Elles s’appellent Azaratou Bancé, Océane Ilboudo et Fadilatou Kondombo. Elles ne se connaissent pas mais, ont un point commun. Leur histoire est la même, des règles douloureuses traumatisantes. Ce 12 juillet 2024, elles ont choisi d’en parler publiquement pour briser les tabous. Grâce à leur audace et leurs témoignages, elles entendent ainsi, susciter des réactions, engager des plaidoyers sur la thématique tout en encourageant les femmes et jeunes filles qui, vivent au quotidien, cette souffrance.
Azaratou Bancé, actrice et présidente de l’association Taafé Vision
Quand on parle de règles douloureuses, je sais ce que c’est. Je me rappelle que la toute la première fois, j’ai piqué une crise. On a dû aller à l’hôpital et on a fait une échographie. Puis, on m’a dit que j’ai une masse dans l’ovaire.
La douleur persistait au point où, on m’a prescrit des produits et je suis retournée à la maison. Je pense que c’était en classe de 4e et j’ai fait deux à trois semaines sans pouvoir aller à l’école. Je me suis dit que c’est foutu pour mes études.
Heureusement, au bout des trois semaines, la douleur s’est calmée et par la suite, on a utilisé des médicaments traditionnels de la sous-région parce qu’en son temps, on ne pouvait pas se permettre un suivi médical. Mais, ces médicaments traditionnels ont failli me rendre plus malade.
De la 4e jusqu’à ma première année à l’université, je ressentais toujours la même douleur. J’avais tellement mal que mes camarades étudiants en médecine m’ont amenée à l’hôpital Yalgado pour comprendre ce qui se passe. J’ai encore fait une échographie et le résultat a montré qu’il n’y a rien.
En 2002, les gens m’ont rassurée qu’après l’accouchement, je n’aurai plus de douleur. J’étais contente. Dieu merci, j’ai eu trois enfants mais, j’ai autant mal que la première fois. Je pense que j’ai fait plus de cinq échographies et finalement, un docteur m’a dit : madame, chacune a ses règles.
Avec le temps, un jour, j’ai rencontré Dr Ouédraogo, radiologue. Il m’a proposée de faire une IRM pour voir si éventuellement, ce n’est pas une endométriose. Une fois de plus, les résultats ont montré que ce n’est pas l’endométriose. Je devrais déposer des dossiers de candidature et je n’ai pas pu le faire à cause des menstrues douloureuses.
Aujourd’hui, j’ai 45 ans et toujours le même mal. Ça m’empêche de travailler car je suis obligée de me coucher à terre.
Aussi, lors d’un tournage, une dame qui avait mon âge m’a dit qu’elle est ménopausée. Je me suis dit que si moi aussi, j’atteins enfin, la ménopause, je n’aurais plus mal.
(NDLR) : IRM signifie Imagerie par Résonnance magnétique. C’est une technique d’examen qui consiste à créer des images précises d’une partie du corps, grâce à des ondes (comme les ondes radio) et un champ magnétique. Les images sont reconstituées par un ordinateur et interprétées par un radiologue.
Fadilatou Kondombo, élève
Ma mère ne m’avait jamais parlé du cycle menstruel jusqu’à ce que j’ai 12 ans. Elle ne m’avait pas dit qu’une fille doit avoir ses menstrues. Donc, je ne savais pas ce que c’est.
C’est vers mes 13 ans que j’ai vu mes premières règles et le premier jour, j’avais tellement mal au bas-ventre. J’avais tellement honte d’expliquer cela à ma mère que j’ai gardé le silence.
Pendant, quatre mois, je ne savais pas de quoi il s’agissait et chaque fois, mes vêtements étaient tachés de sang. Quand, je pars à l’école, mes amies me demandent « Pourquoi chaque mois, tu as toujours les vêtements tachés de sang ? » et je leur réponds « Je ne sais pas. Vraiment, je n’avais aucune idée ».
Mes amis m’ont alors conseillée d’aller expliquer à ma mère. Quand je suis arrivée à la maison, j’ai exposé le problème à ma mère et c’est en ce moment, qu’elle m’a apportée plus d’éclaircissements sur les menstrues.
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Océane Ilboudo, élève
Quand je faisais la classe de 3e, pendant les menstrues, j’avais tellement de douleurs au bas-ventre que j’étais obligée d’aller à l’hôpital.
On me prescrivait des produits mais, ça ne soulageait toujours pas la douleur. Parfois, je chauffais l’eau pour boire, question de soulager la douleur mais, cela n’avait aucun effet. Jusqu’à présent, je n’arrive pas à trouver un produit pour calmer la douleur. Par exemple, le mois dernier, je suis allée à l’école.Mais, je n’ai pas pu suivre les cours à cause de mes menstrues et je suis rentrée à la maison.
Si les menstrues viennent pendant que je suis à l’école, je suis obligée de me coucher ou d’aller voir l’administration pour qu’elle contacte mes parents et qu’ils viennent me chercher. Ça me fait vraiment mal.Souvent même, ça me paralyse les pieds et je n’arrive plus à me déplacer. J’ai également des nausées suivis de vomissements. Ce qui ne me permet de manger lors de mes menstrues.
Françoise Tougry
Latifatou Esther stagiaire
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