Gestionnaire comptable dans une société de la place, Madina Traoré/Birba est également productrice de fraises depuis 3 ans. Propriétaire de deux fraiseraies dont l’une à Ouagadougou et l’autre à Koudougou, elle a créé l’entreprise Fraises du Burkina qui commercialise ses produits bio au pays des hommes et à l’international.
C’est dans son village, qu’elle décide de faire ses premiers pas dans la culture de la fraise. Lorsqu’elle fait part de son intention de cultiver la fraise à Koudougou, certains de ses proches tentent de l’en dissuader en lui disant que ça ne poussera pas. Mais Madina a cru en son projet avec comme seul guide sa passion. « La production de la fraise est une passion pour moi donc quand j’ai eu l’occasion, je n’ai pas hésité à me lancer », indique-t-elle.
Elle se souvient encore des commentaires lorsqu’elle mettait ses premiers plans en terre. « Ça là, ça va donner quoi ? tu es sûre que ça va pousser », lui demandait-on. Sa détermination finit par payer un 19 janvier où elle récolte ses premières fraises. « J’ai donné à mes parents qui ont aussitôt apprécié », nous raconte-elle avec de l’émotion dans la voix.
Aujourd’hui, en plus de sa fraiseraie de Koudougou, elle en possède une à Ouagadougou. Située dans le quartier Boulmiougou de Ouagadougou, la fraiseraie se compose de plusieurs planches sur lesquelles sont étalées de la paille. « Au contact du sol, les fraises pourrissent. C’est pourquoi, nous mettons la paille entre les fruits et le sol », nous fait savoir l’entrepreneure agricole.
Chargée d’emballages en forme de boite, pieds nus, elle fait le tour de ses planches pour récolter les fruits de sa production. La récolte des fraises se fait tous les trois jours. Le kg de fraises est vendu à 3500f CFA sur le marché.
Après l’étape de la cueillette, la promotrice de Fraises de Burkina passe à la distribution. Pour l’aider dans cette tâche, elle peut compter sur son équipe composée de cinq personnes. « Nous faisons les livraisons à domicile ainsi que dans les bureaux. Il y’a des gens aussi qui viennent acheter directement ici », précise Madina Traoré. Elle a également un réseau de revendeurs au Burkina notamment à Ouagadougou et à Koudougou ainsi qu’à l’international. « Quand c’est une quantité élevée, nous conditionnons les fraises dans les emballages d’un kg que nous mettons ensuite dans les grands cartons pour envoyer par l’aéroport à destination du client », souligne-t-elle.
« Quand on investit dans la fraise, on obtient son retour sur investissement, la même année »
Si l’on en croit les propos de Madina Traoré, la production de la fraise est un business rentable : « On ne peut pas donner de chiffres exacts mais quand on investit dans la fraise, on obtient son retour sur investissement, la même année ». Selon elle, cela s’explique par le fait que la fraise est prisée au Burkina et à l’extérieur. La quantité demandée est même supérieure à l’offre disponible sur le marché. « Avec ma production, ajoutée à celle des autres, on n’arrive toujours pas à satisfaire la demande », indique Madina Traoré.
Pour remédier à la faiblesse de l’offre, Madina Traoré souhaite former des femmes aux techniques de production de la fraise. A travers cette formation, elle espère aider d’autres femmes à être autonomes en devenant elles aussi productrices de fraises. « Comme c’est un secteur rentable, je sais que si des sœurs s’intéressent au domaine, ça sera bénéfique pour elles. Je pense donc que c’est mieux de soutenir ces femmes-là d’abord », précise-t-elle.
Elle invite aussi ceux qui peuvent soutenir les personnes qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat agricole à le faire car dit-elle, la terre ne ment pas.
Rentable oui, mais difficile aussi
Bien que le secteur soit rentable, la productrice reconnait que la culture de la fraise n’est pas une chose aisée. L’accès au financement et le manque d’eau à certaines périodes de l’année constituent les principaux goulots d’étranglement pour les producteurs de fraises. « On n’a pas permanemment l’eau au champ. A partir de mars-avril, la quantité d’eau diminue. Du coup, la production de la fraise diminue également », fait –elle savoir.
L’autre difficulté selon la promotrice de Fraises du Burkina, c’est l’absence d’unanimité concernant le prix de vente fixé pour les revendeurs. « Quand il n’y a pas d’accord sur la fixation des prix, ceux qui viennent prendre en gros font la loi », déplore-t-elle. « Ils vous imposent leurs prix et vous n’avez pas d’autres choix que d’accepter puisque la fraise est un produit périssable », poursuit-elle. Mariée et mère de famille, Madina Traoré affirme qu’il est difficile d’associer sa vie personnelle à son travail mais heureusement, elle a le soutien de ses proches. « Tant que tu as des gens qui te comprennent et qui te soutiennent, tu peux réaliser tes projets », déclare-t-elle.
Pour le moment, Madina Traoré/Birba ne produit que des fraises mais elle compte étendre son activité à d’autres fruits et ouvrir dès qu’elle en aura les moyens, une confiserie.
Faridah DICKO