Le 1ER juin 2020, est désormais une date clé à retenir dans la longue marche des femmes vers l’égalité au Burkina Faso. En effet pour compter de cette date, les soins en planning familial sont gratuits sur l’ensemble du pays. Même si l’évènement n’a pas beaucoup été médiatisé, il n’en demeure pas moins un fait historique, une grande avancée pour des millions de femmes et de filles au Burkina Faso.
Cette décision gouvernementale, attendue depuis quelques années par les acteurs qui militent pour les droits de la femme permettra à toutes celles qui le souhaitent, d’avoir accès aux contraceptifs et aux consultations médicales gratuitement. Le Burkina Faso enregistre l’un des plus faibles taux d’utilisation de la contraception soit 19 % en 2014. Selon une étude d’Amnesty International publié en 2016, sur l’accès à la contraception et les mariages précoces et forcés au Burkina Faso, le facteur coût, est l’un des obstacles majeurs à l’accès aux soins et services de santé sexuelle et reproductive des femmes, en particulier celles des zones rurales.
Cette même étude précise que pour la contraception, le choix des femmes n’est pas déterminé par ce qu’elles préfèrent. Elles opteraient plutôt pour le moyen de contraception le plus économique ou celui disponible au centre de santé le plus proche ou encore pour celui qu’elles peuvent utiliser le plus discrètement sans éveiller de soupçon. Faute de ressources financières suffisantes, elles ont recours à la contraception de manière sporadique, ce qui augmente la probabilité de grossesses non désirées, voire à haut risque.
Or combien sont-elles à être obligées de demander de l’argent à leur partenaire pour acheter des produits contraceptifs, car n’ayant pas de ressources financières propres ? Malheureusement, plusieurs ont en face d’elles, des partenaires égoïstes et bornés dont le seul souci est la satisfaction de leur égo. Le simple fait d’aborder la question de la contraception avec leur époux ou compagnons valent à certaines, des violences verbales ou physiques. Aujourd’hui donc, ne pas dépendre de l’appui financier de l’homme pour avoir accès à la contraception, sonne comme une ère de libération pour ces femmes.
Mais attention ce n’est pas encore gagné car la décision du gouvernement n’est qu’une première étape. Il reste à pêcher la bonne nouvelle partout sur le territoire. Sans une campagne d’information et de sensibilisation, beaucoup de femme risques de passer à côté de cette opportunité, notamment celles vivant en zone rurale, ou non scolarisées. Les enquêtes ont montré que le manque d’information et l’absence d’éducation sexuelle complète engendraient des idées reçues, une désinformation et des rumeurs qui limitent l’utilisation de la contraception. Si chaque femme de la ville se faisait le relai auprès de deux ou trois autres femmes de milieu rural, la victoire est assurée
Par ailleurs, le gouvernement doit aller au bout de ces efforts non seulement en rendant disponibles les moyens de contraception mais aussi en rapprochant le plus possible les lieux où sont fournis les informations, les services et les produits de santé sexuelle et reproductive. D’où la nécessité, pour les organisations féminines et autres acteurs de défenses des droits de la femme de maintenir la pression. Car, avoir un enfant quand on le souhaite et avec qui on le souhaite, c’est un préalable à l’égalité homme et femme. L’autonomisation véritable de la femme commence par la maîtrise et la bonne gestion de la maternité.
F.SO