Au Pérou, une enfant a été violée par son père depuis l’âge de 9 ans jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte à 13 ans. Ces multiples démarches pour qu’on lui garantisse l’accès à l’avortement, puisque sa santé se détériorait suite à la grossesse sont restées sans succès. Victime d’une fausse couche, elle sera condamnée à deux ans de prison en 2017 pour avortement illégal, puis relâchée en 2019 après un recours devant la justice, a déclaré mardi le Comité des droits de l’enfant.
La jeune paysanne d’origine indigène, dont le nom n’est pas révélée par le Comité de l’ONU, qu’elle a saisi, a été condamnée par les juridictions à Pérou en 2017 suites à sa fausse couche jugée préméditée.
« Je suis consternée par la manière dont les autorités nationales ont traité une jeune fille de 13 ans victime de viol et d’inceste », a déclaré la présidente du comité, Ann Skelton, dans un communiqué du Comité qui estime que le Pérou a violé ses droits à la santé et à la vie.
« Loin d’être protégée, (…) elle a été (…) harcelée par les autorités sanitaires, policières et judiciaires », s’indignée la présidente, tout en déplorant la tournure des évènements. « Elle est passée du statut de victime à celui de criminelle », a-t-elle dénoncé.
Le même communiqué a indiqué que dès la première visite à l’hôpital d’Abancay, la petite fille avait exprimé son souhait de ne pas garder cet enfant, réitérant sa demande à mesure que sa santé mentale se détériorait, méconnaissant qu’elle pouvait bénéficier de son droit à l’avortement thérapeutique.
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Malheureusement, sa demande ne passera pas puisque le pays très catholique, n’autorise le seul avortement thérapeutique qu’en cas de danger pour la vie de la mère.
Très soucieuse de santé, une ONG vole à son secours en l’aidant à soumettre une demande d’interruption volontaire de grossesse auprès de l’hôpital et du procureur enquêtant sur son viol, sans jamais obtenir de réponse.
Selon le comité, aucune autorité nationale n’a prêté main forte à l’enfant. Stigmatisée et harcelée au sein même de sa famille et de sa communauté, la petite fille a dû quitter l’école et son village, poursuit le Comité, qui ajoute qu’après sa fausse couche, elle a été condamnée sans preuve pour auto-avortement.
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Cette condamnation, passible d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement, a été annulée en 2019 après un recours devant la justice.
Le Comité, composé de 18 experts indépendants, demande au Pérou de dépénaliser l’avortement dans tous les cas de grossesse infantile et de veiller à ce que les jeunes filles enceintes aient accès à un avortement sécurisé, en particulier en cas de danger pour la santé et la vie de la mère, ainsi qu’en cas de viol, notamment dans une situation d’inceste.
Source AFP