Ceci est une lettre adressée à la réalisatrice Apolline Traoré, Étalon d’argent au FESPACO 2023 par un cinéphile. Une lettre qui cette fois, n’est pas destinée à accuser mais plutôt à rendre un bel hommage à l’artiste.
Chère Apolline Traoré, permettez-moi de vous tutoyer pour vous exprimer avec plus d’aisance ce qui anime mon esprit depuis la fin de ce rendez-vous du 7e art africain dans notre pays : le FESPACO 2023.
Après notre Président « IB », c’est à toi que j’écris une lettre, ma 2e de l’année 2023. Le « hasard » a voulu que je reste dans la « famille » Traoré, en des circonstances différentes mais porteuses d’un même symbole : l’espoir !
Eh oui, depuis les événements politico-militaires de septembre 2022, c’est la 2e fois que je vois un si grand vent d’espoir souffler sur mon pays. Tu l’as ressenti, tu l’as vécu car tu en étais la source. C’est la preuve encore que nous pouvons nous unir pour une même cause, un même rêve. Cette fois-ci, c’était l’Étalon d’or qui fédérait nos énergies positives. C’était beau, c’était fort impressionnant.
De l’or à l’argent, l’espoir n’a pas déchanté
On aurait voulu l’or, on a voulu l’or pour toi, pour nous. Cet espoir nous a habités jusqu’au soir du verdict qui t’a conféré l’argent. Oui, un Étalon d’argent dont le Burkina ne s’était pas emparé depuis bien des années. En cela, c’est bien un nouvel espoir, qui nous fait croire, que l’or est bien possible pour nous une 3e fois.
Quelle fut grande ma joie de voir toute l’allégresse qui était sienne quand tu as tenu l’Étalon d’argent. Là, j’ai compris que tu nous as vraiment compris ; que notre fierté n’avait aucunement été écorchée et que dans nos cœurs, l’Étalon que nous te décernions était plus que d’or.
D’ailleurs, tu ne méritais pas cet Étalon d’or
Non, tu ne méritais pas cet Étalon que certains voulaient que tu aies. Ce trophée qui te serait décerné juste parce que tu es femme, et que ce serait une première pour cette frange de notre société pour qui tu te bats tant à travers ton art.
Non, pas cet Étalon qui te reviendrait tout simplement parce que le Burkina manque à l’appel depuis le sacre du « Maestro » Idrissa Ouédraogo.
Non, pour ta carrière qui inspire le respect, un Étalon d’or de ce type n’aurait que terni ton image. Je sais que c’est de loin ce que tu voudrais dans le palmarès des prix qui ont sanctionné tes nombreuses œuvres. Au fond, la joie procurée par cet Étalon d’argent surplombe de loin celle qui aurait accompagné l’or que tu aurais reçu pour les considérations évoquées ci-haut.
Tu n’as pas eu l’Étalon d’or
Mais dans nos cœurs, tu es gravée en lettres d’or.
Que ton art brille davantage pour la prochaine édition
Et que le mérite l’emporte toujours sur la compromission.
Au final, que le mérite de l’or soit tien, la tête haute
Et que la fierté demeure nôtre.
Chère Apolline, merci pour l’espoir… pour le rêve.
Que Sira poursuive sa route pour, sans doute, d’autres lauriers…
Adama Davy SOMA.
Journaliste-Écrivain