L’ONG Diakonia a initié un atelier sur le thème mondial du 8 mars 2023 au profit des organisations partenaires du Fonds commun genre. Cette activité qui a eu lieu, ce jeudi 27 avril 2023 à Ouagadougou, vise à susciter chez les participants une prise de conscience en vue d’actions concrètes pour protéger les droits des femmes et des filles dans les espaces numériques.
Les femmes fréquentent moins les espaces numériques que les hommes. C’est fort de ce constat que l’ONG Diakonia a initié cet atelier avec ses partenaires du Fonds commun genre en vue d’échanger sur les enjeux et les opportunités liées aux technologies et à la promotion de l’égalité des sexes.
Selon le rapport de HootSuite de 2022, seulement 30% de femmes au Burkina Faso ont accès à internet. Cette faible représentation des femmes dans la sphère numérique est liée entre autre aux pesanteurs sociales, à l’analphabétisme et à la pauvreté.
« Il y a beaucoup de femmes qui ne possèdent pas de téléphone portable surtout en milieu rural. D’autres en possèdent mais ne savent pas l’utiliser. Aussi, il y a des hommes qui refusent que leurs femmes soient sur internet », a déploré Sié Hien, coordonnateur du Fonds commun genre.
Ce dernier pense que la fracture numérique engendre des inégalités, la marginalisation, la féodalité.
Le numérique, un couteau à double tranchant pour la femme
Les technologies de l’information et de la communication sont des canaux de promotion de l’autonomisation économique des femmes. A en croire Martine Yabré coordinatrice du cadre de concertation et communicatrice à cet atelier, le numérique favorise le rapprochement entre l’offre et la demande, garantit la diversité des choix à opérer et suscite la recherche de l’excellence et du perfectionnement dans l’entrepreneuriat des femmes.
« Les technologies de l’information et de la communication constituent une forme de révolution dans la lutte pour l’autonomisation aussi bien politique qu’économique des femmes et des jeunes filles », a-t-elle déclaré.
Au delà des avantages que présente le numérique, il peut être un vecteur de violences basées sur le genre si toutefois, il n’est pas utilisé à bon escient.
Selon ONU femmes, les femmes ne représentent que 22% des travailleurs dans le domaine du numérique et de l’intelligence artificielle et 18% des femmes au niveau mondial sont objets de menaces par les technologies de l’information et de la communication.
A ce titre, certaines femmes présentes sur la sphère numérique se font prendre dans les filets des cyber-prédateurs. Elles sont, le plus souvent, victimes de chantage à la webcam, d’usurpation d’identité, de cyber-harcèlement et d’atteinte à la vie privée.
Pour éviter les surprises désagréables via le numérique, l’agent du service de communication de la brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité recommande aux femmes de protéger l’accès à leur compte, de vérifier régulièrement les connexions à leur compte et faire preuve de discernement avec les informations publiées. « Evitez de vous connecter aux wifi ouverts et gratuits! Supprimez votre compte si vous ne l’utilisez plus!, a conseillé Gesrima Aimé Ouédraogo.
Perspectives pour un monde digital égalitaire
Dans le but de réduire le fossé numérique entre les hommes et les femmes, des mesures en matière d’innovation sont proposées. Il s’agit d’une éducation inclusive des nouvelles technologies par les filles afin de permettre une égalité de chance à l’accès aux emplois dans le domaine. » Les femmes doivent oser les technologies numériques, actualiser leurs compétences afin d’être en phase avec les innovations« , a recommandé Bertnie Ouédraogo, coordinatrice du média en ligne Positiv.
« Il faut soutenir les médias féminins et encourager les femmes à s’intéresser au digital », a ajouté Bassératou Kindo, promotrice du média en ligne Mousso News.
A l’issue de l’atelier, les participants ont été encouragés à mener des actions concrètes pour protéger les droits des femmes et des filles dans l’espace numérique.
« Nous souhaitons que nos partenaires soient plus conscients en menant des actions concrètes soit en faisant des campagnes avec leur population cible, ou en menant des plaidoyers auprès des autorités pour améliorer le cadre légal », a laissé entendre Selina Bezzola, responsable domaine gouvernance et démocratie de la coopération Suisse.
Le thème mondial de la journée internationale de la femme 2023 était : « Pour un monde digital inclusif: innovation et technologies pour l’égalité des sexes ».
Mary.S