En vue de faire l’état des lieux de la contribution financière et de l’engagement des entreprises en matière de responsabilité sociale notamment dans le volet santé, l’Organisation pour de Nouvelles initiatives en Développement et Santé (ONIDS) a convié les journalistes, ce 28 décembre 2023, à une restitution des résultats d’une étude. Laquelle étude porte sur la responsabilité sociale des entreprises dans le domaine de la santé. Elle est menée auprès de 190 entreprises au Burkina Faso.
L’Organisation pour de Nouvelles initiatives en Développement et Santé (ONIDS) a rendu officiel les résultats d’une étude sur la responsabilité sociale de l’entreprise liée au financement de la santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale, de l’Enfant et de l’Adolescent, et de Nutrition (SRMNEA-N), au Burkina Faso. De cette étude, il ressort que les entreprises financent la santé, au Burkina Faso. « Lorsque nous faisons une analyse temporelle, de 2011 à 2021, on est passé de 10.7 milliards de francs à 26.5 milliards de francs CFA. Cependant, lorsque nous analysons le financement de SRMNEA-N, ce financement représente 0.3% de ces dépenses », a indiqué Dr Nassa, consultant. De plus, il a signifié que les entreprises optent d’investir dans des domaines où elles ont plus de visibilité. Raison pour laquelle, la santé est délaissée au profit d’autres secteurs.
Dr Nassa a relevé le manque de redevabilité envers les donatrices. Une situation qui peut créer une crise de confiance car certaines entreprises veulent avoir les traces des dépenses tandis que d’autres financent la santé mais, préfèrent garder l’anonymat.
Au regard de ces indicateurs, le consultant estime qu’il est nécessaire d’aller vers un plaidoyer afin de mobiliser davantage les ressources financières et de générer la transparence dans la gestion. Une telle démarche vise non seulement, à encourager les entreprises déjà lancées dans cette dynamique et aussi, à sensibiliser les autres entreprises à emboîter le pas. Cela a également l’avantage de les motiver à continuer leur geste voire augmenter le montant du financement. A l’endroit des entreprises qui hésitent encore à mettre la main dans la poche, l’ONIDS saisit l’occasion pour leur montrer le bien-fondé de financer.
Le consultant a mentionné le vide juridique et judiciaire autour du cadre réglementaire de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Selon Dr Nassa, en termes de pratique, la RSE au Burkina n’est pas clairement connue d’où le besoin de mener des actions de promotion dans ce sens.
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L’étude a également révélé que les entreprises font face à des défis économiques et financiers. « Nous avons vu que la pandémie de la Covid et la guerre de l’Ukraine ont engendré des instabilités économiques dans de nombreux pays, la volatilité des monnaies d’échanges, un accès difficile aux financement… Cela a contribué à réduire les financements des entreprises en faveur de la santé », a-t-il expliqué. A cela s’ajoute l’insuffisance des ressources financières.
En outre, certaines entreprises jusque-là n’ont toujours pas défini la responsabilité sociale à leur niveau ou ignorent clairement la démarche RSE. De ce fait, il faut instaurer des échanges avec celles qui sont inscrites dans la démarche RSE, les encourager et les amener à partager leur expérience, leur réussite avec leurs collègues. Puis, les orienter vers la thématique de la santé maternelle, néo-natale et juvénile, de l’adolescent et aussi de la nutrition. Le consultant suggère de renforcer l’étude pour avoir des données plus solides et faire le plaidoyer à l’endroit des structures étatiques.
« Il y a eu beaucoup de progrès pour la réduction de la mortalité maternelle, infantile et néo-natale, juvénile et tout ce qui concerne les aspects de la nutrition. Cependant, nous sommes encore très loin d’atteindre les objectifs et les cibles que nous nous sommes fixés. Nous avons voulu mobiliser les entreprises privées parce que beaucoup ne sont pas engagées pour les questions de responsabilité sociale. Elles ne savent pas ce que cela renferme », a soutenu Clémentine Koussouho, directrice exécutive de l’ONIDS.
La présente étude entre dans le cadre du projet « Agir pour une responsabilité sociale accrue des entreprises privées en matière de financement de la Santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale, de l’Enfant et de l’Adolescent, et de Nutrition (SRMNEA-N) au Burkina Faso ». Il est financé par Population Action international (PAI) pour une durée de 12 mois à compter de janvier 2023.
Françoise Tougry