Amputée d’une jambe suite à un accident de circulation, Samira Zabré refuse de rester à la maison et attendre qu’on lui donne de quoi vivre ou de mendier au bord des voies. Pour survenir à ses besoins et ceux de sa famille, elle parcourt les maquis et autres lieux publics du quartier Karpaala de Ouagadougou pour y vendre des articles. Face au micro de Queen Mafa, Samira se laisse découvrir.
Monique Marie Létitia Zabré, plus connue sous le nom de Samira Zabré est née en 1996. Elle a été amputée de la jambe gauche suite à un accident de la circulation en 2020. « J’étais avec mon patron commerçant qui m’amenait pour une visite du lieu de la prise des marchandises et c’est sur la route que l’accident est survenu », confie-t-elle, les larmes aux yeux. Depuis lors, Samira se déplace avec des béquilles.
Face à ce malheureux accident, Samira refuse d’attendre la charité des uns et des autres en restant à la maison. Pire encore, elle refuse de mendier au bord des voies. Elle fait face aux obstacles de la vie, aux regards des gens pour subvenir à ses besoins quotidiens et épauler de temps à autres, ses parents. « J’ai vu que si je vais rester assise, ça ne m’arrange pas. Si je dois sortir mendier, ce n’est pas, non plus bon. J’ai donc, préféré me battre pour gagner mon pain et cela vaut mieux que la mendicité » déclare-t-elle.
Muni d’un sac tissé dans lequel se trouvent ses articles à vendre, notamment des tissus et pagnes koko donda), Samira se dirige vers la sortie de la maison où est garé son engin à deux roues. Déposant le sac à terre et prenant appui sur ses béquilles, elle monte sur son moyen de déplacement.
Reprenant son sac et tenant les béquilles par la main gauche, elle les utilise pour mettre les vitesses de sa vieille moto. Direction, le maquis où elle va proposer ses articles aux clients. Là aussi, Samira est confrontée aux regards des gens et déplore le manque de toilettes pour les personnes en situation de handicap dans certains lieux publics. « Lorsque j’arrive dans un lieu où il y a plein de personnes, elles me regardent et même en circulation. Et cela me dérange », déplore la jeune dame.
Toutefois, dans certains cadres comme les cérémonies, elle est assez bien intégrée. « A ce niveau, comme les gens ont remarqué que je ne suis pas paresseuse et que je me bats, quand il y a quelque chose à faire, on m’associe » glisse-t-elle à notre micro avec un léger sourire.
Comme toute bonne mère, dame Bibata Kiemtoré, la mère de Samira Zabré accompagne sa fille dans cette situation douloureuse qu’elle traverse à travers des conseils pour qu’elle ne sombre pas face aux difficultés.
« Comme elle n’était pas ainsi et que c’est arrivé, elle est constamment triste. Quand je remarque qu’elle n’est pas contente, je lui demande ce qu’il y a et je m’arrange à ce qu’elle retrouve le morale » confie-t-elle.
Nonobstant son handicap, il arrive des jours où Samira tend la main à ses parents et sa mère ne cesse de prier le bon Dieu pour qu’elle trouve une issue meilleure que celle-ci.
Certes, Samira Zabré est une femme battante malgré son handicap. Mais selon sa génitrice, la situation aurait été le contraire, si la famille était économiquement stable. « Elle est devenue handicapée et comme nous ne sommes pas économiquement stables sinon ce n’est pas du tout simple », dit-elle.
Adama Kiemdé fait partie des rares personnes à encourager Samira Zabré dans sa lutte. C’est un client qui partage la peine de Samira. Pour lui, le commerce de la jeune fille est un signe de combativité et elle est à encourager. « C’est vrai que le pagne me plaît bien. Mais, j’ai ressenti une sorte de compassion quand je l’ai vue. Elle est handicapée et elle se bat. Comme elle refuse de mendier, il est normal que nous lui apportions notre soutien en l’encourageant de cette manière », soutient-il.
Ambitieuse et courageuse, Samira espère une vie meilleure. Ce qui lui est difficile avec le petit commerce de pagnes qu’elle mène. « Je n’arrive pas à faire de l’économie. Mon commerce est juste une manière de me débrouiller », regrette-t-elle.
Malgré les difficultés de la vie, Samira demeure forte. Elle ne désire que l’amélioration de sa condition de vie car le commerce qu’elle fait ne lui permet pas encore d’être autonome. « Je souhaite que ma vie s’améliore » lance-t-elle.
Forte de caractère, elle garde haut le morale, même s’il lui arrive parfois l’envie de baisser les bras quand elle pense à sa situation. Mais heureusement, avoue-t-elle, il y a toujours quelqu’un pour lui remonter le morale : sa mère en est l’exemple parfait.
Abdoulaye Ouédraogo
Fabrice Sandwidi