Inconnue en politique, cette patronne de la tech discrète et autodidacte se définissait en 2019 comme une « femme, noire, élevée dans une cité » aimant « le challenge ».C’est une inconnue du grand public. Et une inconnue en politique.
Élisabeth Moreno est depuis lundi soir la nouvelle ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes-hommes, la Diversité et l’Égalité des chances. Elle remplace Marlène Schiappa à ce poste. Cette patronne de la tech discrète et autodidacte, sans étiquette partisane, est depuis janvier 2019 la présidente d’HP Afrique après avoir dirigé le groupe Lenovo en France.
Élisabeth Moreno, 49 ans, est originaire du Cap-Vert, petit archipel d’îles volcaniques au nord-ouest de l’Afrique où elle est née le 20 septembre 1970. Sept ans plus tard, ses parents s’installent en France avec leurs six enfants dans une cité de l’Essonne, à Athis-Mons. Aînée de la fratrie, elle a raconté plusieurs fois dans les médias avoir pris « la responsabilité » de la famille et trouvé dans l’école un « refuge ».
Titulaire d’un bac littéraire, elle obtient une maîtrise en droit des affaires et débute comme juriste dans un cabinet à Paris. Elle ne poursuit pas longtemps dans cette voie et crée avec son mari – dont elle est aujourd’hui divorcée – une PME dans le bâtiment. En 1998, elle intègre le groupe France Télécom en charge du département des PME, avant d’être débauchée quatre ans plus tard par le géant informatique américain Dell. Elle y restera dix ans.
Son « goût du challenge » et des responsabilités la porte ensuite chez Lenovo, l’un des leaders de l’électronique. Trois ans plus tard, elle en devient la patronne Europe Moyen-Orient et Afrique, avant d’être nommée en 2017 PDG de Lenovo France.
« Si on m’avait dit un jour, de mon petit Cap-Vert natal, que j’aurais la situation professionnelle que j’ai aujourd’hui et que j’aurais la chance d’inspirer les autres… Je n’y aurais pas cru », disait-elle en 2018 au journal La Tribune.
Au Figaro, en 2019, cette mère de deux enfants précise : « Je cochais toutes les cases de l’impossibilité : des parents qui ne savent ni lire ni écrire, une femme, noire, élevée dans une cité et évoluant dans le bâtiment puis les techs ».
Mère de deux filles, Élisabeth Moreno est membre du cercle InterElles, un réseau d’entreprises engagées pour la mixité et l’égalité professionnelle dans les secteurs scientifiques et technologiques, où les femmes sont encore rares.
Cette femme dont les modèles sont Simone Veil et Nelson Mandela intervient également dans les écoles des quartiers prioritaires. « Élisabeth est un modèle pour beaucoup de femmes : elle est partie de rien, a beaucoup travaillé pour arriver là où elle est, n’a jamais été aidée et n’avait aucun réseau. Elle s’est faite seule », rapportait l’an passé sa soeur Isabel au Figaro.
D’autres personnes interrogées par Le Figaro sont également élogieuses. « Si elle ne fait pas d’erreurs, elle peut devenir la femme la plus importante du monde dans le business », assurait en 2019 Steve Moradel, co-fondateur de la start-up Bemersive. « C’est une patronne exceptionnelle, rigoureuse, dévouée et avec un sens inouï de l’écoute de ses collaborateurs », déclarait pour sa part Olivier Robinne, son mentor chez Dell.
Comme le rapporte le HuffPost, dans un entretien à l’école de commerce Groupe Ionis donné en 2018, la ministre déléguée disait ne « surtout pas vouloir que les hommes se sentent gênés » sur les questions de mixité et de diversité « car ils auraient le sentiment qu’il n’y en a que pour les femmes ».
« Les blagues à la machine à café sont très importantes, car il ne faut pas qu’on se sente verrouillé et qu’on ne puisse plus s’exprimer. Je ne veux pas d’un climat de défiance où le sexisme met tout le monde mal à l’aise et où chacun mesure constamment chaque mot qu’il utilise ».
Source: lexpress.fr; afriquefemme