Yannick Naré est un passionné de la lecture depuis le lycée. Après l’université, son parcours professionnel l’a conduit au cabinet de la première dame Sika Kaboré où il occupait le poste de conseiller en communication. Aujourd’hui, directeur et fondateur d’une agence de communication et également homme de lettres, il essaie de toujours maintenir cette flamme. Son expérience en matière d’écriture motivera plus d’un.
Qu’est-ce qui vous fascine dans la lecture ?
Quand je lis, j’évacue le stress qui est en moi. La lecture permet aussi de me cultiver, de vivre des réalités que je n’aurais pas pu vivre normalement, d’acquérir des expériences et de m’enrichir.
- En janvier, vous avez pris la résolution de lire un livre par semaine et en seulement trois mois, vous avez lu quinze livres. Comment avez-vous pu relever ce défi ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
En réalité, ce n’est pas seulement en 2022 que j’ai pris cette résolution. Je lisais intensément avant. Quand j’étais au cabinet, je lisais certes. Mais, c’est surtout quand on partait en mission à l’étranger ou quand on est dans l’avion. Souvent, on a des escales qui durent des heures et je mettais à profit ce temps pour lire. Maintenant, j’arrive à lire à un rythme que je souhaite.
Donc, j’ai pris la résolution en janvier 2022 de lire un livre par semaine. Ce n’est pas impossible. C’est petit à petit avec beaucoup de volonté qu’on arrive à faire cette expérience. Plus on lit, plus on a de la potentialité.
Comment se fait le choix de vos livres ?
C’est lié d’une part, à la personnalité de tout un chacun et d’autre part, à la discussion avec des amis ou sur internet, les livres les plus en vue, etc.
Vous n’êtes pas seulement consommateur de livres, mais aussi écrivain. Qu’est-ce qui vous a conduit à franchir le pas ?
Depuis l’école primaire, mes maîtres avaient relevé que j’ai un talent d’écriture. J’ai rarement eu moins de 8/10 en rédaction. Quelqu’un qui lit beaucoup va forcément se retrouver un jour à l’écriture.
En 2014, j’ai publié mon mémoire de master à l’université Senghor d’Alexandrie intitulé « Culture et développement au Burkina Faso : entre déboires et espoirs » où j’explique un peu que la communication ne fait trop appel à la culture, déconnexion totale entre les deux.
Puis en 2017, « Le long chemin de l’alternance démocratique au Burkina Faso » qui raconte l’épisode de l’insurrection populaire et la modification de l’article 37.
En 2020, en collaboration avec des auteurs français et canadiens, c’est un livre sur la diplomatie et la francophonie. Après ça, j’ai eu une subvention du gouvernement aux acteurs de la culture contre la covid-19.
Ce qui m’a permis de publier « La vérité et l’amour : vivre la chasteté sans renoncer à l’amour ». J’ai récemment causé avec un ami camerounais qui vit au Burkina qui m’a dit de me lancer dans l’écriture du nouvel ordre mondial.
D’où puisez votre inspiration pour écrire ?
Je trouve mon inspiration au gré de l’actualité, de la lecture, de la pensée ou d’une émission.
- Vous vous positionnez apparemment comme essayiste. Quelle place les livres de fiction comme les romans occupent-ils dans votre vie ?
Je lis très peu de roman. Ils sont basés sur la fiction. Ce n’est pas que c’est mauvais. Mais actuellement, je me focalise sur les essais qui sont plus fondés sur la réalité d’où je tire les matériaux pour ma pensée.
Quand on veut promouvoir le livre, on doit d’abord définir un cadre légal pour pouvoir protéger les écrivains
Le 23 avril est commémoré, journée mondiale du livre et du droit d’auteur. A votre avis, quelle doit être l’urgence au Burkina Faso (le droit d’auteur ou la promotion de la lecture? Qu’est-ce qui doit être prioritaire ?
Les deux vont forcément ensemble. Quand on veut promouvoir le livre, on doit d’abord définir un cadre légal pour pouvoir protéger les écrivains. Les droits d’auteur sont très importants puisque c’est de là que part le postulat qui permet à l’écrivain de pouvoir s’exprimer. Si vous regardez dans notre pays, on ne peut pas vire de sa plume.
On ne peut pas être écrivain en tant que profession. Vous prenez l’écrivaine britannique Rawlings qui écrit Harry Potter et autres, elle ne vit uniquement que de ça ou Paulo Coelho, auteur de « L’alchimiste », il vit aussi de l’écriture. Si les droits d’auteur sont respectés, nous aurons des gens qui vont se consacrer exclusivement à l’écriture. La chaîne de l’écriture, de l’édition, de la distribution, des droits d’auteur va se bonifier et on aura la promotion du livre.
Le numérique a fait que quand un livre sort, il y a sa version numérique. Ça tue en fait, l’inspiration des écrivains. Vous éditez un livre, vous n’avez rien. Pourtant dieu sait ce que vous dépensez. Souvent même, il faut faire des voyages dans certains pays pour avoir des documentations, se familiariser avec le sujet, etc. Il faut payer des ouvrages et lire pour se construire une opinion afin de poursuivre la pensée. Tout ça fait appel à un budget. Et si vous ne rentabilisez pas, c’est très difficile.
Quel est votre livre de chevet ?
De façon générale, je n’ai pas un livre de chevet. Mais actuellement, je suis en train de lire Alain Mabanckou « Huit leçons sur l’Afrique ». Je pencherai plus pour les ouvrages de Joseph Ki-Zerbo.
Quelles femmes écrivaines vous inspirent ? (Une burkinabè et une internationale)
Il y a très peu de femmes dans l’arène de l’écriture. J’apprécie Monique Ilboudo, Fatou Diome franco-sénégalaise qui a une belle plume, Aminata Traoré très engagée et antilibérale.
Il faudra que les écrivains pensent aux enfants
Trois livres que toutes les femmes devraient lire !
« Les hommes viennent de mars et les femmes de vénus », de John Gray. Un homme qui le lit peut mieux comprendre la femme dans ses attitudes et vice-versa. Le deuxième livre « Devenir » de Michelle Obama peut aider les femmes à construire leur leadership. Elle s’est battue pour arriver au sommet de l’échelle sociale de l’Amérique. Elle a brisé le plafond de verre.
Le troisième livre écrit par Vincent Hugueux s’intitule Reines d’Afriques, le roman vrai des premières dames. Il a pris l’exemple du Burkina, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal puis, d’autres pays pour expliquer comment ces femmes se sont construites en termes de leadership. Ça peut inspirer certaines femmes à sortir de leurs cocons et de se construire une mentalité d’acier.
Trois livres que chaque parent devrait faire lire à son enfant !
La littérature pour enfants est très embryonnaire ici. Il faudra que les écrivains pensent aux enfants. Que dans les rayons des librairies, on ait des bandes dessinées, des ouvrages de contes, etc !
Entretien réalisé par Françoise Tougry Ouédraogo