Humiliées, rejetées, abandonnées, c’est le calvaire que vivent certaines jeunes filles. Les causes, une grossesse, un bébé sous la main. Le regard des autres et de la famille devient si pesant qu’elles perdent leur honneur et la place que la société doit leur accorder. Dans sa chronique, la journaliste Mariam Vanessa Touré met à nu, la marginalisation de ces filles-mères, vulnérables.
On croyait révolu le temps où beaucoup de jeunes filles tombaient enceintes « accidentellement » ou portaient des grossesses non désirées. La multiplication et la vulgarisation des moyens de contraception semblent ne pas avoir produit l’effet escompté et on continue d’enregistrer de nombreuses « filles-mères » ci et là. L’expression, encore d’usage, revêt à l’origine une connotation péjorative et désigne une mère célibataire.
Ce qui vaut à certaines d’être rejetées ou bannies de la famille, car contracter une grossesse sans être mariée est un déshonneur ! Et c’est encore malheureusement vrai sous nos cieux.
Hummm… Maternité précoce, grossesse hors mariage, grossesse non reconnue par l’auteur, fille abandonnée ou rejetée pour cause d’une grossesse qu’elle n’a a priori pas désirée…, les filles-mères vivent une situation déplorable. Victimes non seulement d’abandon, mais aussi de mépris et de stigmatisation, elles se retrouvent confrontées à des difficultés de tous ordres pendant la gestation et une fois qu’elles donnent naissance à un enfant.
Une grossesse difficilement vécue du fait parfois de leur jeune âge et de leur inexpérience en la matière, mais aussi par des préoccupations sur leur vie avec cet enfant qu’elles n’ont pas désiré le plus souvent. Un enfant qu’elles se retrouvent toutes seules à s’occuper, « l’enceinteur » ayant pris la clé des champs car souvent marié, tout aussi adolescent, ou tout simplement irresponsable.
C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles certaines jeunes filles se débarrassent du bébé après accouchement en l’abandonnant au coin d’une rue dans l’espoir qu’il sera recueilli par des structures d’accueil. Malheureusement, d’autres essaient de faire taire cet enfant à jamais, parfois après plusieurs tentatives d’avortement.
Bien souvent en effet, avec un enfant dans les bras, commence alors pour ces « filles-mères » une vie d’incertitudes, de calvaire et de galère. En cherchant à prendre soin des enfants conçus « accidentellement », ces jeunes mères se déconnectent des études et sont livrées à elles-mêmes.
Certaines tombent dans la facilité et se livrent à la prostitution, d’autres par contre décident de prendre leurs responsabilités et se lancent dans des petits commerces, des travaux ménagers et autres activités pour répondre à leur situation.
Hummm… Si certains pointent du doigt la pauvreté comme la cause de ce drame humain, il faut y voir à l’origine l’irresponsabilité des parents qui ne créent pas de passerelle d’échanges avec leurs enfants sur la sexualité. Les filles ne reçoivent aucune éducation sur la vie sexuelle et sont donc abandonnées à leur sort une fois qu’elles entament leur puberté.
Elles ignorent tout de la sexualité, notamment le contrôle du cycle menstruel et les méthodes de contraception qui sont pourtant accessibles et disponibles aujourd’hui. Cette démission des parents laisse libre place à la mauvaise compagnie, aux influences extérieures de certains programmes télé et des réseaux sociaux qui sont devenus les sources d’inspiration de beaucoup d’adolescentes.
Ces filles imitent donc des anti-modèles et deviennent la proie facile, par ignorance ou faute d’informations suffisantes, de garçons mal intentionnés qui ne cherchent qu’à profiter de leur naïveté et de leur innocence.
Il suffit alors parfois d’un coup d’essai pour « attraper » une grossesse non désirée dont les conséquences restent plus dramatiques et compromettantes. Malheureusement on prête à ces «filles-victimes » une mauvaise vie, une vie de débauche. Ce qui n’est pas forcément le cas car cette situation est parfois la résultante d’une première expérience qui a mal tourné, voire une erreur de jeunesse.
Hummm … Et si les parents prenaient toutes leurs responsabilités dans ce qui est considéré comme une honte pour la famille !
L’éducation, y compris l’éducation sexuelle incombe au premier chef au cercle familial, qui devrait promouvoir une plus grande proximité entre les parents et les adolescentes. Cela pourrait amener ces dernières à s’ouvrir davantage et à ne pas s’emmurer dans le silence sur des sujets que l’on considère comme tabous.
Mais à la vérité, l’exemple venant d’en haut, le comportement des parents, aussi bien à la maison qu’en dehors, est tout autant primordial. Il serait également indiqué d’introduire l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires et dans les centres de conseils et de sensibilisation pour jeunes. Last but not least, les jeunes filles doivent apprendre à se réserver, à se préserver, à ne pas brûler les étapes qui les amèneront inéluctablement à leur statut de mères épanouies…
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