Porter une grossesse, c’est donner la vie. Certaines grossesses peuvent être agréables, tandis que d’autres peuvent causer des désagréments. Toutefois, le suivi de la grossesse est nécessaire et très important pour chaque femme enceinte. Ida Louise Kinda, sage-femme à l’Association burkinabè pour le Bien-être familial (ABBEF), dans cet entretien, explique le bien-fondé du suivi de la grossesse.
Quand une femme est déclarée enceinte, quelle est la première conduite à tenir ?
Si la femme a un retard de règles ou si elle a fait son test de grossesse et qu’elle se dit qu’elle est enceinte, la première des choses à faire, c’est de confirmer la grossesse par un agent de santé. Après confirmation de grossesse, l’agent de santé doit lui parler de la nature des examens à faire. Des examens sanguins et une échographie pour voir s’il n’y a pas d’autres paramètres qui peuvent jouer sur la grossesse.
L’échographie se fait à quel moment ?
L’idéal est de faire une échographie au premier trimestre de la grossesse, une échographie au deuxième trimestre de la grossesse pour voir s’il n’y a pas de malformations et tout… et une troisième échographie pour confirmer la position de l’enfant dans le ventre. Cela est nécessaire.
Quand faut-il commencer les pesées ?
L’étape suivante est de fixer un rendez-vous pour commencer les pesées. Il faut dire qu’au Burkina Faso, en matière de santé, nous avons des politiques et des programmes de santé et le Burkina se rallie aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Avant, on avait quatre consultations prénatales. Mais, avec les nouvelles recommandations de l’OMS, nous sommes allés à huit contacts. C’est-à-dire que la femme doit avoir huit contacts avec l’agent de santé. On commence donc, les premiers rendez-vous à partir du 1er trimestre. Dici-là qu’elle n’accouche à neuf mois, elle aura eu huit contacts. Et, pendant ces huit contacts, surtout au 1er trimestre, il y a le bilan sanguin à faire (examens de sang) et l’échographie.
Se faire suivre par un gynécologue ou une sage-femme est capital pour mener à bien le déroulement de la grossesse. Quels sont les risques pour une femme qui n’a pas suivi ses différentes visites ?
Pour les femmes qui n’ont pas suivi les différentes visites, il y a le risque d’avortement, le risque de mort-né, de malformations fœtales, également le risque de décès maternel. Dans les soins essentiels de la mère et de l’enfant, il y a beaucoup de choses à faire.
Je prends l’exemple du bilan sanguin dans le 1er trimestre de la grossesse, le dépistage de la syphilis est systématique. S’il se trouve que la femme a la syphilis et qu’elle est enceinte, il y a le risque d’avorter. Il y a aussi le risque qu’elle accouche un enfant mal formé. Ce sont les causes de la syphilis. Si elle est détectée à temps, on met un protocole de traitement en marche à travers des injections jusqu’à ce qu’elle soit guérie de la syphilis.
La syphilis est une infection sexuellement transmissible qui traverse le placenta et peut contaminer le bébé. Donc, elle peut causer un avortement, de fausses couches, de mort-nés ou carrément même de malformations à l’accouchement. On dépiste cette Infection sexuellement transmissibles (IST), dès le 1er trimestre de la grossesse.
Le suivi est capital, ne pas se faire suivre est très dangereux pour elle et pour le bébé. L’idéal est d’avoir ses huit contacts durant la grossesse.
Certaines femmes arrivent à la maternité pour accoucher sans avoir un carnet de santé. Qu’est ce qui peut expliquer cela ?
Par exemple, les multipares (les femmes qui ont eu plusieurs grossesses), se disent qu’elles ont l’habitude des grossesses. Donc, elles laissent carrément vers la fin de la grossesse et viennent pour se faire peser juste pour avoir un carnet qui va leur permettre d’aller en salle d’accouchement. On peut imputer ça à la négligence, il y a aussi l’ignorance parce que beaucoup de femmes ne connaissent pas l’importance des consultations prénatales pendant la grossesse. Il y a une insuffisance de sensibilisation qui impute à l’agent de santé parce que nous ne sensibilisons pas assez.
Toutes les occasions sont données à l’agent de santé de pouvoir parler de l’importance des consultations prénatales à la femme.
Dans ce cas de figure, qu’est-ce qui risque de compliquer la tâche de l’agent de santé ?
Ce qui peut compliquer la tâche à l’agent de santé qui est à son premier contact avec la femme, en travail (accouchement), c’est le fait que l’agent ne dispose d’aucune information concernant la femme enceinte. Nous ne savons pas si elle est infectée ou pas (sérologie VIH et hépatite B ou C), qu’est-ce que je dois faire au bébé ? Si elle a le VIH, l’enfant doit prendre un sérum antirétroviral. Je dois connaître tout ça, et connaître également son groupe sanguin car si elle est du rhésus négatif, il y a tout un protocole à suivre après l’accouchement. Si elle a eu des complications et qu’elle doit suivre une intervention alors qu’elle a perdu beaucoup de sang (on parle d’hémorragie dans ce cas), on ne connaît pas son groupe sanguin. Comment faire ? Si on doit la transfuser, il faut s’arrêter et faire tous ces examens, ça prend du temps, ça fait un retard. Donc, c’est vraiment compliqué pour l’agent de santé.
Monique Savadogo