Depuis plus de 40 ans, le Sida et le Vih-Sida (Le virus de l’immunodéficience humaine-Syndrome d’Immunodéficience acquise) font des victimes au nombre desquelles, des hommes, des femmes et des enfants. En mémoire de toutes ces pertes qui ont endeuillé des familles, le 1er décembre est célébré, Journée mondiale de lutte contre le Sida. C’est dans ce cadre que le Réseau des Médias africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) a organisé un webinaire au cours duquel, le rapport de l’ONU Sida a été dévoilé.
Le rapport rendu public, ce mardi 28 novembre 2023 sous le thème « Confier le leadership aux communautés », a mis en lumière, le rôle essentiel des communautés face aux obstacles qui se présentent à elles quand il s’agit de sauver des vies et de mettre fin au Sida.
Les chiffres font froid dans le dos
39 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH soit plus de 1.5 millions d’enfants de 0 à 14 ans, révèle le rapport. En outre, 1.3 millions de personnes sont infectées au VIH et 630 personnes sont mortes de maladies liées au Sida.
En ce qui concernent les nouvelles infections VIH, a indiqué la directrice régionale de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC), Hélène Badini, le taux a été réduit de 59% depuis 1995. Les femmes et les jeunes filles représentent 96% de l’ensemble des nouvelles infections.
Elle ajoute « En Afrique de l’Ouest et du Centre, nous avons 21 millions de personnes qui vivent avec le VIH, 440 mille nouvelles infections au VIH, au niveau des adultes de 15 ans et plus, 58 mille cas de VIH chez les enfants. En matière de couverture régionale de traitement, on note 82% parmi les PV VIH (Personnes vivant avec le VIH) ».
La situation est alarmante chez les enfants. Ainsi, 37% des PV VIH sont des enfants de 0 à 14 ans. « Ce qui veut dire que 2/3 des enfants ne bénéficient pas du traitement ARV, un des grands défis de la région AOC », a martelé Hélène Badini. Ces derniers n’ont pas accès au traitement dans la mesure où leurs mères n’ont pas fait le dépistage. Dans l’autre cas, ces génitrices ignorent totalement leur statut sérologique. Hélène Badini poursuit « Une femme séropositive ou allaitante ne bénéficie pas de traitement antirétroviral ».
A écouter la directrice, près de 120 000 femmes ont contracté le VIH pendant la grossesse ou l’allaitement et n’ont pas été prises en compte dans le dépistage prénatal précoces du VIH.
La stigmatisation est l’un des premiers défis en matière d’accès aux soins. Du coup, les malades sont réticents quant à la fréquentation des centres de santé. « Malgré les avancées majeures dans la réponse au SIDA, la lutte contre la maladie continue. Il ne faut pas baisser la garde », a-t-elle conseillé
Une lueur d’espoir
Comme acquis engrangés, Hélène Badini a mentionné l’accès aux médicaments antirétroviraux génériques qui a permis de réduire l’incidence significative et durable par rapport au coût du traitement. En effet, il est passé de 25 mille dollars par personne et par an en 1995 à moins de 70 dollars aujourd’hui, dans beaucoup de pays surtout, les pays les plus touchés. De plus, les ARV sont maintenant accessibles et gratuitement pour certains pays.
Les communautés sont aussi actives dans les prestations de services., la prévention, la prise en charge, le suivi communautaire, etc. Hélène Badini a cité comme structure modèle de nombreux mouvements et associations à l’image de l’Association des Femmes vivant avec le VIH (basée au Sénégal) qui, pendant la Covid-19 n’a pas hésité à utiliser des pirogues, à braver le danger pour apporter des médicaments à leurs paires devant leurs portes car ces personnes étaient dans le besoin.
Ces communautés regroupent des jeunes, des femmes dans les quartiers, es leaders coutumiers et religieux, les personnes vivant avec le VIH, les organisations formelles et informelles… qui se battent pour apporter l’information juste, à la réponse adéquate contre cette maladie. La mobilisation des communautés a permis selon Hélène Badini, d’opérer des changements politiques inespérés.
Françoise Tougry