Accentuer la prise de parole des femmes dans les médias, telle est l’initiative portée par le média Mousso News, sous l’égide de l’Organisation non gouvernementale OXFAM Burkina. Il s’agit d’un cadre d’échanges entre journalistes et femmes leaders. La rencontre qui s’inscrit dans le cadre du projet Voix et Leadership des Femmes (VLF) a eu lieu, ce 12 octobre 2023 à Ouagadougou. L’objectif est de présenter la problématique de la prise de parole des femmes dans les médias.
Parti du constat que les femmes sont peu représentées dans l’univers médiatique, il est opportun de trouver des solutions idoines pour combler ce vide. C’est ce qui a conduit Mousso News et ses partenaires à organiser l’atelier de ce 12 octobre. Une quinzaine de journalistes et une quinzaine de femmes leaders y ont pris part.
Afin de trouver des réponses à la problématique de la prise de parole des femmes dans les médias, la difficulté d’approcher les femmes et pourquoi une réticence à accepter de prendre la parole dans les médias, deux panélistes ont apporté leur contribution. Il s’est agi de Françoise Tougry, rédactrice en chef du journal Queen Mafa et Michel Nana, journaliste aux éditions Le Pays.
Dès l’entame, la directrice de publication de Mousso News Bassératou Kindo a précisé que cet atelier est un instant de vérité entre les journalistes et les femmes leaders, pour qu’ils puissent discuter du « Pourquoi les femmes s’expriment peu dans les médias ? ».
Les deux panélistes ont fait des communications portant sur le thème et des partages d’expériences. Il ressort de ces échanges qu’il faut de l’équité et non de l’égalité dans la prise de parole dans les médias.
Pour Michel Nana, plusieurs raisons sont à la base de l’absence des femmes dans les médias. Il y a la difficulté de crédibilité. A l’écouter, lorsqu’un homme parle, il y a moins de difficultés à croire en ses propos par rapport à ceux d’une femme. A cela s’ajoutent, l’application à minima des textes en matière de genre, la difficulté à trouver des femmes disponibles à s’exprimer dans les médias et le manque d’influence des femmes journalistes.
Quant à dame Françoise Tougry, elle a signifié que les difficultés se situent aussi du côté du mari ou du conjoint car certaines femmes ont besoin de l’autorisation de leur partenaire avant d’afficher leur présence dans les médias. Elle a aussi relevé le problème du complexe physique qui pousse beaucoup de femmes à ne pas vouloir s’afficher.
« Lors du conseil des ministres, dans les nominations, vous trouverez des profils que vous recherchez pour un sujet. D’abord, vous allez fouiller en vain, aucune photo pour illustrer la nomination », a-t-elle indiqué avant de poursuivre « Ensuite, si vous ne savez pas qui se cache derrière ces compétences, il est difficile entrer en contact avec elle pour solliciter ses services, à moins que vous ne la connaissiez personnellement ou que vous connaissiez la structure dont elle relève ».
Face à ces difficultés, il y a eu une série de propositions pour accentuer la prise de parole des femmes dans les médias. On note la recherche et la documentation du phénomène de la prise de parole des femmes dans les médias, la sensibilisation des médias sur le genre, l’accompagnement des femmes qui dirigent des médias etc…
Aux termes de ces échanges, le panéliste Michel Nana s’attend à ce que les femmes leaders associent les médias à leurs activités. « En regardant le profil des participantes, il y a des femmes leaders, des femmes qui occupent des postes de responsabilités dans les structures et l’idée est de permettre à ces femmes une fois retournées dans leurs lieux de travail, qu’elles puissent tenir compte des médias dans leurs activités. Souvent, les médias veulent des femmes pour s’exprimer sur des sujets divers mais, les femmes ne sont pas toujours disponibles pour plusieurs raisons », a-t-il déclaré et à la journaliste Françoise Tougry de lancer une invite aux femmes à la formation de la prise de parole en public.
« Je saisis vraiment l’occasion pour inviter les femmes à se former à la prise de parole en public. N’attendez pas d’occuper un poste avant de vous former ! (…) Si vous occupez un poste de responsabilités, vous êtes dans l’obligation d’affirmer votre leadership et de travailler avec les médias », a-t-elle souligné.
Selon Wassa Traoré dit coach Lady Wassa, consultante, le présent atelier lui a permis de découvrir le contexte de cette problématique et les causes réelles. » J’ai eu les réponses adéquates pour mieux cerner le phénomène à travers la pluralité des interventions et des invités. J’ai appris les raisons qui poussent les femmes à ne pas vouloir prendre la parole dans les médias, tels que les pesanteurs sociales, le manque de confiance en soi et autres raisons connexes », a-t-elle confié. La formatrice et conférencière a souhaité la mise en pratique des recommandations faites sur place. Elle suggère d’ailleurs de communiquer plus afin de motiver les femmes à sortir de leur zones de confort et à se former réellement.
En rappel, Mousso News est un média en ligne, lancé en 2022 et engagé pour la promotion et la valorisation des initiatives des femmes.
Fabrice Sandwidi (Stagiaire)