Le 19 septembre dernier, les députés sierra-léonais ont revu la législation existante contre les auteurs de viol. Une fois adopté par le président Bio, le texte permettra d’infliger des peines allant de 15 ans à la perpétuité.
En 2018, 8 500 cas de violences sexuelles ont été recensés par la police sierra-léonaise, soit le double de l’année précédente, pour une population d’environ 7,5 millions d’habitants. Selon l’ONG spécialisée Rainbo Initiative, 75% des victimes de viol en Sierra Leone sont des mineures de moins de 15 ans. Utilisé pendant des années comme arme au cours de la guerre civile (1991-2002), une véritable culture du viol s’est installée dans le pays selon les militants qui dénoncent une quasi impunité des criminels.
C’est pour tenter de mettre fin à ce phénomène que les députés sierra-léonais ont adopté le 19 septembre dernier un texte durcissant la législation existante et infligeant aux auteurs de viol des condamnations allant de 15 ans à la prison à vie dans les cas les plus graves, comme les agressions sexuelles commises à l’encontre de nourrissons. Jusqu’à aujourd’hui, ces crimes n’étaient passibles que de 5 à 15 ans d’emprisonnement.
Le président Julius Maada Bio espère bien que ce durcissement de la loi mette un terme définitif à la culture du viol sierra-léonaise. En février, le chef d’État avait d’ailleurs décrété une « urgence nationale » face à l’augmentation du nombre de cas de violences sexuelles. Si cette mesure a été révoquée par les députés en juin, tous sont cependant tombés d’accord sur la nécessité de durcir la loi alors en vigueur.
Rainbo Initiative, qui se félicite de cette décision, pointe cependant du doigt la pression sociale qui pousse les jeunes femmes à se terrer dans le silence, l’absence de moyens scientifiques pour établir les preuves, et le coût des procédures pour les plaignants qui les contraignent à ne pas engager d’action en justice.
De plus, selon l’ONG, dans cette société dominée par les hommes, où des violences « systémiques » sont infligées aux femmes et aux filles, des dizaines d’entre elles tomberaient enceintes chaque mois à la suite d’un viol, certaines contractant par la même occasion le virus du sida.