La satisfaction du client n’a pas de prix à ses yeux. Talentueux et ambitieux, Gaétan Junior Ouédraogo a réussi à s’imposer dans le milieu des arts plastiques au Burkina. Autodidacte, il marque 20 ans d’expériences dans les illustrations et les dessins. Un savoir-faire qui laisse des empreintes dans l’histoire de la troisième édition de « Ma ville en peinture ».
Grand de taille, teint noir, barbu, Gaétan Junior Ouédraogo est habillé en costume noir blanc, le tout couronné d’une montre au bras gauche. Les mains croisées à l’avant, il donne l’air d’un homme de tenue. Mais, derrière cette silhouette, ce regard et cet air timide se cache un génie de la peinture. En effet, Gaétan Ouédraogo porte plusieurs casquettes. Il est gestionnaire commercial, illustrateur, designer, dessinateur et graphiste.
Avant de faire ses premiers pas dans le portrait, Gaétan Ouédraogo a suivi une formation en marketing et gestion commerciale à l’université urbaine, ex-ISIG. A l’issue de sa formation en licence dans les années 2017-2018, il se rend à l’évidence.
Le déclic
Entre la théorie et la pratique, le fossé est grand. Des cours sur le packaging, la communication… en passant par l’élaboration du packaging en entreprise, c’est un véritable casse-tête. « Le packaging, c’est l’emballage, c’est-à-dire le contenant et le design de l’emballage du produit afin d’attirer le regard du consommateur ou de la cible vers le produit », souligne-t-il.
De là, naît le déclic. « C’est suite à cela que je me suis formé dans le domaine de l’infographie, grâce à des cours sur YouTube. Avant tout, je suis autodidacte », mentionne-t-il. Un choix qui le conduit dans la communication d’entreprise d’abord avec Bafa Com, un département de Bafa Tech où il passe deux ans, ensuite, six mois en tant que directeur artistique à Yamba Digitale Hub. Puis, il travaille à son compte personnel pendant un an et demi avant de rejoindre Focus group où il met ses compétences de designer graphiste au service de cette structure durant trois ans. Aux termes de ces trois ans, il décide de se lancer.
A présent, Gaétan Ouédraogo se sent assez prêt pour affronter le marché de l’entreprenariat car depuis l’université, il avait déjà installé les bases de son entreprise. « J’avais commencé les portraits, histoire de tester le marché et voir comment ça se déroule si bien que maintenant, nous proposons différents types de portraits faits à la main, de manière digitale et sur toile. Nous avons également pu implémenter différents types de services », signifie-il.
Gaétan Ouédraogo affirme que le métier nourrit bien son homme. A une condition, mettre de la volonté, du sérieux et de la persévérance dans le travail. A l’écouter, les trois premières années sont généralement semées d’embûches que l’on risque de jeter l’éponge. « Mais, quand toutes les bases sont établies, quand on a la ligne directrice et réussi à l’aménager, on avance. Malgré les hauts et les bas, il y aura toujours des entreprises qui vont générer ce besoin », se réconforte-t-il.
Depuis le mardi 3 octobre 2023, son stand ne se désemplit pas. « Nous avons beaucoup de visiteurs tous les jours. Aux environs de 10h, pendant la pause, les établissements qui sont à proximité viennent faire un tour avec les élèves. Ensuite, à midi, certains parents passent avec leurs enfants, ils s’essaient à la peinture. En soirée, à partir de 18h, nous avons de l’affluence jusqu’à minuit », développe-t-il.
Son travail consiste à illustrer le rêve des gens à travers les portraits, des images qui racontent une histoire, qui passent un message. « Chaque fois que la personne verra son portrait le matin, accroché sur son mur ou dans son bureau, c’est une source de motivation pour cette dernière », dit-il. En matière de communication, il réalise des portraits pour les covers d’artistes (couvertures d’album et livres). Dans ce sens, il a cité ses illustrations en faveur du concert de miss Tanya.
« Certains hommes commandent un portrait pour leurs épouses »
Dans le travail de Gaétan Ouédraogo, la femme et la jeune fille occupent une place importante. En effet, il aborde énormément la thématique de la femme notamment lors la fête des mères et le mois d’octobre encore appelé mois rose (mois dédié au cancer du sein). Période au cours de laquelle, il réalise des illustrations pour les pages facebook.
Dans le cadre des anniversaires, on note deux aspects. D’une part, les clientes offrent les portraits à des proches ou des collègues sous forme de cadeau. D’autres part, des clientes les prennent pour elles-mêmes, de façon ordinaire.
Concernant les mariages, certains hommes commandent un portrait pour leurs épouses ou pour une sœur. Dans de pareilles situations,
Gaétan Ouédraogo regarde l’âge et la religion parce que, dit-il, c’est très sensible. Le portrait peut être accompagné soit d’une bouteille de vin, d’un coupon ou d’un billet pour aller au restaurant. Mais, tout va dépendre du type de commande et de l’occasion.
« Il faut être un bosseur »
Gaétan Ouédraogo a 20 ans d’expériences dans les illustrations et les dessins, neuf ans dans le domaine des portraits. A cela s’ajoutent, sept ans dans la communication digitale.
Selon ce talentueux peintre, le métier nécessite beaucoup de qualités et d’aptitudes. « Il faut être un bosseur. Face à la fatigue, aux obstacles ou bien un matériel endommagé, il faut trouver des solutions idoines pour pouvoir avancer. Sans ça, si on attend que tout vienne à nous, on ne va jamais commencer », détaille le graphiste.
Réaliser un portrait mobilise de l’énergie et du temps, une semaine, deux semaines voire un mois. Or, Gaétan Ouédraogo le fait en sept heures maximum qu’il soit digital ou sur toile. Pour le portrait fait au crayon, au regard de tous les détails à prendre en compte, il sollicite cinq jours maximum, aux clients. Le travail fini, il passe à la livraison en s’assurant que le produit lui convient. « Si le client n’est pas satisfait, on fait les amendements. Le client est toujours roi. Ce n’est pas l’argent qu’on vise, c’est la satisfaction du client », précise-t-il.
Gaétan Ouédraogo estime que « Ma ville en peinture » est une belle initiative. Elle permet non seulement d’initier ce qu’on pourrait qualifier de profanes, à la peinture, à l’illustration ou au dessin. Elle est aussi, une excellente plateforme qui permet aux artistes plasticiens, illustrateurs, peintres, dessinateurs, de présenter leurs œuvres, de voir un public nouveau, de rencontrer des cibles nouvelles et apprendre des autres artistes. « Parce qu’on n’est jamais parfait soi-même. On continue toujours de s’améliorer », argumente-t-il.
Françoise Tougry