Les productions phares, structure évoluant dans l’audiovisuel a dévoilé au public deux films documentaires qu’elle a produits sur la problématique de la protection de l’environnement et du changement climatique. La projection a eu lieu, ce 1er juin 2023 à l’institut supérieur de l’image et du son/studio école.
« Les productions phares » dirigée par Annick Rachel Kandolo et Aissata Sankara, journalistes, a réalisé un projet de deux films documentaires sur l’environnement. Il s’agit de « Solo, une luciole à Dafinso » et de « Yelemani, pas-à-pas ».
L’objectif est de montrer comment un citoyen peut contribuer à la lutte pour la sauvegarde de l’environnement, avec des moyens de bord afin de faire bouger les lignes.
Selon Annick, l’idée d’un tel projet est de montrer des héros au quotidien, mais dont les exploits restent dans l’ombre. Ce qui a inspiré d’ailleurs le titre Yelemani, « changement en langue dioula et nous avons ajouté pas-à-pas », a-t-elle précisé.
Annick estime que chacun à son niveau peut faire quelque chose, peut faire face au changement climatique pour changer les habitudes en terme d’utilisation des pesticides, de dégradation des sols.
Raconter une histoire pour révéler des héros
La réalisation de ces œuvres audiovisuelles est basée sur un fait réel. Une histoire vraie à partir de laquelle, le scénario est écrit. Cette procédure est appelée storytelling. Les stagiaires ont été formés sur l’écriture de scénario et des aspects techniques avant d’aller sur le terrain.
Suite à cette étape, l’équipe de tournage s’est rendue à Loumbila dans la ferme Yelemani de Blandine Sankara qui évolue dans l’agriculture et la transformation des produits agroalimentaires et à Bobo-Dioulasso précisément à Dafinso, un petit village situé sur la route de Dédougou où Souleymane Tapsoba dit Solo, un mécanicien garagiste a créé un centre de formation.
Mais, ce dernier est très vite confronté à la problématique de l’alimentation de ses stagiaires. Afin de résoudre ce problème, il a mis en place une ferme qui a la particularité d’être exclusivement alimentée par l’eau de la pisciculture (élevage de poissons). Il utilise cette eau très riche en nutriments pour le sol en lieu et place des pesticides qu’il appelle « poison ».
Au-delà de ses stagiaires, il nourrit les villageois grâce à sa production tout en les sensibilisant sur la nécessité d’abandonner les pesticides et d’adopter des manières plus saines.
Les deux films tournés en 10 jours portent essentiellement sur la question environnementale et plus spécifiquement sur l’agroécologie. L’agroécologie est une technique qui consiste à produire des aliments en préservant la nature, faire de la culture de produits alimentaires sans agresser la nature.
Pour Wendlassida Djamilatou Ouédraogo, cette expérience lui a permis de renforcer ses capacités et d’en savoir plus sur les enjeux climatiques. « Nous avons d’abord été formés avant de scénariser l’histoire, avant d’aller à la rencontre des différents acteurs pour voir comment ils se débrouillent, pouvoir mettre ça en lumière et sensibiliser autour de nous », a expliqué l’apprenante avant de poursuivre « J’entendais le mot bio, mais je ne comprenais pas. Je ne m’intéressais pas trop à ça. Je pense que désormais, il faut se pencher plus sur la culture bio, on va bien se nourrir ».
Abondant dans le même sens, Blandine Sankara, responsable de la ferme Yélémani estime que la meilleure façon de parvenir à l’autosuffisance alimentaire, c’est de mettre l’accent sur l’agroécologie.
Pour ce faire, elle a invité chaque citoyen à se démarquer des mauvaises habitudes. « Quand le producteur ou le maraîcher a pulvérisé ses plantes, ses légumes, les fruits avec les pesticides, il n’y a pas un grand temps entre la pulvérisation et la récolte. Ce sont ces légumes qu’on amène sur le marché et que nous consommons. Malheureusement, c’est une réalité », a-t-elle déploré.
De son point de vue, l’utilisation de ces pesticides a un impact négatif sur la santé car le processus de murissement n’est pas respecté et l’environnement en pâtît.
A en croire Annick Rachel Kandolo, les attentes sont nombreuses au nombre desquelles une prise de conscience collective quant à la protection de l’environnement, au changement climatique et à la promotion de l’agroécologie.
« L’idée, c’est d’attirer davantage l’attention sur ces enjeux. Qu’est-ce qu’on fait pendant que les pesticides dégradent les sols, pendant qu’on coupe le bois ? », s’est-elle interrogée.
En vue de parvenir à l’atteinte des objectifs fixés, Annick a laissé entendre que des versions plus courtes de ces films, environ 5 minutes seront bientôt disponibles et diffusées sur la plateforme internet, une chaîne Youtube, une plateforme spécialement créée dans le cadre du projet 8billions.
Les porteuses du projet entendent améliorer le contenu en prenant en compte les recommandations issues de la projection et les faire voir au plus grand nombre. « On essaie de les faire voir aux enfants qui ont participé. Puis, cap sur Bobo. On espère que ça va créer un déclic dans la tête de chacun d’entre nous », a-t-elle conclu.
Françoise Tougry