Le Brésil n’autorise l’avortement qu’en cas de viol, danger pour la vie de la femme ou problèmes congénitaux graves du fœtus.
Le Brésil a posé vendredi de nouvelles exigences pour l’accès à l’avortement des victimes de viol, avec notamment l’obligation pour le personnel médical de proposer à la femme de voir l’embryon ou le fœtus par échographie. La femme désirant avorter devra également « raconter en détail » ce qui s’est passé, et sera avertie qu’elle risque des poursuites judiciaires si elle ne peut pas prouver ses dires.
Enfin le viol sera obligatoirement signalé à la police avec dépôt de plainte, que la femme le veuille ou non.
10 ans, violée, et harcelée par la droite religieuse
Le Brésil, dirigé par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, et où les églises catholique et évangéliques conservatrices sont particulièrement puissantes, n’autorise l’avortement qu’en cas de viol, danger pour la vie de la femme ou problèmes congénitaux graves du fœtus. Même ces exceptions sont mal acceptées par la droite religieuse.
Ces nouvelles normes ont été émises par le ministère de la Santé à la suite de protestations début août autour du cas d’une fillette de 10 ans affirmant avoir été violée par son oncle, et à qui les autorités de son Etat natal, Espirito Santo, ont refusé l’avortement.
Elle a finalement pris l’avion pour la ville du nord-est Recife, où elle a pu avorter, non sans avoir dû traverser devant l’hôpital une violente manifestation d’extrême-droite. L’identité de la fillette et celle de l’hôpital avaient été transmises aux manifestants par la militante d’extrême droite Sara Winter, partisane farouche de Bolsonaro qui est liée à la ministre de la Femme Damares Alves, une pasteure évangélique.
Les droits humains à la rescousse
Les nouvelles restrictions ont immédiatement été dénoncées par les partisans du droit à l’avortement. « Je viens de présenter un projet de loi pour bloquer ce décret, qui est un obstacle pour l’avortement légal et représente une violence psychologique contre les femmes », a notamment twitté la députée de gauche Jandira Feghali.
Seize députés ont également écrit à la responsable des droits humains à l’ONU, Michelle Bachelet, lui demandant d’intervenir au nom de la protection des droits de la femme.