Le nouveau rapport mondial du SIDA 2024 intitulé « L’urgence du moment : le SIDA à la croisée des chemins », a été divulgué ce 23 juillet. Des acteurs et experts du domaine, des représentants de toutes les agences du système des Nations unies et des journalistes du Réseau des Médias africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) ont pris part, au lancement officiel qui s’est déroulé, à Dakar au Sénégal. La question entre autres, des infections, du traitement, de la prise en charge et des financements a été évoquée.
En Afrique de l’ouest et du centre, le nombre annuel de nouvelles infections à VIH a diminué de 46 % entre 2010 et 2023. Cependant, il reste élevé chez les adolescentes et jeunes femmes. En effet, en 2023, les adolescentes et les jeunes femmes (âgées de 15 à 24 ans) représentaient 19% de toutes les nouvelles infections à VIH dans notre région. Dans cette catégorie d’âge en 2022, 8 nouvelles infections sur 10 concernent les jeunes filles, et 2 sur 10 chez les jeunes garçons. Ces données dévoilées au cours de la rencontre par la directrice régionale de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’ouest, du centre et du nord, sont un aperçu de la réalité de cette maladie.
Une avancée significative
Aux dires de la directrice régionale pour l’ONUSIDA, le taux des nouvelles infections est en baisse, sauf chez les adolescentes et le nombre de décès à VIH a diminué. On note également un progrès dans l’accès au traitement antirétroviral.
Les ressources internationales allouées au VIH ont augmenté. Toutefois, les ressources allouées par les pays ont diminué. Ce qui accroît leur dépendance vis-à-vis des donateurs.
“Dans notre région, nous avons aussi fait d’énormes progrès dans l’accès au traitement. Le nombre d’adultes (âgés de 15 ans et plus) qui reçoivent un traitement contre le VIH a plus que doublé depuis 2015. Aujourd’hui, 81% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut. 76% de celles qui reçoivent un traitement antirétroviral et 70% ont une charge virale supprimée”, a soutenu Berthilde Gahongayiré.
« 50 mille personnes risquent de mourir du SIDA, en 2025 »
Hormis les points positifs cités par la directrice, il convient d’attirer l’attention sur les financements. Sans financements, les réponses ne peuvent être réalisées et cela nécessite la mise en place d’une panoplie de stratégies. Il y a aussi les programmes de prévention du VIH à prendre en compte.
Selon le rapport, contrairement au traitement du VIH, les besoins en ressources pour la prévention et les programmes de soutien à la société restent très importants et ne sont pas satisfaits dans presque toutes les régions. De ce fait, il faudra capitaliser les moyens pour les années à venir.
Quant aux dépenses consacrées aux facilitateurs sociétaux en 2023, elles sont estimées à près de deux milliards de dollars de moins que les trois milliards estimés nécessaires en 2025.
Et le plus dramatique est que, plus de 50 mille personnes risquent de mourir du SIDA, en 2025.
Autres aspects importants
Au cours des échanges, les participant.e.s ont passé plusieurs aspects au peigne fin, en l’occurrence, les besoins en matière de santé sexuelle.
Il ressort qu’entre 2015 et 2022, chez les femmes et les jeunes filles, il a fallu des services qui répondent à leurs besoins en matière de santé sexuelle et génésique en un seul endroit.
La demande est alors, satisfaite par des méthodes modernes contraceptives, par âge dans certaines régions. Mais, ces services doivent passer à échelle.
Les besoins non satisfaits en matière de contraception moderne sont particulièrement élevés en Afrique subsaharienne où, ils atteignent près de 47% chez les femmes adultes. Un écart qui vaut 53% chez les adolescentes de 15 à 19 ans.
La stigmatisation, un obstacle aux soins
Des personnes vivant avec le VIH ont déclaré avoir été victimes de stigmatisation et de discrimination lorsqu’elles ont cherché à obtenir des soins de santé liés au VIH.
D’autres ont vécu des expériences similaires lorsqu’elles cherchaient à obtenir des soins de santé non liés au VIH.
En outre, un tiers des personnes interrogées qui a été victime de stigmatisation et de discrimination lors de la recherche de soins liés au VIH, a aussi avoué avoir interrompu ou arrêté son traitement contre le VIH, à un moment donné.
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De l’espoir à l’horizon
L’ONUSIDA a proposé une nouvelle approche pour garantir la durabilité de la riposte au VIH. Cette approche holistique couvre cinq domaines de durabilité.
Le premier point est relatif au leadership et à l’engagement politiques. Le second a trait aux lois et politiques habilitantes. Le troisième concerne le financement durable et équitable. S’en suivent les services et solutions VIH fondés sur la science, efficaces et à fort impact. Le dernier domaine est lié aux systèmes construits pour fournir des résultats.
Selon Berthilde Gahongayiré, une combinaison d’engagement politique fort, d’expertise technique et de mobilisation communautaire est nécessaire pour poursuivre les progrès vers la prévention de la transmission verticale du VIH.
D’ici 2030, le Sida pourra définitivement disparaître de la planète, a précisé la directrice, si l’accent est davantage mis sur la prévention, la fin de la stigmatisation et de la discrimination, liées au VIH.
Françoise Tougry
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