A l’occasion de la commémoration du 59eme anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso , le président du Faso Roch Marc Kaboré s’est adressé à la nation ce 10 décembre 2019 .Au regard du contexte sécuritaire très difficile pour le pays, il a une fois de plus insisté sur la nécessité d’observer une trêve sociale. Voici l’intégralité de son message.
Peuple du Burkina Faso
Chers compatriotes
Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur
Amis et partenaires du Burkina Faso
La commémoration du 59ème anniversaire de l’accession de notre pays à
la souveraineté nationale et internationale revêt une importance
particulière en cette année du centenaire de la création de la
Haute-Volta, actuel Burkina Faso.
L’occasion me parait opportune à saisir pour revisiter les temps forts
de notre histoire collective depuis les luttes héroïques des communautés
voltaïques dans la résistance contre la colonisation à nos jours. Ce
devoir de mémoire, à travers un survol historique nécessaire, nous
permet d’en tirer toutes les leçons en vue de consolider le socle de
notre vivre-ensemble et de notre avenir commun.
C’est pourquoi, cette commémoration participe à l’œuvre de
construction de notre mémoire collective. C’est à mes yeux, un temps de
méditation sur le parcours glorieux de notre peuple dont la bravoure et
la solidarité dans l’épreuve doivent constituer le repère pour notre
communauté de destin.
Depuis la nuit des temps, les Burkinabè ont toujours su cultiver des
valeurs de tolérance, de justice, de droiture morale, de travail et de
cohésion sociale.
En outre, ils ont su rejeter l’exploitation, la domination et l’oppression, d’où qu’elles viennent, comme en témoignent les grandes révoltes contre l’oppression coloniale avant même la création de la colonie de Haute-Volta, pour l’affirmation de la dignité humaine.
Aussi, de la création de la colonie de Haute-Volta le 1er mars 1919, sa dislocation en 1932, sa reconstitution en 1947, l’indépendance du pays en 1960, à son changement d’appellation en 1984 jusqu’à nos jours, les Voltaïques, puis les Burkinabè ont-ils su forger progressivement, dans la douleur, la sueur et le sang, les fondements d’une communauté de destin, d’une Nation digne, fière et respectée, plurielle et unie.
Peuple du Burkina Faso
Chers compatriotes
Le 59ème anniversaire de notre indépendance a été placé à juste titre sous le thème : « Cent ans de la création du Burkina Faso : devoir de mémoire et engagement patriotique en vue de la consolidation de l’État-nation ».
L’État burkinabè, dont le Faso est la forme républicaine, est une réalité vivante et agissante dans le concert des nations.
Autant l’État doit son existence à son territoire, aux hommes qui en relèvent et aux institutions de leur gouvernance, autant la Nation burkinabè renvoie, quant à elle, à ce lien sentimental, à cette volonté de vivre ensemble et d’être liés par une communauté de destin.
Actuellement, les soldats des vaillantes unités de nos Forces de Défense et de Sécurité assurent, au péril de leurs vies, l’intégrité territoriale de l’État, et veillent à la protection de nos concitoyens, contre les attaques terroristes et l’extrémisme violent qui nous sont imposés.
Je ne doute pas de notre victoire sur les forces du mal car, aujourd’hui comme hier, la culture de la défaite ne fait pas partie des valeurs sociétales de notre peuple.
Chers compatriotes
Pour consolider l’État-nation, il nous faut relever deux défis.
Le premier, c’est de restaurer l’autorité de L’État central, garant de l’unité et de l’indivisibilité de la Nation, tout en menant à bien le processus de décentralisation, afin de garantir l’épanouissement des communautés vivant dans nos collectivités. Pour ce faire, tous les Burkinabè doivent s’assumer et assumer leurs responsabilités individuelles et collectives de citoyens exemplaires, et la justice doit jouer sa partition avec efficacité, pour garantir l’égalité de tous les Burkinabè devant la loi.
Le second, celui de bannir à jamais la stigmatisation de l’autre.
Nous devons combattre avec la dernière énergie toute forme de repli
identitaire et de discrimination, fondée sur le genre, l’ethnie, la
religion ou la région.
Ces dérives dommageables à la cohésion sociale sont de nature à compromettre notre quête permanente d’unité nationale.
Nous devons, sans désemparer, poursuivre la construction du dialogue
social, du dialogue interreligieux, intergénérationnel, ainsi que le
dialogue des cultures, indispensables à la pérennisation d’une culture
de la paix.
Devant la recrudescence des attaques des groupes armés terroristes qui
tentent de mettre à mal notre vivre-ensemble, j’invite les communautés
burkinabè à ne rien céder aux forces du mal qui font tout pour détruire
notre Nation.
Chers Compatriotes
Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur
Amis et partenaires du Burkina Faso
Au regard de l’importance des défis à relever au plan sécuritaire, je
renouvelle mon appel à une trêve sociale et à une union sacrée de tous
les fils et filles autour des Forces de Défense et de Sécurité pour
vaincre le terrorisme et poursuivre les actions de développement
économique et social du Burkina Faso.
Comme l’ont montré les conclusions du dialogue politique que j’ai initié
du 15 au 22 juillet 2019, nous devons avoir pour objectif essentiel de
contribuer au renforcement de la paix, et de favoriser la réconciliation
nationale ainsi que la tenue d’élections démocratiques transparentes et
apaisées en 2020.
J’exhorte donc tous les Burkinabè, à agir dans le sens de la
promotion d’un Burkina uni et indivisible en vue de la consolidation de
l’Etat-Nation.
J’invite les organisations de la société civile et les travailleurs,
l’ensemble des partis politiques, les responsables coutumiers, religieux
et administratifs, à contribuer davantage à la construction d’une
citoyenneté responsable et d’une conscience patriotique.
J’insiste, tout particulièrement, sur le respect dû aux autorités religieuses, traditionnelles et aux anciens.
En cette année du centenaire de la création de notre pays, et pour
permettre aux générations présentes et à venir de mieux connaitre tous
les pans de notre histoire commune, j’ai décidé de commettre un groupe
de travail pour l’écriture de l’histoire générale de la Haute-Volta au
Burkina Faso.
Il aura également pour mission de me faire des propositions
consensuelles pour l’édification d’un Panthéon de tous les bâtisseurs de
notre Nation, afin que la dignité de leur vie soit immortalisée pour la
postériorité.
Chers compatriotes
Pour marquer cette journée historique, la ville de Tenkodogo,
chef-lieu de la région du Centre-Est, est le point de convergence de
l’ensemble des Burkinabè.
Je salue la détermination des forces vives des provinces du Boulgou, du
Koulpelgo et du Kouritenga qui, dans un contexte sécuritaire difficile,
œuvrent au quotidien, avec assurance et confiance, à la transformation
qualitative du Burkina Faso.
Peuple du Burkina Faso
Chers compatriotes
Pour bâtir ensemble un Burkina Faso prospère, nous devons nous
départir de nos intérêts égoïstes et nous engager dans la réalisation
des aspirations du peuple burkinabè.
La détermination du peuple burkinabè à défendre sa liberté et son
territoire est connue de tous et notre histoire, celle que nous
revisitons aujourd’hui, nous l’enseigne.
L’indépendance et la liberté n’ont pas de prix.
La détermination de nos Forces de Défense et de Sécurité à défendre la
Nation jusqu’au sacrifice suprême, nous interpelle tous collectivement
et individuellement.
C’est le lieu pour moi, appréciant au plus haut point la résilience de
nos populations et l’héroïsme de nos Forces de Défense et de Sécurité
face aux terroristes qui tentent de semer le chaos dans notre pays, de
rendre un hommage mérité aux Forces de Défense et de Sécurité et à
toutes les victimes civiles du terrorisme.
Au nom de la Nation entière, j’exprime ma solidarité avec les
familles des victimes et j’adresse tous mes vœux de prompt
rétablissement aux blessés.
Les efforts se poursuivent au plan bilatéral et multilatéral, notamment
au sein du G5 Sahel dont j’assure actuellement la présidence, pour
améliorer l’efficacité de la réponse à apporter aux actions des groupes
armés terroristes au Sahel et pour le développement de nos pays.
En ce jour anniversaire de notre indépendance chèrement acquise, j’ai
une pensée pour nos frères Burkinabè qui, du fait du terrorisme, sont
aujourd’hui loin de leurs terres d’habitation.
Je voudrais rassurer tous les déplacés internes de l’engagement
déterminé du Gouvernement à créer les conditions de leur retour dans
leurs localités respectives, dans la sécurité et la dignité.
De même, je tiens à saluer les Burkinabè de la diaspora, pour leur contribution au développement national, et leurs soutiens divers aux Forces de Défense et de Sécurité et aux déplacés. Le Gouvernement poursuivra les efforts pour leur pleine implication dans le développement économique et social du pays.
C’est dans un contexte particulièrement difficile que le Peuple burkinabè se bat et que le Gouvernement s’efforce de tenir ses engagements et de poursuivre la mise en œuvre du Plan National du Développement Économique et Social.
Je tiens à féliciter toutes les initiatives en cours dans tous les chantiers de développement à travers le pays, destinés à améliorer les conditions de vie de nos populations, et à renforcer les infrastructures structurantes du pays.
Chers compatriotes
La Nation de démocratie, de paix et de prospérité que nous-nous
attelons à édifier au quotidien, commande la contribution de tous, sans
exception.
Fort de cette interpellation individuelle et collective, je souhaite une bonne fête de l’indépendance à toutes et à tous.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso !
Je vous remercie