Oumou Compaoré connue sous le pseudonyme d’Oum’C est une jeune styliste et mannequin qui fait parler d’elle en ce moment à travers ses créations exceptionnelles. Elle brille par son talent et son dévouement au travail. Queen Mafa est allée à la rencontre de cette passionnée de l’art vestimentaire. C’est une jeune dame courageuse, dynamique et ambitieuse qui nous a ouvert ses portes, ce 21 mars 2023.
Une grande porte ouverte, des rideaux, des morceaux de tissus par terre, des résidus de fils, le bruit assourdissant des machines électriques, des piles de tissus dans une armoire vitrée, des mannequins… Des employés à la tâche. Des tableaux muraux et des photos.
C’est ainsi que se présente l’entrée principale de l’atelier d’Oumou Compaoré, situé à Ouaga 2000, à la cité Azimmo servant en même temps de boutique.
C’est dans une tunique brodée, coiffée d’une perruque et le sourire aux lèvres, que la styliste, très élégante, nous accueille dans son atelier.
De l’architecture à la mode
Native d’un père commerçant et d’une mère ménagère, Oumou Compaoré est originaire de Koupèla. Née en 1987 à Ayamé en Côte d’Ivoire, elle passe son enfance à Kayes au Mali.
En 2007, elle rentre dans son pays natal le Burkina Faso, pour y poursuivre ses études. En fait, Oumou Compaoré est l’aînée d’une fratrie de 11 enfants.
Après l’obtention de son baccalauréat en 2010, elle poursuit ses études universitaires en architecture à l’étranger. Malheureusement, pour des raisons de famille, elle interrompt ses études au bout d’un an et rentre au pays afin de soutenir ses parents.
De retour au bercail, elle tente de trouver une occupation qui lui permette de faire face aux charges familiales.
C’est donc tout naturellement qu’elle se tournera vers la couture. En effet, dans sa famille maternelle, la couture est une tradition, du grand-père aux oncles.
« Le stylisme a toujours été sa passion depuis sa tendre enfance. Elle réussira parce et je sais qu’elle mettra tout en œuvre pour y parvenir. Elle peut compter sur mon soutien indéfectible », a signifié Aïcha Compaoré, coiffeuse âgée de 31 ans et sœur d’Oumou.
Sa motivation pour le stylisme devient plus grande quand elle rencontre Alima Natama, fondatrice de Lim’S prestations. Alima Natama n’hésite pas à former cette jeune fille qu’elle trouve attentionnée et aimable.
« Elle m’a accueillie dans son atelier en tant qu’assistante en fin 2011. Je crois même que tout est parti de là », confie-t-elle.
Oumou Compaoré trouve en cette dame pétrie d’expériences, une figure du stylisme auprès de qui, elle apprend à vivre sa passion.
OUM’C, une très bonne dessinatrice
Petit-à-petit, Oumou se met à concevoir ses propres modèles. « Au fil du temps, j’ai découvert une très bonne dessinatrice, dynamique, audacieuse, très éveillée ayant le courage d’aller vers les clients et très commerciale. J’ai commencé à croire en elle, à voir en elle, une future grande styliste », nous confie Alima Natama.
Deux ans plus tard, parallèlement à sa fonction d’assistante, Oumou Compaoré s’inscrit en comptabilité, marketing et gestion commerciale. P
our mieux s’imprégner des techniques du métier, Oumou Compaoré travaille aussi avec Malicka Elhasad de WakAfrica et Sali Dah de 3K Fashion.
Mannequin, elle met en place en 2017, en partenariat avec le Top model Mariam Thiam dit Mathi, une agence événementielle spécialisée dans les renforcements de capacités en mannequinat dénommée Models and Events Agency (MEA).
« Aujourd’hui, nous partageons pleines de choses au-delà du travail. Bien que nerveuse et rêveuse parfois, c’est une personne disponible, bienveillante, sensible qui a beaucoup d’amour à donner autour d’elle », a signifié son amie Mathi.
S’il y a une qualité sur laquelle insiste un doyen de la mode, Idé Mava, styliste burkinabè, c’est bien le courage d’Oumou. « C’est une fille courageuse, qui a beaucoup de talents. Vu son courage, elle a pu dans ce milieu, faire du beau travail de création. Elle se bat pour la mode au Burkina et ailleurs en Afrique », témoigne-t-il. Idé Mava reste convaincu qu’elle a un bel avenir.
Dans le cadre du mannequinat, Oumou Compaoré travaille étroitement avec d’autres stylistes. Une occasion pour elle, d’intégrer le sens de l’observation, de connaître la qualité des tissus, les designs et les finitions.
Son premier défilé de mode, issu de la collection Red & Yellows (rouge et jaune) de cinq pièces, confectionnées par Lim’S Prestation est présenté au public. La marque Oum’C voit le jour, le 17 avril 2017.
Durant quatre ans, elle continue de travailler. « Aujourd’hui, Oumou Compaoré est autonome. Madame Alima Natama dit ne pas regretter de l’avoir épaulée.
« Je suis fière et honorée de faire partie de ses icônes, d’avoir été sa formatrice. Je vois en elle, une future Pathé’O», soutient-elle.
Madame Félicité Dayamba Tiénin résidant à Ouagadougou fait la connaissance d’Oumou en avril 2019. C’était au début du covid-19. Elle venait de mettre sur le marché des cache-nez en pagne. Des cache-nez, appréciés à leur juste valeur par cette dernière qui la recommande à son service. La structure commande donc une grande quantité.
Aussi, séduite par les propres tenues d’Oumou, Dame Dayamba décide d’en commander, à titre personnel. Une fois les tenues livrées, c’est avec grande joie qu’elle les enfile car bien taillées et bien jolies. Ses proches applaudissent la coupe et les modèles. Dès lors, elle ne change plus de styliste.
« J’apprécie son professionnalisme. Elle a un calme et une assurance qui rassure son client. Malgré mes exigences, elle m’a toujours satisfaite. Même à la dernière minute, elle répond toujours présente », relève-t-elle.
Sa persévérance finit par payer car Oumou dispose aujourd’hui de son propre atelier. Ferme et rigoureuse dans le travail, la journée de cette entrepreneure consiste à vérifier les programmes le matin et les mesures des client.es, à acheter les matériels au marché ou commander des tissus, à l’essayage des sur-mesure et livraisons, la broderie numérique, etc.
Son chef d’atelier, Richard Yapo Akoum qui lui donne un coup de main depuis plus de trois ans, ne tarit pas d’éloges à son égard. « Coté communication, on s’entend très bien. Ce qui me plaît, c’est son grand amour pour le travail. Elle aime que les finitions soient bien faites », déclare-t-il.
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Sa franchise et le respect de son engagement lui valent un partenariat de plus d’une décennie avec madame Obulbiga Lompo Tapoa Florence, promotrice de l’entreprise Hammiyé, dans la commune rurale de Komki Ipaala.
« A mes yeux, elle est un partenaire sûr. Je lui fournis au moins 25 pagnes par mois », précise-t-elle.
Tout allait bien jusqu’à ce jour, 18 avril 2022. Un évènement malheureux vient bouleverser cette joie de vivre. En effet, son père s’éteint. Mais, la famille tente d’aller de l’avant.
Déterminée à réussir, Oumou Compaoré fait quelques podiums à l’extérieur avec les collections Mouvement, Boss et Drakarice. Son style lui permet de représenter le Burkina Faso au Salon international du Textile africain (SITA) à Lomé en novembre 2022 où elle figure parmi les meilleures stylistes finalistes.
Forte de son expérience, lors de la 4e édition des celebrities days, Oumou Compaoré habille l’actrice Mouna N’diaye. La création a été très bien accueillie.
« Même l’invitée principale, Fatoumata Diawara, s’est abonnée à notre page suite à cela », dit-elle avec fierté.
Comme tous les secteurs d’activités, le domaine du stylisme est également affecté par la crise sécuritaire. Malgré cela, Oumou Compaoré ambitionne de faire connaitre la marque Oum’C en Afrique et pourquoi pas dans le monde entier?
Françoise Tougry