Après les enfants, les femmes enceintes sont les premières victimes du paludisme. Selon l’Organisation mondiale de la santé. En 2020, le Burkina représentait environ 7 % du nombre total de cas de paludisme en Afrique de l’Ouest. Dr Safyatou Ilboudo Sawadogo, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital saint Camille de Ouagadougou nous aide à décrypter le lien entre paludisme et femmes enceintes.
Pourquoi les femmes enceintes font-elles fréquemment le paludisme ?
C’est pour plusieurs raisons mais, deux principalement.La première est que la grossesse entraîne un stress immunologique. Ce stress immunologique va entraîner une diminution de l’immunité acquise. En zone endémique en effet, quand on fait une infection, on déploie une certaine immunité qui nous protège. La baisse de cette immunité acquise rend la femme plus vulnérable.
La deuxième raison, c’est que les défenses spécifiques de la femme vont être déprimées au cours de la grossesse. On appelle ça, une immunodépression. Cette immuno-dépression est normale pour pouvoir faciliter l’implantation de la grossesse.
Du fait de cette immuno-dépression, la femme enceinte devient encore un terrain vulnérable au paludisme.
Que faire pour éviter le paludisme si on est enceinte ?
On a deux types de préventions. La première est une prévention médicamenteuse. Lors des consultations prénatales la femme enceinte va recevoir régulièrement un traitement préventif intermittent.Ce traitement est administré une fois par mois des lors qu’elle sent l’enfant bougé jusqu’à l’accouchement.
Il est administré chez toutes les femmes enceintes, en dehors de celles chez qui, il y a des contre-indications notamment les femmes qui sont infecté par le VIH sous cotrimoxazole, les femmes qui ont des allergies ou celles qui n’ont pas encore atteint le deuxième trimestre.
Il y a aussi une prévention non médicamenteuse. Il s’agit de l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action. Ce qui est actuellement donné gratuitement aux femmes enceintes dans nos formations sanitaires.
On peut aussi porter des habits manches longues, des pantalons et utiliser les crèmes dans la soirée afin d’éviter les piqures de moustiques.
Enfin il faut rendre propre le milieu et le cadre de vie.
Il faut éviter l’automédication et consultez le plus rapidement possible pour éviter l’apparition des complications
Si malgré toutes ces précautions, la femme enceinte a le paludisme, que doit-elle faire ?
Il faut éviter l’automédication et consultez le plus rapidement possible pour éviter l’apparition des complications.
La femme enceinte peut-elle boire des tisanes ?
Non, ce n’est pas conseillé. C’est vrai qu’il y a certaines tisanes à base d’artémisinine mais, on ne conseille pas les tisanes.
On a des médicaments très efficaces contre le paludisme. C’est médicaments permettent de guérir totalement du paludisme.
Si la femme enceinte est malade, elle doit aller rapidement en consultation afin qu’on lui prescrive les médicaments qu’il faut selon les périodes et moments de la grossesse.
Quels sont les risques pour le bébé ?
Au premier trimestre, le paludisme peut être responsable d’avortement.
Au deuxième et troisième trimestre, il peut entraîner des menaces d’accouchement prématuré ou d’avortement tardifs, des ruptures des membranes.
Il peut aussi entraîner une souffrance fœtale qui peut devenir chronique et entraîner un retard de croissance utérine et même la mort fœtale.
Pendant l’accouchement, le petit poids de naissance, le décès du nouveau-né et même de la mère.
Quels conseils pratiques pouvez-vous donner aux femmes enceintes pour se prémunir contre la palu ?
Je conseille aux femmes enceintes de faire régulièrement les consultations prénatales. Il faut également dormir sous moustiquaire imprégnée d’insecticide à longue durée d’action et éviter de se faire piquer par les moustiques dans la soirée par le port de vêtements couvrant le corps . Enfin il faut assainir le cadre de vie.
Mary S
Abdoulaye Ouédraogo