Selon une déclaration d’ONU Femmes publiée en 2017, au moins 115 millions de veuves vivent dans une pauvreté extrême. Ces femmes, confrontées à la perte de leurs conjoints, se retrouvent souvent dépourvues de droits, d’accès aux ressources et d’opportunités, ce qui les rend vulnérables face aux difficultés pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Le Burkina Faso ne fait pas exception en témoigne la communication de Dr Jocelyne Vokouma, qu’elle a faite, le 06 juillet 2024 à Ouagadougou lors du cinquantenaire de la fondation Lucie Kaboré Traoré. Elle est Chercheur anthropologue au Centre national de Recherche scientifique et technologique (CNRST).
« Les veuves et orphelins du Burkina Faso : quels défis pour prévenir leur exclusion socio-économique dans un contexte d’insécurité », ce thème a été abordé par Dr Jocelyne Vokouma. Au cours de sa présentation, l’anthropologue chercheur a mis en lumière le nombre grandissant des veuves et des orphelins avec la crise sécuritaire. Elle a expliqué qu’ils n’ont pas de données qui prouvent la réalité en ce jour, hormis celles de la fonction publique et de l’action sociale mais qui ne prouvent pas également la réalité de l’informel et du privé.
Dans sa communication, Jocelyne Vokouma s’est inspirée des définitions que la fonction publique et l’action sociale ont donné comme notion de veuves et orphelins pour montrer les nuances mais, avec un point de convergence qui est le niveau juridique pour la fonction publique.
Selon Dr Jocelyne Vokouma, quand l’homme meurt, les veuves et les orphelins font l’objet d’une certaine marginalisation et exclusion parce que la femme est d’abord accusée d’être à la base de ce décès ou d’en savoir quelque chose et cela, dans des conditions socioculturelles qui lui sont imposées, à travers des rituels. « Si la femme refuse de respecter les rituels après le décès de son époux, elle se retrouve à souffrir parce que la majorité des couples vivent dans l’inégalité au regard de la loi » a-t-elle déclaré.
Les défis qui s’imposent à elles, c’est comment faire pour que ce soit sur la base du mariage légal car c’est ce que la loi reconnaît jusqu’à ce jour.
A en croire Jocelyne Vokouma, au regard de la loi, en l’absence d’un mariage coutumier et religieux tout se complique et pour les orphelins et pour les veuves parce que le premier principe d’accès au droit c’est d’abord la preuve du statut qu’on porte. « Dans nos cieux c’est quand des gens sont en concubinage, qu’ils font dire que c’est mon mari c’est ma femme. De bouche, oui, ça fonctionne. Mais, dans la réalité des droits, c’est plus compliqué » a-t-elle-signifié. Elle ajoute : « la femme va souffrir pratiquement sans perceptive parce qu’on rencontre les mêmes cas avec les veuves des forces de défenses et de sécurité », déplore-t-elle.
Dr Jocelyne Vokouma, explique que, ce qui revient aux veuves en cas de décès est là. Mais, le justificatif pour y accéder reste problématique. « Le plus gros défi est là. Pour les enfants, c’est la légitimité, Tant que le papa n’a pas reconnu l’enfant, cela se complique. S’il n’y a pas d’acte de naissance, le jugement supplétif ou la reconnaissance par le mariage, c’est compliqué », a-t-elle précisé.
Elle propose comme perspective que les veuves s’engagent. « Il y a des situations sans issues. Je suis rentrée, dans les dimensions conseils pour les aider à survivre malgré le problème. Quand le droit ne peut plus être l’issue, il faut trouver une alternative, et c’est se battre au moins pour que les enfants réussissent et relèvent le défi, un peu plus tard pour qu’ils aient moins de souffrance », a-t-elle conclu.
Monique Savadogo
Latifa Esther (stagiaire)