Née de la volonté de promouvoir les femmes de la région du Centre-Est et leur autonomisation économique, la coopérative simplifiée Song Taaba est une société de production et de transformation des produits forestiers non ligneux et agro-alimentaires. Officialisée en 2020 avec un siège au secteur 1 de Tenkodogo, la coopérative emploie aujourd’hui, plusieurs femmes de la région.
Tout a débuté en 2015 lorsque Dame Larba Tarnagda Nagalo décide d’accompagner son mari dans une nouvelle aventure à Tenkodogo. Grâce à ses connaissances préalables des méthodes de production et de transformation des amandes de karité, elle décide de réunir les femmes de Tenkodogo pour leur présenter un projet prometteur. Cette démarche a suscité l’adhésion enthousiaste de 25 femmes, donnant ainsi naissance à la coopérative Song Taaba, qui signifie l’entraide en langue nationale Mooré.
Song Taaba propose une gamme de produits à base d’amande de karité et agro-alimentaires tels que le beurre de karité, le savon à base de beurre de karité, la pommade à base de beurre de karité. Il y a aussi des grumeaux de bouillie à base de sorgho rouge, des biscuits à base de petit mil, du couscous à base de maïs, du soumbala, le savon liquide, les détergents.
Avec des équipements de transformation modernes et respectueux de l’environnement, l’entreprise dispose d’une main-d’œuvre qualifiée pour la transformation des produits et de la matière première à travers ses partenaires qui sont en partie des agriculteurs. C’est ce qui constitue sa force et lui permet de garantir la qualité de ses produits, convoités par les clients.
Pour instaurer la discipline et un traitement équitable du personnel de la structure, un règlement intérieur est établi et s’applique à tous les membres de la coopérative sans exception. Une cotisation annuelle de 5000 francs s’impose à tout membre, et les frais d’adhésion s’élèvent à 10000 francs. Avec une équipe forte de plus de 40 employés dont 2 hommes, le bureau exécutif de l’association est composé de 5 femmes dont Larba Tarnagda Nagalo en est la première responsable, la secrétaire, Mariam Zombra, la trésorière Florence Keré et la commission de surveillance des travaux dirigée par Téné Ouelgo.
L’inclusion sociale, le leitmotiv de la coopération Song Taaba
L’entreprise promeut activement l’inclusion sociale en encourageant l’émancipation des femmes au sein de notre communauté et en adhérant à une politique de genre égalitaire. Dans sa logique d’autonomisation économique des femmes, Song Taaba a permis la création d’emplois stables et équitables pour les femmes de la région. Elle investit aussi dans la formation des membres de la coopérative, ce qui permet à ces femmes de développer des compétences. « Je suis fière d’avoir intégré la coopérative Song Taaba, parce que j’acquière de nouvelles connaissances. Avant, on ne savait pas qu’avec du mil on pouvait par exemple fabriquer du biscuit. Aussi, nous arrivons à prendre en charge certaines dépenses car je peux gagner plus de 50000 francs par mois en fonction de la production et des ventes. », témoigne Balguissa Gouba, membre de la coopérative Song Taaba.
Au-delà de la mission qu’elle s’est assignée, la société de production a contribué à l’augmentation des revenus des agriculteurs tels que ceux qui collectent les amandes de karité, les fournisseurs de céréales tels que le maïs, le petit mil, le sorgho rouge et bien d’autres produits.
Sur le plan environnemental, la production est durable et respectueuse de la nature. Elle minimise les déchets et favorise la biodiversité en préservant les karités dans la région du Centre-Est. « Comme nous sommes dans la production du beurre de karité, nous faisons tout pour préserver ces arbres dans la région et la plantation d’arbres à karité. Nous faisons aussi la pépinière des arbres à karité. », explique la présidente de la coopérative Song Taaba.
La coopérative Song Taaba entretient des liens étroits avec la communauté locale et travaille en partenariat avec la Direction régionale de l’Environnement, les microfinances, la mairie et les autorités régionales, ainsi qu’avec les agriculteurs qui fournissent la matière première.
L’écoulement de la production se fait par livraison au sein de la commune, dans les alimentations, avec les consommateurs locaux et avec les grossistes qui exportent hors du Burkina Faso. Il y a également ceux qui fabriquent des produits cosmétiques qui viennent s’approvisionner avec les produits de Song Taaba pour transformer en d’autres produits afin de revendre à leurs clients. C’est ce qui permet à l’entreprise de réaliser un chiffre d’affaires annuel variant entre 25 à 30 millions. « Avec nos différentes activités, l’augmentation de notre chiffre d’affaires varie selon le moment et selon les années aussi » précise Larba Tarnagda Nagalo, présidente de Song Taaba.
L’implantation d’un parc à karité en perspective
Dans les 3 prochaines années, la coopérative Song Taaba entend augmenter sa capacité de production à travers l’élargissement de la structure, la réalisation des infrastructures pour répondre aux normes de la production et pour que les produits soient certifiés. Elle prévoit également l’implantation d’un parc à karité en quantité suffisante.
Pour ce faire, elle sollicite l’accompagnement des autorités du pays. « Nous demandons au gouvernement de nous aider avec des formations techniques pour améliorer nos compétences. Nous avons également besoin de financement pour développer nos capacités de production et d’un réseau pour favoriser l’écoulement de nos produits. », souhaite la présidente.
Elle émet également le souhait que les populations locales puissent être sensibilisées sur la préservation et l’entretien des karités qu’elle nomme « le cacao du Burkina ». Pour elle, les bonnes pratiques de la cueillette du karité, de l’entretien des noix et des amandes de karité doivent être connues des populations.
Saïbata Guiro