Harceler ou se faire harceler, deux visages de la violence. Chez l’enfant, cette situation peut engendrer des conséquences graves sur sa santé et sa vie au quotidien. Partant de là, elle affecte les parents également. Dans cette seconde partie de son interview, Fatima Adé, Inspecteur d’éducation spécialisée et formatrice aux métiers de la petite enfance et du handicap attire l’attention des uns et des autres sur un problème majeur qui mine la société.
Quels signes chez l’enfant doivent nous alerter ?
Voici des signes qui peuvent indiquer la présence d’un harcèlement, afin de vous aider à identifier le problème et à agir rapidement.
Un changement soudain de comportement chez l’enfant peut être parlant. Tous les enfants sont différents. Mais, si par exemple, un enfant timide devient insolent, s’il a brusquement perdu des amis ou s’il évite un groupe d’amis (camarades, ne souhaite plus interagir avec ses camarades, semble triste, préoccupé). Aussi, quand il sursaute au moindre bruit, cela veut dire qu’il est en hyper vigilance permanente.
Il peut perdre l’appétit. Assurez-vous de demander si l’enfant mange à l’école et à la maison, observez-le de façon méticuleuse ! Quand un enfant très expressif devient silencieux, quand l’enfant refuse d’aller à l’école.
En cas de harcèlement, l’école est le lieu de tous les dangers. S’il est harcelé, il peut bien souvent se plaindre d’avoir abimé ses vêtements, il perd régulièrement ses affaires. La perte du matériel nous dit plusieurs choses : le risque de racket, le fait qu’on ait abimé son matériel ou encore le signe d’un désinvestissement scolaire. Ne pas vouloir remplir son cartable, c’est aussi dire qu’on ne veut pas aller à l’école. Quand il a également de mauvaises notes.
Un bouleversement dans les résultats n’a rien d’anodin. Si votre enfant a toujours été bon élève mais, qu’il délaisse ses cahiers, ne participe plus en classe, multiplie les retards, cumule les absences, refuse de faire ses devoirs, c’est peut-être le signe qu’il est déconcentré par des comportements violents ou un truc dérangeant à l’école. Quand l’enfant a des problèmes de santé, c’est un autre signe.
Le harcèlement scolaire peut déclencher de nombreux maux somatiques tels que mal au ventre ou à la tête, vomissements etc. La nuit, il est possible que votre enfant rencontre des difficultés à s’endormir, qu’il dorme mal ou qu’il fasse des cauchemars.
Son rapport avec le téléphone est aussi à prendre en compte. Aujourd’hui, le harcèlement scolaire, c’est aussi à la maison. A cause du téléphone, à travers les sms, les messages sur Facebook, les vidéos Tiktok ou les Snapchat.
Si vous avez un adolescent qui a un téléphone et vous constatez qu’il a le visage fermé, son téléphone en main, qu’il semble bouleversé à chaque fois qu’il passe du temps en ligne ou qu’il sursaute dès qu’il reçoit une notification, il est peut-être victime de cyber harcèlement.
Nous rappelons qu’il est impératif d’accompagner vos enfants dans le numérique le plus possible. Ceci passe par le « Contrôler ce qu’ils font, avoir accès à tous leurs comptes, lire les commentaires qu’ils laissent et faire ce qu’on appelle des maraudes numériques afin de voir ce ce que voit son enfant.
Que faire en cas de harcèlement scolaire ? Comment réagir ?
Quand votre enfant arrive à se confier, la première chose à faire est bien évidemment de l’écouter.
On le croit et le rassure. Expliquons-lui que ce qu’il subit n’est ni normal, ni de sa faute ! Assurons-lui qu’on est là et qu’on réussira à trouver une solution. On peut lui demander quelles solutions, il a en tête, s’il sait ce qu’on peut faire. S’il ne sait pas, c’est pas grave, on pourra en reparler plus tard.
Contactez l’établissement scolaire ! Il est nécessaire de parler de la solution avec l’établissement de notre enfant. Prenez soin de rassembler toutes les preuves que vous pouvez avoir ! Évitez surtout de vouloir régler vous-même la situation, en menaçant l’autre enfant incriminé ou en l’intimidant ! Les choses peuvent facilement déraper et vos actions peuvent vous conduire en prison.
Enfin, retenez chers parents, que même si la souffrance est réelle, elle ne se voit pas toujours. Un enfant peut vouloir dissimuler ce type de pensée et « avoir l’air très souriant à la maison, très heureux. Ce qui rend le harcèlement difficile à repérer »
Entretien réalisé par Françoise Tougrya