A 27 ans, Ousmane Ouédraogo, jeune burkinabé ambitionne de marquer son nom dans les annales de la gastronomie burkinabè, plus particulièrement dans la pâtisserie. Certes, il n’a pas de diplôme dans le domaine, mais il a une passion qui le pousse à se dépasser, à s’imposer progressivement dans un univers souvent réservé aux femmes. Même s’il a encore du chemin à faire pour concrétiser son rêve d’ouvrir un restaurant et une pâtisserie, le jeune entrepreneur y croit fermement.
Né à Bobo-Dioulasso, Ousmane Ouédraogo, jeune homme de 27 ans exerce dans le secteur de la cuisine et la pâtisserie, de façon informelle.
Rien ne le prédestinait pourtant à ce métier. « Ma mère faisait des petits gâteaux les matins et je l’assistais souvent. Ça ne m’a jamais traversé l’idée de devenir pâtissier. J’appréciais sa manière de faire. Hormis le fait d’aller chercher la farine, je n’ai jamais fait la pâte pour elle. Cependant, je suivais de près, ce qu’elle faisait », déclare Ousmane Ouédraogo.
En 2011, il interrompt son cursus scolaire en classe de 4e et se tourne vers la cuisine. Pour ce faire, il choisit de renforcer ses capacités et c’est auprès de Giovanni Dah Silva, dans un restaurant italien qu’il reçoit son baptême de feu. Sa première formation se passe à Bobo, en 2013.
« C’est lui qui m’a permis de découvrir ce qu’est la cuisine, un domaine où on ne peut pas finir d’apprendre. Quand on parle de la cuisine, il y a celle que nos mamans font et la grande famille de la cuisine, la gastronomie. C’est en ce moment que l’idée m’est venu en tête et je me suis dit pourquoi ne pas me lancer », justifie-t-il.
Après avoir amélioré son niveau, il fait une pause en vue d’élargir son champ d’action. Ousmane change de fusil d’épaule et vaque à d’autres occupations. Toujours attiré par l’art culinaire, il revient à son point de départ. Mais, cette fois-ci, il s’intéresse à la pâtisserie.
« En ville, les gens n’ont plus le temps de cuisiner. Ils mangent plus au dehors qu’à la maison. Et même à la maison, ils peinent à trouver un cuisinier pour leur faire à manger », explique-t-il. C’est en cela que le métier devient intéressant. Une telle occasion, Ousmane la saisit et met ses compétences au service des clients, des entreprises privées ou publiques à travers un service traiteur de spécialités locales, africaines ou européennes.
« Un jour, j’ai pris de la farine de haricot avec des œufs, des épices et de l’huile. J’ai fait une pâte que j’ai mise au four. Les gens l’ont trouvée savoureuse. L’inspiration me vient naturellement », indique le pâtissier.
« Des frustrations parce que je suis cuisinier, ça arrive ».
En cas de commande assez quantitative, Ousmane Ouédraogo, se fait assister. Cependant, le métier n’est pas sans difficultés puisque dans l’esprit de certaines personnes, un homme n’a rien à faire en cuisine.
« Des frustrations parce que je suis cuisinier, ça arrive. On ne te le montre pas directement. Mais, à travers le geste, tu peux le comprendre. Par exemple, lors des cérémonies, l’accueil que l’on te réserve, s’il y a le respect tu sais. Si le travail que tu fais te nourrit et te permet de réaliser certains projets, on fait avec », développe-t-il.
L’une des difficultés rencontrées avec les clients repose sur les retards dans les livraisons. Des insuffisances qu’il entend rattraper.
Ousmane Ouédraogo fonde l’espoir d’un avenir prometteur. Pour atteindre cet objectif, il fait fi du mépris de certaines personnes à son égard car, au fond, il ne rêve que de trois choses. « Actuellement, je n’ai pas d’entreprise. Je compte dans l’avenir, ouvrir des restaurants, une pâtisserie et un centre de formation », souhaite-t-il.
Des projets auxquels, il s’accroche, même s’il est conscient que cela ne sera pas simple. Selon le jeune entrepreneur, la conquête du marché n’est pas une mince affaire parce que rien n’est acquis d’avance. La maîtrise de soi est une qualité fondamentale qu’il faut avoir car avec certains clients, les choses peuvent tourner au vinaigre, pour une raison ou une autre.
« Je m’abstiens quand je suis en colère pour ne pas faire sortir des mots que je pourrais regretter après. Si tu me fais quelque chose qui ne me plaît pas, j’aurai du mal à te le dire sur place. Après, je le fais et on essaie de se comprendre », précise-t-il.
En attendant d’être entièrement autonome, Ousmane Ouédraogo collabore avec des partenaires pour les formations. « J’ai l’expérience. J’ai même une fois été contacté par une grande structure hôtelière de la place. Comme je n’ai pas de diplôme, je n’ai pas été retenu », déplore-t-il.
Ousmane a fait son apprentissage en pâtisserie auprès de PDG Gérard Ouédraogo et Chef Maxim Voudri à qui, il témoigne sa gratitude pour le partage d’expériences.
A présent, malgré le peu de matériels et d’équipements dont il dispose pour la cuisine et la pâtisserie, Ousmane dit être déterminé plus que jamais à réaliser ses ambitions et faire la fierté de ces trois mentors.
Françoise Tougry
Fabrice Sandwidi stagiaire