Quatre jeunes Iraniennes ont décidé de raconter le viol vécu par l’une d’entre elles sur Instagram. Depuis lors, de nombreuses autres femmes témoignent, parfois même sous leur propre nom.
La Toile iranienne est en train de connaître son propre mouvement metoo (« moi aussi »), et celui-ci a d’ores et déjà eu un effet : mardi 25 août, l’auteur présumé d’un viol, désigné par ses initiales (K.A.), a été arrêté par la police.
Le mouvement a commencé à la mi-août, lors d’une réunion amicale entre quatre jeunes Iraniennes. Après des longues années de silence, l’une d’elles décide enfin de raconter un épisode traumatisant survenu en 2017 à Téhéran, lorsqu’elle s’est rendue dans l’appartement de cet homme, K.A., ami de ses amis.
Après avoir bu un peu de vin, elle s’est réveillée le lendemain, toute nue dans le lit de l’homme, sans avoir aucun souvenir de ce qui s’était passé. L’homme confirme avoir eu des rapports sexuels avec elle, bien qu’au début de la soirée la jeune fille lui avait clairement précisé qu’elle n’en avait aucunement envie. Ancien étudiant en archéologie à l’université de Téhéran, l’homme se moque de la « faible » capacité de la jeune femme à gérer l’alcool et fait des blagues sur le fait qu’il l’aurait peut-être même droguée.
Les amies de la jeune femme n’ont aucun doute : l’homme a mis de la drogue dans la boisson. « Nous nous sommes tout de suite senties solidaires et avons décidé de faire quelque chose, explique Noushin (un pseudonyme), amie de l’agressée. J’ai donc rédigé un texte, racontant ce qui s’était passé, sans nommer notre amie et en mentionnant juste les initiales de l’agresseur. Toutes les quatre, nous avons posté le texte sur nos comptes Instagram. »
Au départ, elles voulaient que leurs amis comprennent que cet homme, ancien propriétaire d’une librairie à Téhéran et habitué des soirées de la jeunesse intellectuelle et artistique de la capitale, est un « sale misogyne » et « aucunement digne de respect », explique Noushin. Leur acte a fait boule de neige. « Nos posts ont été repris partout, relate la jeune fille. Très rapidement, nous avons reçu de nombreux témoignages semblables.
On a fini par comprendre que le violeur de notre amie avait fait exactement la même chose à beaucoup d’autres filles, et ça depuis 2010 au moins. » D’emblée, le récit de la jeune femme est repris ailleurs sur Internet, et notamment sur Twitter, cette fois-ci avec le nom complet de l’agresseur. Depuis, une vingtaine de témoignages ont été postés contre lui.
Source:lemonde.fr