Au Burkina Faso, plus de 1400 personnes souffrent d’hémophilie. Ce samedi 17 avril 2021, date de célébration de la journée mondiale de l’hémophilie, nous avons recueilli quelques témoignages de personnes qui côtoient cette maladie au quotidien. Lisez-plutôt!
« Mon enfant a 12 ans mais il n’est pas encore circoncis», Aristide Zongo, Président de l’Association des Hémophiles du Burkina Faso (AHBF)
À la tête de l’Association des Hémophiles du Burkina, Aristide Zongo a un fils qui souffre de cette maladie. «Son quotidien n’est pas facile. Il jouit de ses facultés comme tout le monde mais il est différent. Même pour les jeux comme le football,il ne doit pas participer», explique Aristide Zongo. «Il lui suffit de jouer au ballon et pour un petit choc, il peut rester à la maison pendant une ou deux semaines voire même plus»,poursuit-il.
«Mon enfant a 12 ans mais il n’est pas encore circoncis»,révèle Aristide Zongo.Connaissant les risques de circoncision sur une personne hémophile, il est d’abord passé par des examens médicaux afin de préparer celle de son fils. «On m’a dit de surseoir à la circoncision parce qu’à ce moment là, nous n’avions pas les moyens nécessaires pour l’effectuer».
Aujourd’hui, la circoncision est possible. L’équipe qui suit le fils d’Aristide Zongo l’avait d’ailleurs programmé pour l’effectuer mais en raison de la courte période des congés scolaires,cela a du être reporté.
« À la moindre blessure,je saignais»,Abdoul Karim Ouédraogo, Hémophile et membre de l’AHBF
Âgé de 44 ans, Abdoul Karim Ouédraogo est hémophile. Diagnostiqué à l’âge de 10 ans, ce technicien en génie civil indique qu’il avait durant l’enfance et l’adolescente des blessures ainsi que d’autres maux liés à l’hémophilie. «A la moindre blessure,je saignais. À l’âge de 18 ans,j’ai senti que mes articulations étaient affectées», fait-il savoir.
A cause de son état de santé, les actions d’Abdoul Karim Ouédraogo sont limitées: «je prends des précautions pour ne pas blesser. Je suis donc dans une situation qui m’empêche de réaliser beaucoup de projets».
Parlant de traitement, Abdoul Karim Ouédraogo dit n’en avoir pas reçu. «Avant,il n’y avait pas de traitement. C’était un tâtonnement», déclare-t-il.
« Avant qu’on ne sache qu’il était hémophile, on a souffert dans la famille »Patricia Sawadogo, tante d’une personne hémophile
Patricia Sawadogo prend part à la journée mondiale de l’hémophilie pour mieux comprendre cette pathologie dont souffre son neveu de 12 ans. « Au quotidien ce n’est pas facile parce qu’il ne reste jamais tranquille. Tous les jours, il est malade », affirme Patricia Sawadogo en parlant de son neveu. «Avant qu’on ne sache qu’il était hémophile, on a souffert dans la famille. Mais jusqu’à présent ce n’est facile. On a beau lui expliquer ce qu’il a, il ne comprend pas. Il veut jouer comme les autres enfants», note Patricia Sawadogo.
Pour son neveu ainsi que pour toutes les personnes hémophiles, dame Sawadogo souhaite une prise en charge efficace, gratuite et rapide.
L’hémophilie: ce que c’est!
Définie comme étant un trouble qui se caractérise par une anomalie du processus de coagulation du sang, l’hémophilie est incurable. Cependant, un traitement peut aider le patient. Ce traitement repose sur la prise de médicaments qui améliorent la coagulation. Considérée comme une maladie de garçon, l’hémophilie se transmet à l’enfant par la mère. «La personne hérite d’un gène qui est défectueux et qui ne permet pas aux cellules de produire suffisamment ce facteur», explique le Dr Yacouba Nébié. Selon lui, les parents d’un enfant hémophile peuvent ne pas s’en rendre compte lorsque l’enfant ne marche pas d’abord. «Mais lorsqu’il apprend à marcher, au moindre choc,il peut avoir une articulation qui se gonfle à cause du saignement du tissu mou à l’interne même s’il n’y a pas de blessure extériorisé», mentionne-t-il.
Si l’on en croit les propos du médecin, l’exemple le plus parlant reste la circoncision. «Qu’elle soit médicale ou non médicale, quand il n’y avait pas les bons traitements, des enfants mourraient des suites de la circoncision à cause de l’hémorragie qui ne s’arrête pas», fait-il savoir.
Dans notre pays, l’on dénombre plus de 1400 hémophiles.
L’ association des hémophiles du Burkina Faso (AHBF)
Au Burkina Faso, même si l’hémophilie est encore méconnue, il existe une association qui s’occupe de venir en aide aux personnes atteintes de cette maladie. Il s’agit de l’Association des Hémophiles du Burkina Faso composée essentiellement de personnes atteintes d’hémophilie et de leurs familles. L’association compte 250 membres dont 113 patients. Elle entend réunir toutes les personnes hémophiles du Burkina afin de faciliter leur prise en charge.
Faridah DICKO