Le film Sira d’Appoline Traoré est en compétition à la 28e édition du FESPACO, pour l’Étalon de Yennenga. Ce vendredi 1er mars, a eu lieu la projection presse. Ils ont été nombreux à ne pas se faire raconter l’événement.
Quelque part au Sahel, des hommes armés en pickup ont fait irruption dans un village. ces derniers étaient à la recherche de deux hommes. Furieux de ne les avoir pas trouvés, ils ont tué le chef du village.
Toutes ceux qui ont croisé leurs regards sont tombés sous le coup des balles. Pour tirer leur revanche, ces derniers ont kindnappé Sira, une jeune fille promue à un mariage. Mais, Sira sera brutalisée, violée et délaissée dans le désert où elle devra survivre.
Jean-Sidi, son fiancé s’est lancé désespérément à sa recherche. Pendant ce temps, Sira erre dans cet environnement inconnu et dépaysé, un monde où sa féminité est mise à rude épreuve.
Sira a relevé de nombreux défis, marcher pieds nus sous le sable chaud et fin, chercher refuge dans des dunes et des grottes, exposée aux intempéries. Elle a réussi malgré tout à vivre et à donner vie à un garçon. N’eut été la compassion de Karim, un des terroristes, Sira aurait pu perdre la vie.
La complicité entre eux a permis de redonner espoir à Sira et de venir à bout des terroristes grâce à sa revanche et au soutien des forces de défense et de sécurité. L’histoire de Sira a un dénouement heureux car Jean Sidi a retrouvé la femme de sa vie, avec un bébé au dos.
Le jeu d’acteur, le décor, le son, le mixage, la musique, la poussière, la tempête et le vent, les tentes, les maisons en paille, les feux de bois, les puits, les lampes, la voix off du muezzin, les raccords, la mise en scène ont contribué à donner une plus value, à ce film.
Aussi, les nattes, les tapis, les turbans, les voiles, les chacals, les margouillats dénotent de la vie dans le désert.
A travers ce scénario, Appoline Traoré met à nu les préjugés sur la religion musulmane, l’ethnocentrisme, la stigmatisation des peulhs, le terrorisme, le trafic illicite des armes.
A cela s’ajoutent la problématique de dénonciation des coupables, les conflits entre éleveurs et agriculteurs, la nécessité pour la population de collaborer avec les forces de défense et de sécurité.
Apolline a également passé au peigne fin, les thématiques liées à la femme. Il s’agit des tortures, de l’enrôlement des jeunes filles dans les camps, l’exploitation sexuelle, les fausses couches…
En vue de marquer les esprits, Appoline a usé de plusieurs langues dont le peulh, l’anglais, le français, l’arabe, le mooré. Les dialogues sont sous-titrés au besoin.
C’est une équipe de 60 personnes qui a apporté chacun sa touche et son expertise à cette œuvre artistique.
Françoise Tougry