L’ONG WaterAid Burkina a indiqué dans son rapport publié le 27 mars 2023 que plus de 526 millions de femmes défèquent dans la nature à cause des facteurs culturels traditionnels et au manque de toilettes dans certaines localités. Ce chiffre mondial montre, par ailleurs qu’une femme sur trois est exposée aux maladies, à la honte ou à l’insécurité.
La défécation en plein air, aussi appelée défécation à l’air libre, est l’action de déféquer à l’extérieur des habitations, hors de toilettes publiques. Dans les zones peuplées, la contamination de l’eau par les matières fécales est à l’origine de problèmes de santé publique qui font partie de ce qu’il est convenu d’appeler le péril fécal.
À la suite d’une campagne nationale menée par la Swachh Bharat Mission (SBM), en 2015, les conclusions montrent qu’environ 946 millions de personnes, soit 13 % de la population mondiale, pratiquent la défécation à l’air libre.
Cette même campagne révèle que l’Inde a fortement réduit la défécation en plein air, faisant rapidement chuter la prévalence de 600 à 150 millions de personnes. La prévalence est plus importante dans les zones rurales (52 %), par opposition aux zones urbaines (7,5 %). Les pays avec une forte prévalence sont l’Indonésie (54 millions), suivie par le Pakistan (41 millions), le Nigeria (39 millions), l’Éthiopie (34 millions) et le Soudan (17 millions).
Au Burkina Faso, près de 48% de la population nationale pratique la défécation à l’air libre (7% en milieu urbain contre 65% en milieu rural) entrainant la circulation accrue de maladies hydriques qui provoquent des maladies graves pour les enfants telle que la diarrhée.
Selon les données officielles, 9,3 millions de burkinabè défèquent au quotidien dans la nature. Parmi elles, 4,8 millions de femmes risquent leur sécurité, leur dignité et leur santé, chaque jour, car elles sont contraintes à s’isoler dans la nature pour satisfaire un besoin naturel.
Cette situation affecte particulièrement les filles qui sont parfois obligées de s’absenter pendant leurs périodes de menstruation et impacte leur scolarité. Le fait de déféquer à l’air libre, loin des habitations est une source d’insécurité pour les femmes et les filles plus à risque d’être victimes d’agressions et violences sexuelles.
Chaque jour, 1400 tonnes d’excréments humains sont rejetés dans la nature sans précaution ni traitement, polluant les eaux, les sols, les cultures agricoles en transmettant toutes sortes de maladies.
Selon les statistiques, chaque jour, 873 nouvelles personnes viennent gonfler le groupe des défécateurs dans la nature au Burkina Faso.
Par conséquent, 70% des lits d’hôpitaux sont occupés par des malades victimes de manque d’assainissement.
Au plan national, l’enquête a souligné que la défécation en plein air est pratiquée au Burkina Faso par 6 ménages sur 10. Essentiellement, rural, ce phénomène touche 8 personnes sur 10. Par contre, en ville, on enregistre 9 personnes sur 10 qui utilisent les latrines.
Au niveau de la répartition géographique, on estime que dans 7 des 13 régions du pays, 70% des ménages pratiquent la défécation en plein air.
Les seules villes où le phénomène est moindre sont celles de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.
Source de pollution et de maladies
Les conséquences ne sont pas limitées à ceux qui polluent, mais s’étendent à toute la population nationale. Pour changer cette situation, il faut que chaque lieu de vie dispose de toilettes correctes et que les habitants les utilisent convenablement. Au-delà des toilettes, il faut des systèmes d’évacuation et de traitement sain des déchets avant leur rejet dans la nature. Ainsi se présentent les Objectifs de Développement durable à l’horizon 2030, relatifs à l’assainissement familial, auxquels le Burkina Faso a souscrit lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2015.
Suite aux mesures prises par le gouvernement Burkinabè, La proportion de la population du Burkina Faso pratiquant la défécation à l’air libre passera de 48% en 2015 à 27% en 2022.
Chaque jour dans le monde 1000 enfants meurent suite à des maladies diarrhéiques provoquées notamment par la défécation à l’air libre.
Au Burkina Faso, on estime que 13 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de maladies diarrhéiques. La moitié de la population nationale (48%) pratique la défécation à l’air libre (9% en milieu urbain contre 75% en milieu rural), accentuant la circulation de maladies hydriques qui entrainent des maladies graves pour les enfants telles que la diarrhée ou le choléra.
6 enfants sur 10 pratiquent la défécation à l’air libre en milieu scolaire (62%) faute de latrines.
Parmi les maladies causées par la défécation en plein air et le manque d’assainissement et hygiène, il y a la diarrhée, les infections par les vers intestinaux, la fièvre typhoïde, le choléra, l’hépatite, la poliomyélite et le trachome qui touchent les enfants et les femmes.
En 2011, la diarrhée infectieuse a causé environ 700 000 décès chez les enfants de moins de cinq ans et 250 millions de jours d’absence à l’école. La pratique peut aussi indirectement conduire à la malnutrition et à un retard de croissance chez les enfants.
En 2014, l’OMS a déterminé que la défécation en plein air est la principale cause de décès par diarrhée. En moyenne, près de 2 000 enfants de moins de cinq ans meurent de diarrhée chaque jour.
Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables lorsqu’ils ingèrent des résidus de matières fécales issues d’autres personnes. En effet, ils rampent sur le sol, marchent pieds nus, et mettent toutes sortes de choses dans leur bouche sans se laver les mains.
Source : OMS, Water Aïd