Chaque année, l’abbé Blaise Bicaba organise en faveur de la jeunesse, une retraite spirituelle à Donsin, village situé dans la province de l’Oubritenga. Cette période de recueillement permet aux jeunes de faire une introspection à travers des enseignements bibliques et religieux. Anastasia Doulkom et son frère Gérard y ont pris part. Ils avouent avoir été touchés par la grâce de Dieu.
Ils sont plusieurs centaines d’enfants à inonder ce terrain situé au quartier Bilbalogo, ce dimanche 19 août 2023. Après une semaine de communion, de partages, de louanges et de prière, l’heure est venue de se dire aurevoir. Chants, joie de retour et nostalgie de se séparer se mêlent au bruit vrombissant des cars. Ici, la famille Doulkom attend deux membres de sa famille qui viennent d’arriver de la retraite spirituelle.
Il est 17h30. Cela fait une vingtaine de minutes qu’elle attend Anastasia et Gérard. Les cars défilent, mais rien. Pas l’ombre de l’un d’entre eux. Les deux petits-frères, la sœur et papa s’impatientent. Ils ne cessent de fouiller du regard ce public très mouvementé.
Cinq minutes plus tard, Anastasia est la première à pointer le nez, valise en main. Elle lance un sourire à l’endroit des tout-petits et papa. C’est également avec sourire que son père l’accueille. « Bonne arrivée ! Ça va ? Ça s’est bien passé ? », lui a-t-il demandé. Elle répond par l’affirmative et serre la main à chacun, avec beaucoup de tendresse.
A peine, ont-ils commencé à échanger que Gérard à son tour fait son apparition, traînant sa valise, un pullover en main. Il salue les membres de sa famille. Le père quant à lui ne s’est pas privé de le gratifier d’une accolade.
Une sensibilisation à fort impacts
Âgée de 19 ans, Anastasia Marie Thérèse Doulkom n’est pas à sa première participation. Depuis l’âge de cinq ans, elle est régulièrement présente à chaque fois que les inscriptions sont ouvertes. Cette année encore, elle n’a pas manqué à l’appel car, dit-elle, ce qui est intéressant, c’est un lieu sacré et tu peux confier tes problèmes et tes vœux à Dieu afin qu’il puisse les réaliser. « Il y a eu aussi des miracles. Des gens sont venus avec des problèmes. Actuellement, ils sont soulagés », a indiqué Anastasia qui rappelle avoir appris à beaucoup prier, particulièrement le rosaire en plus d’avoir laissé tomber ses mauvaises manières.
A partir des enseignements, elle a réussi petit-à-petit à maîtriser sa colère. « Avant, j’aimais trop m’énerver. Donc, j’ai demandé à Dieu de me donner la patience et la douceur. Et après ça, j’ai senti que quelque chose a changé en moi. Par exemple, si quelqu’un vient tout de suite, comme ça et vouloir faire la bagarre, je ne vais pas agir. Je vais d’abord chercher à comprendre pourquoi, en douceur, pour qu’il n’y ait pas de bagarre », a témoigné cette jeune fille.
Dorénavant, elle participe activement aux tâches ménagères, toute chose qui ne figurait pas du tout dans son agenda. Anatasia réaffirme son engagement à soutenir sans condition, sa famille. Elle désire ardemment faire la fierté de ses parents et rester une sœur exemplaire.
Elève en classe de première, Gérard Doulkom explique que la retraite est le lieu pour lui de tout donner à Jésus. C’est également l’occasion de recevoir toutes les valeurs à mesure de le conduire à changer de comportement.
Il estime avoir à présent acquis la sagesse. En effet, Gérard avait l’habitude de sortir sans prévenir ses parents et rentrer tardivement. Il est décidé à changer la donne. « Maintenant, ça va changer. Je compte obéir à mes parents. Je vais continuer toujours à prier et prier pour les malades. J’aimerais dire à mon père que je l’aime. C’est le meilleur papa du monde. Maman, je t’aime », a laissé entendre l’adolescent, la voix pleine d’émotions.
La retraite spirituelle, presqu’une tradition
Dans la famille Doulkom, aller à la retraite est ce qu’on pourrait appeler, une exigence familiale ou plutôt, une tradition. En effet, aux dires de sieur Guillaume, depuis qu’Anastasia et Gérard sont très petits notamment entre cinq et huit ans, ils participent annuellement à la retraite spirituelle sauf les trois derniers.
Bien que cette série de retraite spirituelle s’apparente à un phénomène de mode, pour Guillaume, aujourd’hui, la valeur d’un homme est plus tirée de l’éducation spirituelle d’abord, ensuite de l’éducation culturelle et enfin familiale. « En tant que chrétiens, nous croyons que l’éducation spirituelle aide nos enfants à devenir des vrais hommes qui cultivent l’amour autour d’eux, qui pensent au prochain », a-t-il précisé.
Selon ce père de famille, les enfants tirent quelque chose de l’enseignement du Christ, bénéfique à leur entourage, à leur milieu scolaire et à la société. De son point de vue ce qui a véritablement changé dans cette famille, c’est le goût de la prière.
« Le soir, quand chacun prend la parole pour prier, tu sens qu’ils ont reçu quelque chose. Ils pensent même à des personnes pour qui, peut-être, nous, nous n’avons pas eu l’idée de prier, un oncle malade, un petit frère, un ami qui vit une situation difficile… Et ça, ça fait plaisir », a-t-il reconnu avec une voix joyeuse.
Ensemble, l’air jovial, la famille Doulkom prend place dans le véhicule pour rejoindre le domicile.
Françoise Tougry
Fabrice Sandwidi stagiaire