À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles, le réseau régional de femmes activistes du Sahel(Elles du Sahel), a dans une déclaration parvenue à notre rédaction, invité les gouvernements et parlements des pays du Sahel à œuvrer pour l’élimination des violences basées sur le genre. Dans cette déclaration que vous pouvez lire dans les lignes qui suivent, elles appellent à une action concertée pour renforcer le rôle des femmes et des filles dans la consolidation de la paix dans la région du Sahel.
Nous les Elles du Sahel, un réseau régional de femmes activistes du Sahel soutenu par des alliés au niveau international, qui œuvre pour la promotion des droits des filles et des femmes de l’espace Sahel, nous réunissons en cette journée internationale pour réaffirmer notre engagement en faveur de la justice en matière de genre et appeler à une action urgente pour éliminer les violences basées sur le genre.
Ce faisant, nous joignons notre voix à celle de nos sœurs du monde entier, des organisations internationales, régionales et nationales pour rendre un hommage mérité à toutes les personnes qui se sont illustrées dans la lutte pour la protection des droits des femmes et des filles.
Les violences basées sur le genre sont une tragédie omniprésente et profondément ancrée qui touche les femmes et les filles de tous âges, de toutes origines et de tous statuts socioéconomiques. Elle prend de nombreuses formes, y compris la violence physique, émotionnelle et sexuelle, et perpétue l’inégalité et la discrimination à l’égard des femmes et des filles.
Dans la région du Sahel, les violences basées sur le genre sont particulièrement répandue et complexe, exacerbée par les conflits, les déplacements forcés et le changement climatique.
Les femmes et les filles sont confrontées à des défis importants, notamment le mariage d’enfants, le mariage forcé, les mutilations génitales féminines, le trafic humain, l’accès limité à l’éducation et aux opportunités économiques, l’exclusion des processus décisionnels, etc. Ces graves violations des droits humains affectent non seulement les individus, mais aussi les communautés et la société dans leur ensemble.
Cette dynamique doit changer ! Et nous sommes plus que jamais interpellés en ces moments de fragilités à œuvrer individuellement et collectivement à ce changement en engageant toute action de prévention et en réaffirmant qu’aucune violence envers les femmes ne saurait être justifiable, ni ne devrait être tolérée !
Par conséquent, nous appelons les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et toutes les parties prenantes à prendre des mesures urgentes pour éliminer les violences basées sur le genre. Les violences ne sont pas inéluctables ; leur prévention est non seulement possible, mais bien plus que nécessaire.
Nous demandons aux gouvernements et parlements des pays du Sahel :
1. Le renforcement des lois et des politiques pour prévenir et répondre aux violences basées sur le genre autour des quatre domaines d’action clés : financer, prévenir, répondre et collecter les informations sur les violences faites aux femmes et aux filles.
2. Combler la remédiation aux promesses non tenues et les lacunes dans la mise en œuvre des conventions et lois visant à réprimer toutes les formes d’atteintes et d’abus aux droits des femmes.
3. L’augmentation accrue d’investissements dans l’éducation des filles, car l’éducation leur permet d’acquérir des connaissances, des compétences et de la confiance en elles, ce qui leur permet de faire valoir leurs droits, de prendre des décisions en connaissance de cause et de résister aux normes sociales qui perpétuent les violences et la discrimination.
4. L’amélioration de l’accès aux soins de santé, y compris les droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR), car elle s’attaque aux causes profondes des violences en promouvant l’égalité des genres, l’autonomie, et permet aux survivants d’accéder aux services de santé essentiels et à la contraception, afin de les aider à se rétablir et à reconstruire leur vie.
5. Veiller à mettre l’accent sur les femmes et filles déplacées et répondre à leurs besoins et vulnérabilités spécifiques, car elles sont touchées de manière disproportionnée par les violences basées sur le genre, et sont souvent victimes d’exploitation, de trafic humain et d’autres formes de violence.
6. La prise en compte de l’impact du changement climatique, qui affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles, notamment par des initiatives qui promeuvent l’agriculture durable, les énergies renouvelables et le renforcement de la résilience.
7. Le renforcement de la coopération et la solidarité internationales pour s’attaquer aux causes profondes des violences basées sur le genre, particulièrement la pauvreté, l’inégalité et la discrimination. Nous nous engageons également à jouer un rôle actif dans la lutte contre les violences basées sur le genre.
Nous travaillerons ensemble pour mobiliser les communautés nationales, régionales et internationales et soutenir les initiatives qui promeuvent les droits des femmes. Nous demandons instamment à chacun de se joindre à nous dans cet effort et d’être solidaire en cette journée internationale et chaque jour, jusqu’à ce que les violences basées sur le genre soit éliminée.
Ensemble, nous pouvons créer un monde où toutes les femmes et les filles vivent à l’abri de la peur et des violences et peuvent réaliser leur plein potentiel.
Signé au nom des Elles du Sahel Les coprésidentes Edwige Ninon Sankara & Lou Compernolle