Lassané Ouédraogo est un maraîcher, basé à Ouahigouya, dans la province du Yatenga . Membre fondateur de l’association Tick Wendé des producteurs d’oignons du Yatenga (ATPOY), il a inventé une case de conservation d’oignons et de pomme de terre au profit des femmes rurales. Présent à Ouagadougou dans le cadre de la promotion de son invention, Queen Mafa a pu le rencontrer.
Surnommé « Petit », Lassané Ouédraogo est un chercheur atypique. Avec un niveau scolaire de 3e, il a inventé une case de conservation d’oignons et de pomme de terre appelée « Tilgr baoré » en langue morée.
Maraîcher depuis son jeune âge, « petit » était confronté au problème d’entretien de ses légumes. Une fois adulte, il a décidé de se consacrer à la recherche de solutions pour conserver son oignon et sa pomme de terre. Pour parvenir à ses fins, Lassané Ouédraogo exerce des petits métiers pour faire de l’argent. « J’ai fait la soudure, la mécanique, la menuiserie, etc. J’ai même été animateur ambulant pour chercher des moyens et avancer dans ma recherche », confie-t-il.
A force de courage et de persévérance, il parvient à inventer une case de conservation. Ce résultat est le fruit d’un travail acharné de plusieurs années. « J’ai consacré plusieurs années de ma vie à chercher une solution pour conserver mes oignons et mes pommes de terre. « Tilgr Baoré est le résultat d’une recherche de 9 ans », révèle Lassané Ouédraogo.
Cette case peut conserver les oignons et les pommes de terre au moins 7 et au plus 10 mois avec un taux de perte estimé à seulement 2%. Fabriquée à base de fer et de seccos, la case est démontable. Sa capacité de conservation varie entre 10 et 100 tonnes.
La case de conservation est une invention qui profite bien aux femmes rurales
La case de conservation a amélioré les revenus des femmes membres de l’association Tick Wendé, dont Lassané Ouédraogo est le président.
Les femmes de ladite association vendaient le sac d’oignon à 5 000 F CFA, juste après la récolte. Le même sac est revendu à un prix minimum 15 000 FCFA, d’où un surplus de revenu de 1 000F CFA. « Les femmes ont quitté la misère et sont maintenant épanouies. La case de conservation est une invention qui profite bien aux femmes rurales », se réjouit Lassané Ouédraogo.
L’inventeur de la case de conservation dit avoir tiré satisfaction de sa découverte. Il se vante d’avoir trouvé une solution qui contribue à l’autonomisation des femmes rurales. « Il y a une femme qui est venue me remercier parce que grâce à la case de conservation, elle a pu faire beaucoup de bénéfice et acheter une moto », indique « Petit ».
La case de conservation est démontable. Ce choix de confection se justifie par la volonté de l’inventeur à faciliter la tâche aux femmes rurales qui souvent sont confrontées au problème foncier. « En créant cette case, j’ai tenu compte de la réalité des femmes rurales qui sont confrontées au problème de terre », explique Lassané Ouédraogo.
La case de conservation suscite de l’intérêt pour l’entrepreneuriat agricole
Mariam Sawadogo est friande de nouveautés. Venue découvrir l’invention de Lassané Ouédraogo, dame sawadogo entend se lancer dans l’entrepreneuriat agricole. « Comme je suis proche de la retraite, je suis venue prendre des informations pour m’investir dans l’entrepreneuriat agricole », explique Mariam Sawadogo. Satisfaite de son entretien avec l’inventeur de la case de conservation, Mme Sawadogo s’engage à s’inscrire aux sessions de formations qu’offre l’inventeur pour avoir des bases solides sur l’entrepreneuriat agricole. « J’offre des formations gratuites sur l’entrepreneuriat agricole. J’encadre les participants jusqu’à ce qu’ils aient une base solide avant de les laisser voler de leurs propres ailes », précise « Petit ».
A la nouvelle génération, Lassané Ouédraogo conseille l’entrepreneuriat comme une solution palliative au chômage. « Petit » exhorte aux étudiants d’associer les études aux activités génératrices de revenus pour ne pas se retrouver un jour à ne rien faire. « Je ne décourage pas ceux qui veulent faire de hautes études mais je leur conseille de mener une activité parallèle et de ne pas se contenter uniquement de faire l’école », suggère l’inventeur de la case de conservation.
Marie Sorgho