« Médias, élections et insécurité : faire du journalisme sans crainte, ni complaisance ! », c’est le thème retenu cette année par le centre national de presse Norbert Zongo pour la journée mondiale de la liberté de la presse. Au regard de la pandémie du coronavirus, la 27 ème édition de cette célébration est virtuelle. Découvrez dans les lignes qui suivent,la déclaration du 03 mai 2020.
La journée mondiale de la liberté de la presse, 27e du genre, se tient dans un contexte marqué par la Covid-19. Partie de la Chine, cette pandémie a ébranlé en quelques mois, le monde entier et éclipsé toute autre actualité.
L’une des solutions préconisées face à cette pandémie, à savoir le confinement impacte négativement tous les secteurs et met à rude épreuve l’économie mondiale.
Les images de journalistes confinés à travers le monde intervenant en direct sur des chaînes de télévision, montrent à souhait jusqu’où la presse a dû se réinventer dans ces moments troubles.
Mesdames, messieurs
L’Afrique est encore loin des sommets atteints par la maladie sur certains continents, toutefois, cela ne dispense pas la presse d’une vigilance accrue.
L’Afrique, du fait de sa plus grande fragilité économique est particulièrement exposée dans ces périodes.
La pandémie du covid-19 fait certes l’actualité, mais elle n’est pas la seule préoccupation. En plus du terrorisme, plusieurs pays du continent doivent organiser des élections à différentes échelles.
En effet, les élections ont toujours été des facteurs d’accroissement des conditions de fragilités sur le continent, surtout pour la liberté de presse. Si l’on y ajoute le terrorisme, nous devons donc nous préparer à faire face à des moments difficiles.
Mesdames, messieurs
Le Burkina Faso doit tenir en novembre prochain des élections présidentielles et législatives couplées. Partant donc de ce contexte national et de ses enjeux, le Centre national de presse Norbert Zongo a choisi de placer cette journée sur le thème : « Médias, élections et insécurité : faire du journalisme sans crainte, ni complaisance ! ». Ce thème est certes toujours d’actualité, mais la Covid-19 s’est imposée davantage dans nos agendas.
En effet, autant le traitement de l’information électorale et la couverture du terrorisme exigent à la fois une garantie de l’indépendance et une grande rigueur des professionnelles des médias, autant la Covid19 avec les restrictions qu’elle impose nécessite des mécanismes de protection des journalistes. Justement, la Fédération internationale des Journalistes (FIJ) dans un document prodiguant des conseils aux professionnels des médias réaffirme, la primauté du rôle des médias dans un contexte de panique généralisée. Pour la FIJ, « alors que la crise du coronavirus confine plus d’un tiers de la population mondiale avec des conséquences sanitaires, sociales et économiques sans précédent, les journalistes sont plus que jamais essentiels dans la publication d’une information de qualité. Et ceci en toute sécurité. »
Son impact est tel que le Centre national de presse Norbert Zongo a dû réduire au maximum les activités commémoratives de cette journée si importante dans l’agenda des médias burkinabè.
C’est le lieu d’interpeller les journalistes et les gouvernants sur les efforts à consentir pour sauvegarder les acquis en matière de liberté de presse. L’interpellation est d’autant nécessaire que le pays a perdu deux places dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontière en 2020. En effet, le Burkina Faso passe de la 36e place en 2019 à la 38e en 2020. Au plan africain, le Burkina Faso est 4e, demeurant ainsi dans le peloton de tête des pays les mieux classés sur le continent.
Ce recul s’explique en partie par les modifications opérées en 2019 dans le code pénal et qui restreignent sévèrement les marges de manœuvres des journalistes dans la collecte, le traitement et la diffusion des informations liées au terrorisme. En son temps, une coalition d’organisations professionnelles de médias dont le CNP-NZ, de syndicats et d’organisations de défense des droits humains avait vainement attiré l’attention des gouvernants, sur les graves reculs que pourraient engendrer une telle réforme sur la liberté de presse. Nous espérions avoir tort, mais hélas, la réalité est là.
A côté du Code pénal, l’on déplore toujours l’absence de décrets d’application de la loi portant accès à l’information et aux documents administratifs 5 ans après son adoption.
Enfin, l’environnement économique demeure précaire, rendant peu viable la grande majorité des entreprises de presse qui peinent à assurer des conditions de vie et de travail décentes aux professionnels des médias.
Mesdames, messieurs
En cette année 2020, les enjeux sont donc nombreux pour les journalistes, et sûrement, les risques aussi. Ils seront à coup sûr au cœur de toutes les pressions. Malgré tout, ils doivent poursuivre leur travail sans complaisance ni parti pris pour telle ou telle chapelle politique.
Nous voudrions ici saluer le courage de tous ces journalistes burkinabè qui s’investissent avec courage d’une part pour faire triompher la vérité à tous les coups en dépit des intimidations, des agressions, des calomnies et autres tentatives de corruption et d’autre part pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Nous demandons aux autorités de surseoir aux affectations massives dans les médias publics afin de trouver une solution concertée aux problèmes administratifs des agents.
Nous fondons l’espoir qu’elles tireront les conséquences du recul de notre pays dans le classement mondial et prendront les dispositions dans le sens de l’amélioration de l’environnement institutionnel, économique et social des médias au Burkina Faso.
Vive la journée mondiale de la liberté de la presse !
Vive la liberté de presse !
Pour le Centre National de Presse Norbert Zongo
Le comité de pilotage !