Créée depuis le 6 mars 1992, l’association Munyu œuvre pour l’amélioration du statut socio-économique de la femme dans la région des Cascades. Dans cet entretien accordé à Queen Mafa, la secrétaire exécutive de l’association Munyu Olivia Somé Hema dévoile les acquis engrangés en 31 ans d’existence et les perspectives.
Quels sont les domaines d’action de l’association Munyu ?
Nous sommes dans l’humanitaire, la distribution, la communication et la contribution en matière d’accès à l’eau potable.
Nous travaillons dans les systèmes d’alertes d’informations, les activités de sensibilisation pour la cohésion sociale et la paix ainsi que pour la bonne collaboration FDS-communauté civile.
Quels sont les acquis que l’association Munyu a engrangés au profit des femmes en 30 ans d’existence ?
Dans le domaine de l’éducation, l’association Munyu a contribué à améliorer la scolarisation des filles à travers les sensibilisations. Au début, certains parents n’acceptaient pas envoyer les filles à l’école. C’était une minorité de filles qui allait à l’école.
Mais, avec l’intervention de l’association Munyu, la donne a changé. Aussi, l’association Munyu a pu mettre en place, un centre de formation professionnel au profit des filles déscolarisées.
Dans ce centre, les filles sont formées en couture, coiffure et en cuisine. L’association a sensibilisé les femmes afin qu’elles puissent connaître leurs droits et leurs devoirs.
L’association Munyu a également beaucoup lutté contre les violences basées sur le genre. Nous avons fait en sorte que les femmes soient des actrices de développement.
Avec les partenaires, on répond à des appels à projets pour des financements afin de réaliser des forages, des latrines pour le bien-être de la femme et sa famille. Nous avons facilité l’accès des femmes à l’eau potable.
Dans notre second plan stratégique, nous avons fait de l’économie un axe à part entière pour donner un pouvoir économique à la femme. Aussi, nous avons initié des formations de concert avec les partenaires en éducation financière et avec l’appui des institutions financières pour donner des crédits aux femmes.
Quelle a été la part contributive des hommes ?
Toutes les activités que nous menons au profit des femmes, nous faisons en sorte des hommes y participent.
Au niveau du personnel de l’association Munyu, il y a des hommes. Dans les 205 groupes de femmes qui sont membres de l’association, elles ont des conseillers qui sont des hommes. Les hommes sont en quelque sorte les supporters des femmes et les défendent auprès de leurs pairs.
Avec des plans intégrés de communication, nous sommes arrivés à tendre vers des changements de mentalités pour que les hommes puissent comprendre que la femme est un être à part entière. Il y a certains hommes qui demandent à leurs femmes de nous rejoindre dans la lutte pour qu’on puisse travailler ensemble.
Qu’en est-il des leaders coutumiers et religieux ?
Quand on va vers les communautés, nous passons pour dire ce que nous faisons aux leaders administratifs, coutumiers et religieux. Ils sont toujours informés des activités que nous menons. Parfois, ils prennent part à nos activités de sensibilisation.
Quelle est la situation actuelle des femmes des Cascades face à l’insécurité ?
Les femmes des cascades ont besoin d’être suffisamment outillées non seulement en formation et en réalisation d’activités génératrices de revenus pour avoir un pouvoir économique. Avec la crise sécuritaire, les femmes des cascades sont confrontées à une pression de la population par rapport aux personnes déplacées internes qui ont rejoint les différentes communes ou villes de la région des cascades. Comme il n’y a pas de camps de réfugiés, ces personnes déplacées internes vivent chez des populations hôtes. Ce qui a engendré une pression pour se prendre en charge. En plus de ce qu’on leur donne, il faut un accompagnement psychologique des PDI et des populations hôtes. Sur le plan scolaire, les salles de classe sont remplies. C’est le même constat dans les CSPS. Il faut un renforcement de capacités pour supporter cette pression.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Nous avons des difficultés financières. Avec la crise sécuritaire, beaucoup de financement sont au ralenti. Nous avons aussi des difficultés liées à une ressource humaine de qualité parce que la plupart du temps, c’est une association dont la majeure partie des employés sont des bénévoles et nous n’avons pas assez de moyens financiers pour employer des personnes techniques. C’est un noyau qui est au four et au moulin, qui fait la conception, la mise en œuvre des activités et qui gère en même temps les membres.
Quelles sont vos perspectives ?
Nos projets à venir, c’est la télévision. Nous avons déjà acquis cela. Notre souhait est que cela soit une télévision communautaire, de proximité. Que la communauté de la région des cascades s’y trouve ! Qu’elle s’identifie à cette télévision!
Entretien réalisé par :
Mary S.
Aminata Ouédrogo
Nafissatou Zangré