Dans cette tribune, Roxane Lankoandé, juriste et écrivaine, s’interroge sur le choix de l’identité d’un enfant. Pourquoi la femme qui porte l’enfant pendant 9 mois et l’accompagne jusqu’à l’age adulte est-elle écartée quand ils s’agit de donner son nom ? Quelle erreur a t-elle commise pour être complètement écartée ou est ce qu’une seule fois de plus, elle en donne trop pour se faire oublier ?
Hier, je suis tombée sur une publication qui parlait du fait d’avoir une fille. Sous la dite publication, j’ai lu ce commentaire que j’ai décidé de capturer car il a dit haut ce que peu de personnes osent admettre : la seule raison qui dans bien de cas explique le fait que les hommes aient une préférence pour le garçon est simple: « il perpétue leur nom ».
C’est assez paradoxal car en même temps c’est la fille qui porte le lourd fardeau de la procréation. C’est elle qui porte l’enfant et le met au monde! C’est elle qui toute la vie porte des séquelles et c’est encore elle qui de fois y laisse la vie. La mère est physiquement, émotionnellement et spirituellement la personne la plus liée à l’enfant. Malheureusement, le système est fait de telle sorte que cette dernière devienne inexistante une fois l’enfant en société.
Qu’on ne s’y trompe pas. L’identité occupe une place fondamentale en société. Si un enfant est le fruit de deux personnes, si un enfant est 50% sa mère et 50% son père, pourquoi serait-ce à un seul de ses parents de perpétuer son identité lorsque le plus gros du travail et même fait par celle qui tombe aux oubliettes ? Certains viendront me dire qu’il s’agit d’un système propre à chaque peuple (ce qui est à la base vraie mais cette véracité n’est malheureusement plus d’actualité).
Aujourd’hui, il nous est donné de constater que même les hommes qui descendent d’un système matriarcal et qui portent le nom de leur mère refusent de « respecter » ce système. Ils brisent donc la chaîne en perpétuant plutôt leur nom (celui qu’ils ont hérité de leur mère) en lieu et place du nom de la mère des dits enfants. (Je connais un certain nombre de familles où les aîné(e)s portent le nom de la mère et les benjamins celui du père tout simplement parce que monsieur a, à un moment trouvé que le système duquel il est issu ne faisait pas son affaire.) .
Vous comprendrez donc que la coutume est souvent à double vitesse et qu’elle est dans bien de cas une poudre aux yeux.
Au passage, j’applaudis encore aujourd’hui le Bénin où depuis 2021 l’enfant peut porter le nom du père ou celui de la mère, soit leurs deux noms accolés dans l’ordre choisi par eux.
Vous me direz que dans le temps ça ne résout pas le problème. Néanmoins, permettez-moi de vous dire que c’est déjà un minimum de justice pour la mère. Elle a plus que quiconque, le droit d’exister à côté de son enfant en société. Un enfant est la descendance de X et de Y et ça doit se savoir lorsqu’il se présente en société.