ils paient leurs impôts et ne dribblent pas l’État ». Cela permettra avec l’appui de la société civile, de faire un plaidoyer pour que l’État augmente la garde des prestations.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 300 mille femmes sont décédées dans le monde en 2015, en raison des problèmes liés à la grossesse ou à l’accouchement. Un quart de ces décès pourrait être évité si ces femmes avaient accès à la contraception.
Françoise Tougry
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