La plus haute juridiction gambienne a accepté d’examiner une plainte visant à dépénaliser les mutilations génitales féminines. Une décision qui suscite une vive inquiétude chez les ONG et militantes des droits humains.
Le 15 avril 2025, la Cour suprême de Gambie a jugé recevable une plainte remettant en question l’interdiction de l’excision, en vigueur depuis 2015. Déposée par le député Almameh Gibba, cette requête vise à décriminaliser une pratique ancestrale mais controversée, au nom du respect des droits culturels et religieux.
Selon l’Unicef, 73 % des femmes gambiennes âgées de 15 à 49 ans ont subi une mutilation génitale féminine, souvent avant l’âge de 5 ans. Bien que la législation actuelle interdise formellement cette pratique, elle demeure largement répandue dans ce pays à majorité musulmane, où traditions et normes sociales continuent de peser, lourd.
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En 2024, le député Gibba avait déjà tenté de faire adopter une loi visant à abroger l’interdiction, suscitant une levée de boucliers de la part des organisations féministes, des survivantes de l’excision et de la communauté internationale. Sa proposition avait été rejetée, mais la réouverture du dossier devant la Cour suprême relance le débat national.
Les défenseurs des droits humains rappellent que l’excision n’a aucun fondement religieux et constitue une atteinte grave à l’intégrité physique et psychologique des femmes et des filles. Les Nations unies et plusieurs ONG internationales insistent sur les conséquences médicales et psychologiques durables de cette pratique, à savoir les douleurs chroniques, les infections, les complications lors de l’accouchement, sans compter les traumatismes psychologiques.
La Cour suprême n’a pas encore rendu sa décision, mais son jugement pourrait avoir des conséquences profondes sur les droits des femmes en Gambie. Pour de nombreuses militantes, maintenir l’interdiction de l’excision est crucial pour garantir la protection des jeunes filles contre les Violences basées sur le Genre (VBG).
Seyni Yameogo