La ville de Kombissiri a abrité du 22 au 23 octobre 2020, un atelier de la CAPSSR-BF sur la clarification des valeurs et transformations d’attitudes face à l’interruption sécurisée de grossesse au Burkina Faso.
Organisée par la Communauté d’Action pour la Promotion de la Santé Sexuelle et Reproductive au Burkina Faso (CAPSSR-BF), cette rencontre vise l’obtention de traitements journalistiques sur les questions de DSSR sans jugement de valeur. C’est donc une quinzaine de journalistes qui ont été outillés sur les composantes des droits en santé sexuelle et reproductive(DSSR) ainsi que sur la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes sur le sujet.
« Cette formation répond à un besoin d’impliquer les acteurs de la communication à la promotion des DSSR afin d’accompagner la vulgarisation des informations auprès de la population », explique Joseph Ido, membre du conseil d‘administration de la CAPSSR.
Situation de la santé sexuelle et reproductive
Proposée par le Pr Jean Lankoandé mais présentée aux participants par Bélélé Joseph Ido, une communication a été faite sur la situation de la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso. Les composantes de la santé sexuelle et reproductive, les violences, la situation de la planification familiale sont entre autres les points abordés par le communicateur.
En matière de santé sexuelle et reproductive, le Burkina Faso a certes fait des progrès mais des études récentes soulignent que des efforts restent à fournir. Au niveau de la mortalité maternelle, une étude menée en 2010 par l’Enquête Démographique et de Santé (EDS), montre que toutes les 5 heures, une femme meurt suite à une complication liée à la grossesse ainsi que 8 nouveau-nés. La même enquête révèle aussi que sur 1000 naissances vivantes, 28 meurent avant 1 mois de vie, 65 avant leur premier anniversaire et 126 avant d’avoir 5ans.
Pour les femmes, les problèmes se situent à plusieurs niveaux. Il y’a d’abord les 4 types de grossesses à risques répertoriés dans les centres de santé. Il s’agit des grossesses trop précoces (avant 18 ans) ; trop tardives (après 40 ans) ; trop rapprochées (moins de 2 ans entre 2 grossesse) ou encore trop nombreuses (plus de 6 grossesses). Viennent ensuite les violences que les femmes subissent. Les violences sexuelles avec en tête le viol qui est assez fréquent au Burkina Faso même s’il n’y a qu’une infime partie qui est déclarée dans les formations sanitaires et devant les services juridiques. Les mutilations génitales féminines notamment l’excision sont aussi des violences faites aux femmes répandues dans notre pays.
Sur le plan de la planification familiale, l’on note que de nombreuses femmes hésitent encore à utiliser les méthodes contraceptives. Les pesanteurs socio-culturelles doublées des idées négatives véhiculées sur les méthodes contraceptives, la faible disponibilité des contraceptifs dans les formations sanitaires surtout en milieu rural et l’attitude de certains prestataires sont entre autres les raisons évoquées. Pourtant des études montrent que l’utilisation optimale de la planification familiale pourrait permettre d’éviter 32% des décès maternels. Selon Joseph Ido, « une synergie d’action ainsi qu’une implication plus soutenue est nécessaire pour un meilleur avenir des femmes, des enfants mais aussi des hommes ».
25% de la mortalité maternelle est imputable à l’avortement non sécurisé
A la suite de Joseph Ido, la coordonnatrice de la CAPSSR, Awa Yanogo, a présenté sur une communication sur la situation de l’avortement. De cette présentation, il ressort que l’avortement est la 3ème cause de mortalité maternelle au Burkina Faso. 25% de la mortalité maternelle est imputable à l’avortement non sécurisé. « C’est une proportion extrêmement élevée, particulièrement si on la compare au taux mondial de 13 % », indique Awa Yanogo.
En 2017, 40 988 cas d’avortements ont été répertoriées dans les centre de santé. En 2018, ces chiffres tournaient autour de 34 545 avortements. La région du centre est la plus touchée. « L’avortement est un véritable problème de santé publique. Il est responsable de décès maternel évitable », souligne la coordinatrice du CAPSSR.
Il faut noter que l’avortement au Burkina est autorisé sous certaines conditions et toutes les femmes sont susceptibles d’y avoir recours. L’avortement est autorisé pour préserver la santé de la femme à tout âge gestationnel ; pendant les 14 premières semaines pour les cas de viol et d’inceste ou s’il existe une malformation fœtale reconnue incurable au moment du diagnostic.
Une autre communication axée sur la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes face à la PF et à l’avortement a permis aux participants de comprendre que lorsqu’il s’agit d’eux-mêmes, le degré de tolérance change. C’est donc décidé à réexaminer leurs hypothèses ainsi que les mythes profondément ancrés concernant la planification familiale, les avortements à risque et les problèmes associés que les participants ont clos l’atelier.
En rappel, la Communauté d’Action pour la Promotion de la Santé Sexuelle et Reproductive au Burkina Faso (CAPSSR-BF) a pour vision la construction d’une société dans laquelle les femmes et les hommes jouissent équitablement de leurs droits en SSR.
F.D